Une catastrophe climatique peut-elle encore être évitée au niveau planétaire ?

Sauvons Le Climat

Une catastrophe climatique peut-elle encore être évitée au niveau planétaire ?

 

 

Une tribune signée par l’association Sauvons le Climat, qui défend un scénario de sortie des combustibles fossiles dans une optique « positive, scientifique, cartésienne », sous la plume de Jean Poitou, physicien climatologue, ayant fait toute sa carrière au CEA, président du conseil scientifique de l’association.

Compte tenu des quantités de gaz à effet de serre et du rythme actuel de leurs émissions, court-on vers une catastrophe climatique au niveau planétaire ? Pour répondre à cette question, il faut d’abord s’entendre sur le sens qu’on donne au terme « catastrophe climatique ». Le climat de la Terre a connu dans l’histoire géologique du globe des situations bien plus éloignées du climat actuel que ce vers quoi nous nous dirigeons. Le climat a aussi connu des crises violentes abruptes comme celle qui a été crée par l’impact de l’énorme astéroïde à Chixculub il y a 66 millions d’années, qui a entraîné une extinction massive et marqué la fin des dinosaures.

Si on désigne par catastrophe le fait que le réchauffement entraine des évolutions de notre environnement irréversibles à l’échelle de plusieurs siècles, alors oui, il y aura de telles catastrophes. La montée du niveau de la mer en est un exemple frappant. La déstabilisation bien réelle des glaces polaires y apporte une contribution croissante. Le risque d’occurrence de tels phénomènes irréversibles croit fortement avec l’ampleur du réchauffement. Les climatologues s’accordent pour dire qu’il est encore possible aujourd’hui de limiter le réchauffement atmosphérique à 1,5°C au-dessus des températures du 18ème siècle (avant l’industrialisation) même si on ne parvient pas à éviter un dépassement temporaire de cette valeur.

Pour y parvenir, il faut réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre : le CO2 bien sûr ; mais aussi le méthane, dont l’effet réchauffant à court terme est très supérieur à celui du CO2 ; réduire aussi les émissions d’oxyde nitreux et de certains gaz industriels. Pour limiter le réchauffement à 1,5°C, il faudra atteindre la neutralité carbone en 2050, c’est-à-dire que les émissions nettes soient nulles à partir de cette date. Emissions nettes nulles, cela veut dire que tout ce qui sera encore émis sera absorbé par ce que l’homme aura mis en place pour effectuer cette absorption (neutralité carbone). La façon réaliste d’y parvenir est de planter ou replanter dès maintenant des forêts en quantité au moins suffisante pour que ce surcroit de forêts absorbe nos émissions résiduelles. Compte tenu de ce que la végétation absorbe actuellement et continuera d’absorber, annuler les émissions nettes a pour effet de faire baisser la concentration atmosphérique du CO2.

L’évolution du climat a d’ores et déjà des conséquences pour l’environnement et pour l’homme sur l’ensemble du globe, avec des décès. La question est de savoir dans quelle mesure les conséquences actuelles et à venir peuvent être qualifiées de catastrophiques : quelle est la résilience des sociétés face à ces évènements ? Une situation n’est catastrophique que si nous ne sommes pas capables d’y faire face.

On voit bien ici que plus que technique, le problème est sociétal et politique : quels efforts l’homme est-il disposé à entreprendre à l’échelle mondiale pour contenir le réchauffement ? Quelle sera la gouvernance de l’action ? Et quelle sera la vigueur de l’action à toutes les échelles, globale, régionale et locale, pour limiter les impacts du réchauffement et leur gravité pour éviter qu’ils ne soient catastrophiques ?

Retrouvez aussi les trois premiers volets de notre série de tribunes de Sauvons le Climat :

 

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