ELECTRONS VERTS

Jacques Masurel

Entendu au café de commerce…

  • Sais-tu que l’on peut maintenant se fournir en électricité verte, des électrons verts en quelque sorte  ?

 

  • J’en ai entendu parler et il parait que ce serait meilleur pour cuire du bio !
  • Cesse de plaisanter, je suis sérieux, j’ai lu une pub d’un grand électricien qui explique que c’est bon pour la planète.
  • … et qui aurait mis au point un transformateur spécial pour trier les électrons selon leurs couleurs !
  • Tout cela c’est de la pub intervint celui qui se prénommait Pierre. En fait il s’agit simplement pour le distributeur d’électricité de compenser celle achetée par ceux qui ont souscrit un contrat vert par des achats équivalents d’électricité provenant de sources renouvelables.
  • Mais alors, cela veut dire que l’électricité qui est livrée à ceux qui n’ont pas souscrit à ce mirobolant contrat comporte nécessairement moins d’électricité verte. Au fond ça ne sert qu’à faire de la pub !
  • Oui mais aussi à donner bonne conscience à bon compte.
  • Je ne crois pas que ce soit à bon compte, reprit Pierre, car c’est en fait l’ensemble des consommateurs via la CSPE qui vont devoir supporter le surcout des énergies renouvelables.
  • On dit maintenant que l’éolien est compétitif
  • Tout dépend comment on compte et notamment si on chiffre le considérable surcout qu’entraine directement et indirectement la gestion des intermittences.
  • A la limite je veux bien accepter de payer un peu plus pour mon électricité si elle est plus propre, plus verte.
  • Cela veut dire décarbonée
  • Bien entendu
  • Hé bien, je suis au regret de te dire que ce ne sera pas le cas, bien au contraire
  • ???
  • En France, puisque l’électricité provient à 90 % du nucléaire et de l’hydraulique, on peut considérer qu’elle est déjà propre. Aux yeux des verts, elle ne l’est cependant pas parce qu’ils considèrent qu’il ne suffit pas qu’elle soit décarbonée, il leur faut aussi qu’elle provienne de sources renouvelables. Pour eux le nucléaire est décarboné mais il n’est pas renouvelable car ils estiment que 1000 ans de matières fissiles n’est pas suffisant pour dire qu’il s’agit d’énergie de renouvelable…
  • Je ne pensais pas que l’on disposait de tels stocks d’uranium. Mais il y a aussi la question des déchets et des risques.
  • Les réacteurs surrégénérateurs permettent de réduire de 90 % la quantité d’uranium nécessaire pour produire des KWh, ce qui nous autorise à dire que nous disposons de 1000 ans d’énergie avec les réserves aujourd’hui connues. Ces réacteurs permettront également de « bruler » les déchets actuels, déchets que l’on peut paradoxalement assimiler à des richesses !
  • Alors, pourquoi n’utilise-t-on pas ce type de réacteurs ?
  • Ils sont en fonctionnement dans certains pays. Nous avions un en France mais un gouvernement très « vert » a fait en sorte de tout arrêter.
  • Où fonctionnent donc de tels réacteurs ?
  • En Russie, en Chine et en Inde. Les américains y travaillent très activement. En France nous avons des projets mais l’ensemble du monde politique s’applique à les freiner… Quant au fameux ITER c’est un vaste et couteux laboratoire qui doit permettre de valider une théorie qui, dans le meilleur des cas, ne pourra être exploitable qu’à la fin du siècle.
  • En somme je me suis fait berner
  • Le plus grave c’est que tu n’es pas le seul ! A force de lobbying presque tout le monde croit que la solution au problème du réchauffement climatique, puisque c’est bien de cela dont il s’agit, se nomme énergie renouvelable alors que son potentiel n’est, en tous cas en Europe, pas à la hauteur des défis qui s’annoncent. Il suffit de regarder l’exemple allemand pour s’en convaincre. L'Allemagne émet 7 à 8 fois plus de CO2 par kWh que la France malgré 30% d'électricité renouvelable couteuse pour le consommateur et posant de sérieux problémes au réseau.
  • Il est temps de ne plus être aussi naïf, conclut Pierre !

Jacques Masurel

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