Regards sur la politique allemande de l'énergie dans son contexte européen

Pierre Audigier

Une étude de Pierre Audigier

Présentation

Les allemands poursuivent une politique, amorcée au début des années 2000, de promotion des ENRs et de désengagement du nucléaire; ils font figure de pionniers, tout particulièrement pour le déploiement d’énergies renouvelables intermittentes, telles l’éolien et le solaire. C’est l’Energiewende.
Un regard sur la politique allemande est d’autant plus d’actualité que le développement des EnRs est l’un des objectifs de la LTE : le pourcentage de renouvelables intermittentes dans le mix électrique français devrait passer de 4,8 % à environ 15 % en 2025, soit le pourcentage atteint par l’Allemagne d’aujourd’hui.

Dans cet article, nous privilégierons l’électricité et les conséquences de l’insertion des EnRs dans le réseau électrique. Après un rapide historique de la politique allemande, nous ferons un détour par la politique de l’Union européenne avant de rappeler la problématique de l’insertion des EnRs dans les réseaux. Ce qui permet ensuite de revenir à l’Energiewende. On notera ici que la problématique allemande n’a pratiquement pas été évoquée lors des débats préparatoires à la LTE.

Quelques points de repère :

·        Un taux de croissance des EnRs, notamment intermittentes, conforme à l’objectif de l’Energiewende (80% d’EnRs dans le mix électrique en 2050),

·        Des emplois créés mais d’une ampleur nette qui reste difficile à évaluer. Le chiffre de 400.000 est souvent cité mais ne tient pas compte des suppressions d’emplois,

·        Mais avec des effets pervers. Le premier de ceux-ci tient à l’effondrement du prix de gros qui cesse de servir de « signal » aux investisseurs,

·        Des prix pour les petits et moyens consommateurs de l’ordre du double des prix français,

·        La destruction de valeur chez les producteurs historiques,

·        Des incertitudes sur l’efficacité d’une politique de réduction des émissions de CO2. « On ne saurait sortir à la fois du nucléaire et du charbon », nous dit Sigmar Gabriel, Vice chancelier en charge de l’énergie.

·        Un soutien aux renouvelables qui devrait continuer à croître, avant, l’espère-t-on, de décroître.

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Comme le rappelait récemment le 26 octobre dernier à Paris un haut fonctionnaire allemand, l’Allemagne de l’énergie est un « laboratoire ».

Certes, s’ils le veulent, les allemands peuvent couvrir leur demande d’électricité à hauteur de 80% par des EnRs. Il suffit pour cela de construire suffisamment d’éoliennes et de PV, d’importer de la biomasse en masse, de développer de coûteux réseaux qu’il faut maintenant enterrer, de multiplier les batteries etc… et de payer, tout en comptant sur les réseaux voisins pour y déverser en cas de besoin les surplus d’EnRs.

 

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