Pourquoi Sauvons Le Climat soutient-il le nucléaire ?

Claude ACKET

 

Claude ACKET : Pourquoi Sauvons Le Climat soutient-il le nucléaire ?

 

Sauvons le Climat répond à un détracteur du nucléaire

Nous venons d’avoir un échange instructif, ne partageant pas nos idées sur le nucléaire et désapprouvant ce qu’il appelait notre « soutien du nucléaire ».

Il nous a exposé clairement ses motifs, ce dont nous lui sommes reconnaissants et nous avons tenu à lui répondre point par point, car chacun s’enrichit de l’avis des autres.

Ci-dessous notre échange, qui se présente sous forme d’ ’une première vue d’ensemble et d’une annexe détaillée sur les principaux points soulevés.

 

Notre réponse

Vous avez développé les arguments sur lesquels se base votre hostilité au nucléaire.

Nous vous en remercions et allons essayer d’y répondre de façon détaillée en annexe à cette première partie, non pour vous convaincre, car tous les éléments de nos réponses sont issus des documents déjà présentés sur notre site ou dans d’autres sources mises en référence, que vous avez certainement lus, mais pour montrer que nous prenons en compte tous les avis et ne refusons pas le dialogue

En résumé, nous n’écartons pas le nucléaire, car nous avons besoin d’un minimum d’énergie et parmi toutes les sources d’énergie, disponibles à grande échelle, à un coût acceptable (en fait le coût le plus bas) nous retenons essentiellement, contrairement aux objections habituelles que :

- c’est la source d’énergie, à l’origine du moindre nombre de décès directs et de moindres conséquences sanitaires et écologiques

- le développement des programmes nucléaires de production d’électricité n’est pas en soi un facteur pour favoriser la prolifération militaire.

- les déchets sont traités, conditionnés depuis le début du nucléaire, il n’y pas d’incertitudes techniques et l’ultime choix de stockage sous terrain vient d’être validé. L’idée largement répandue, selon laquelle on ne sait que faire des déchets nucléaires, est injustifiée, les solutions existent sans aucun risque pour les populations présentes et à venir.

Sauvons le Climat ne souhaite pas « Sortir du nucléaire », mais met la priorité sur la réduction, la plus forte possible, de l’appel aux combustibles fossiles.

Sortir des fossiles semble difficile, mais essayons de nous en dégager autant que possible et surtout refusons de nous y enfoncer davantage.

Nous avons comme point de repère simple et indiscutable, le fait que le nucléaire a permis à la France de renoncer pratiquement au charbon pour la production électrique et de se placer ainsi parmi les pays développés les moins émetteurs de CO2.

Il ne faudrait pas revenir au « presque tout charbon » pour la production d’électricité, sauf si oh miracle ! la séquestration du gaz carbonique devenait opérationnelle dès la prochaine décennie.

 

Annexe

Examen, discussion de vos arguments

L’effet de serre et le nucléaire, de Charybde à Scylla ?

Vos arguments concernent en premier lieu une appréciation relative des risques associés au changement climatique et ceux associés à l’utilisation civile de l’énergie nucléaire.

« … je considère que les risques liés à la prolifération des centrales nucléaires sont plus catastrophiques pour mes descendants que ceux associés à l’augmentation de la température climatique liée à une augmentation du CO2…

Les fluctuations naturelles de cette température au cours des dernières 200 000 années n’ont pas exterminé les espèces, les humains y ont survécu ; ces espèces se sont progressivement adaptées (sur des siècles !) ; elles ont souvent migré vers d’autres latitudes, tout simplement.

La biosphère a survécu aux variations climatiques du passé ; par contre nous n’avons pas encore (sur)vécu à une pollution généralisée radioactive de notre environnement antérieure »

Il est clair qu’au sein des mouvements anti nucléaires, une tendance à sous-estimer la gravité du réchauffement clmatique se développe, car selon les antinucléaires primaires « ceci profite trop au discours pro nucléaire » Comme il est difficile de ne plus en parler, la tendance est d’en limiter les conséquences, de mettre en doute l’importance relative du rôle des rejets de gaz carbonique, qui ne serait que mineur et pour certains le seul fautif serait la vapeur d’eau, le CO2 n’ayant qu’une importance secondaire !

La réalité est que toutes les études scientifiques s‘accordent sur l’origine du réchauffement climatique : les gaz à effet de serre émis par l’activité humaine et au premier rang desquels les 30 milliards de tonnes de CO2 rejetées chaque année, dont seulement la moitié sont fixées par la nature, le reste venant augmenter pour plus de 100 ans la couche de CO2 qui nous entoure

L’avenir est préoccupant, car les émissions de l’humanité ont tendance à croître sous le double effet de la croissance démographique et du développement.

Les modèles numériques simulent une augmentation de la température se situant dans une plage probable de 2 à 4,5°, pouvant atteindre 6°C pour la fin du siècle, et qui pourrait se poursuivre de au-delà.

Une telle augmentation de température est comparable en ordre de grandeur à celles qui ont suivi les périodes glaciaires, qui ont successivement bouleversé la géographie du globe au cours du dernier million d’années.

Sauf changement majeur de nos modes de consommations énergétiques, nous allons vivre un changement global au niveau de la planète entière, qui semble irréversible et va faire basculer le climat en quelques décennies vers un état, que la Terre n’a jamais connu depuis 650 000 ans.

Les conséquences qui en résulteront sur notre santé, la végétation et les productions agricoles, le niveau des mers, les espèces vivantes, etc. sont évidemment difficiles à cerner, mais nul ne peut exclure que des évolutions catastrophiques, allant jusqu’à mettre en cause les conditions de vie de l’espèce humaine, puissent se produire.

Il n’y aura pas que l’effet canicule et les prévisions donnent aussi des variations de pluviosité et par exemple, d’ici à 2080, pourraient se produire des manques d’eau pour 1,1 à 3,2 milliards de personnes.

En outre le niveau des océans pourrait s’élever de 20 à 60 cm et de 2 à 7 millions d’habitants de plus seront touchés chaque année, par les inondations dans les régions côtières.

Penser que l’homme « s’adaptera, comme il l’a déjà fait depuis 200 000 ans » c’est ne pas prendre en compte que nous n’étions alors que quelques 100 000 habitants sur terre, (le passage au million n’a du se produire qu’il y a environ 35 000 ans) et qu’entre temps les néanderthaliens ne se sont pas bien adaptés, pour résister. Ils ont disparu.

10 000 fois plus nombreux avec un temps d’adaptation 100 fois plus court voilà une équation difficile à résoudre et qui risque de mettre des centaines de millions d’hommes et de femmes sur les routes de la migration.

Il est certainement déjà trop tard pour que l’augmentation de l’effet de serre n’ait pas de répercussions importantes pour la vie sur terre, mais on doit essayer d’en limiter les effets, même si à ce jour il reste beaucoup d’incertitudes, entre les catastrophes probables et le cataclysme absolu.

Pour une fois l’application du « Principe de Précaution » est clairement nécessaire et le nucléaire est un élément essentiel de la réponse, au même titre que les économies d’énergie et le développement des renouvelables.

En France, le nucléaire, en assurant 77 % de la production d’électricité, évite l’émission dans l’atmosphère de 395 millions de tonnes de CO2 qui seraient rejetés par des centrales au charbon.

On est loin de la situation, à la fin des années 70, lorsque 66 % de l’électricité reposait sur le charbon et le reste sur l’hydraulique.

La France, qui, grâce au nucléaire, a déjà une position enviée, avec des émissions de 6 tonnes de CO2 par habitant et par an, contre 10 en Allemagne et 20 aux USA, doit continuer à montrer l’exemple.

Sortir du nucléaire, c’est un retour inexorable au charbon, celui au gaz étant limité par la croissance rapide du prix de ce dernier.

Sources d’énergie et risques sanitaires L’application du Principe de Précaution pour qu’il ne se transforme pas en Principe d’Inaction comme nous le voyons trop souvent, conduit à peser les risques et ce vous dîtes : « Nous avons déjà connu Hiroshima, Nagasaki, Tchernobyl, pour nous faire une petite idée ... » Il est facile de dire « entre l’effet de serre et le nucléaire, entre la peste et le choléra, je ne choisis pas », mais alors je laisse faire. Mais que laisse t-on faire ? Nous voyons ainsi les allemands préparer la sortie du nucléaire en lançant en série, la construction de centrales au charbon et au gaz.

Mais s’il y a vraiment deux maux, ne faut il pas choisir le moindre et donc évoquer les risques comparés de toutes les sources d’énergie.

Evaluer les risques d’une source d’énergie, ce n’est pas seulement envisager l’hypothèse d’un accident, c’est aussi faire le bilan global de l’exploitation de cette énergie sur tout le cycle et sur une longue période de temps. De ce point de vue, le constat est sans équivoque : il montre, au niveau mondial, sur les cinquante ans écoulés, que des grandes sources d’énergie, c’est le nucléaire qui affiche de loin le meilleur bilan de sûreté, sans omettre Tchernobyl

Il ne faut pas passer sous silence les accidents associés aux autres sources d’énergie.

Selon l’OMS, si on consdère les accidents majeurs entre 1970 et 2000, on constate que

- l’hydraulique arrive largement en tête avec notamment, les 230.000 morts au Hénan (Chine), les 30.000 du Machlu en Inde, et 4.015 autres morts pour 13 accidents.

( en France, en 1959, Malpasset 430 morts).

- pour le pétrole on compte 10.000 morts pour 295 accidents, pour le charbon 6.400, pour le gaz 3.500 pour 165 accidents

Si on compte les « petits » accidents de tous les jours, alors le charbon arrive largement en tête avec 15.000 morts directs par an, mais selon une estimation de l’OMS 150.000 décès précoces par an, associés à la silicose. Des statistiques globales donnent par GWh, en années de vie perdues la succession suivante : Charbon 0.35 ; Pétrole 0.2 ; Gaz 0.1 et Nucléaire 0.02.

Oui il y a eu l’accident de Tchernobyl, nous ne l’oublions pas et nous y reviendrons plus loin, mais à côté on peut avancer une expérience de 10.000 ans de fonctionnement intégré et près de 440 réacteurs en service dans le monde.

Hors Tchernobyl, un seul accident notable, à Three Miles Island, a conduit à une fusion de cœur. Si l’investissement fût perdu, cet accident majeur n’a conduit, grâce à l’enceinte de confinement à aucun effet sanitaire, ni cause de la moindre maladie chez les exploitants et encore moins dans le public

De toutes les grandes sources d’énergie, c’est le nucléaire qui a le meilleur bilan de sûreté.

La prise en compte des conséquences sanitaires et écologiques (environnement, végétation…) a fait l’objet d’une étude de la Communauté Européenne : dite « Extern E ». Cette étude conduit à chiffrer un coût dit externe, qui devrait s’ajouter au coût direct de production d’électricité.

Ceci donne : 8 c€/kWh pour le charbon, 4.9 pour le pétrole, 2.5 pour le gaz et 0.3 pour le nucléaire. Moins de vies perdues, conséquences sanitaires et écologiques moindres, le nucléaire serait-il la source énergétique à retenir ?

L’Académie de Médecine ne s’est pas prononcée autrement en 2003 à l’occasion du Débat national sur les énergies :

« Veiller prioritairement à éviter les ruptures d’approvisionnement en énergie, le pire pour la santé étant le risque de manque d’énergie »

« Maintenir la filière nucléaire dans la mesure où elle s’avère avoir le plus faible impact sur la santé par kWh produit » Quelle autre réponse peut on présenter aux détracteurs du nucléaire ?

Ce constat global indiscutable n’exclut pas de faire un point spécifique sur les trois points qui sont sources de peurs et d’angoisses pour de nombreux de nos concitoyens : Tchernobyl, la bombe et les déchets. Ces peurs, ces angoisses sont entretenues par les fausses informations diffusées en permanence par les antinucléaires et reprises par les médias portant essentiellement sur les risques associés aux rayonnements.

Rayonnements

Images d’Hiroshima, tueurs invisibles, les rayonnements terrorisent.

Mais il faut rappeler que la radioactivité naturelle existe et que tous les êtres vivants se sont développés dans un milieu radioactif. Le corps humain lui-même est le siège de désintégrations radioactives au taux de 100 par seconde et par kilo.

Pour analyser les conséquences sanitaires des rayonnements, on utilise le Sievert ou sa sous unité : le milli Sievert (mSv). Le rayonnement interne évoqué ci-dessus, correspond à 0.23 mSv par an.

Au total la dose moyenne annuelle reçue est en France de 2.4 mSv et peut monter à 6 mSv selon le lieu.

Outre le rayonnement interne, l’origine de cette irradiation peut se décomposer comme suit :

- 0.41 mSv viennent du cosmos (ce chiffre est multiplié par 2 si l’on monte à 1500 mètres en montagne (vive le ski)

- 0.46 mSv dits telluriques (directement de la terre, roches …) Cette valeur est très variable et en France est beaucoup plus forte sur les terres granitiques (Bretagne, Massif Central) Cette valeur pouvant dépasser 200 mSv dans le monde (un maximum 400 dans une région habitée d’Iran)

- 1.3 mSv associés au radon Cet effet connaît aussi de grandes variations selon les régions et au sein de ces mêmes régions des effets locaux encore plus importants, si par exemple le logement n’est pas bien ventilé.

Il faut ajouter que, localement, on peut trouver beaucoup plus à certains moments de l’année. C’est ainsi que sur une plage du Languedoc, la CRIIRAD, entièrement dévouée à la cause anti nucléaire, en faisant la chasse aux rejets des centrales nucléaires, a annoncé, preuve à l’appui avec compteurs crépitants, devant les journalistes de télévision ameutés, que les rejets des centrales de la vallée du Rhône donnait des pics à 175 mSv (valeur ramenée sur l’année) et qu’il fallait de suite les arrêter ! Cet organisme, pouvait il ignorer que ce phénomène avait déjà était signalé à l’Académie des Sciences en 1950, avant la présence de toute centrale et correspondait à un lessivage naturel de terres du massif central (essentiellement du Thorium)

Le petit schéma suivant résume la problématique des effets sanitaires des rayonnements

Comme dit ci-dessus, le niveau de la radioactivité naturelle varie considérablement d’un endroit à un autre (elle est deux fois plus importante en Bretagne que dans la région parisienne, et certaines populations au Brésil, en Iran ou en Inde sont soumises à des taux d’irradiation plusieurs dizaines de fois plus importants que le moyenne mondiale sans qu’aucune conséquence pour leur santé n’ait été observée.

- Les rayonnements ont des effets immédiats à partir de 700 mSv (hospitalisation recommandée au dessus de 1000 mSv (1 Sv), bien au-delà ils sont mortels et la dose létale dite 50 % se situe, vers 5 Sv

- A ces effets immédiats s’ajoutent des effets retardés aléatoires (tout le monde ne réagit pas identiquement) Si la probabilité d’atteinte diminue comme la dose, la question n°1 qui se pose est : cette probabilité s’annule-t-elle pour les faibles doses (risque nul ?). Comme, à ce jour, aucun effet sur la santé des populations soumises à ces doses dépassant les 100 mSv n’a pu être mis en évidence, on considère, avec des marges de précaution, que la limite zéro effet pourrait être vers 100 mSv pour les adultes et 50 pour les enfants. Les très faibles doses de quelques mSv ne devraient donc avoir qu’un effet négligeable ; si ce n’était pas le cas, il faudrait renoncer aux examens médicaux, aux vacances en Bretagne et aux sports d’hiver.

En temps normal l’augmentation de la radioactivité à proximité d’une centrale nucléaire est inférieure au millième du niveau de la radioactivité naturelle. Au bout d’un millier d’années, la radio toxicité des produits de fission produits dans un réacteur est inférieure à celle de l’Uranium naturel qui a été utilisé pour les produire.

Tchernobyl

Tchernobyl est le prototype de la plus grande catastrophe que l’on puisse craindre d’un réacteur nucléaire.

Bilan sanitaire.

Des polémiques sans fin, querelles de chiffres ont toujours cours sur le nombre de morts causés par l’irradiation due à cette catastrophe.

Les opposants au nucléaire ont de suite parlé de millions de morts, puis le chiffre le plus cité venait d’un film passé au moins une fois par an sur la chaîne ARTE, qui annonçait 600 000 morts (on notera que la chaîne ARTE se montre très complaisante pour le charbon allemand)

Ces dernières années les opposant annoncent entre 40 000 et 60 000 morts.

Face à ces chiffres, lancés sans explication, il y a le dernier rapport du Forum Tchernobyl de 2005.

Le Forum est composé de toutes les institutions spécialisées de l’ONU, ayant des activités en liaison avec l’accident, soit 8 au total, dont en premier, l’OMS ; le Forum comprend aussi les gouvernements du Belarus, de la Russie et de l’Ukraine, pas question de cacher la réalité.

Comme élément principal de ce rapport nous pouvons lire :

« Il s’agit d’un accident très grave ayant des répercussions sanitaires majeures, notamment pour les milliers de travailleurs exposés durant les premiers jours qui ont reçu des doses de rayonnements très élevées et pour les milliers d’enfants atteints d’un cancer de la thyroïde.

Toutefois, d’une manière générale, nous n’avons constaté aucune incidence négative grave sur la santé du reste de la population des zones avoisinantes, ni de contamination de grande ampleur qui constituerait toujours une menace sérieuse pour la santé humaine, à l’exception de quelques rares zones d’accès restreint »

De façon plus précise en reprenant les résultats du Forum, nous obtenons le bilan global suivant

- 50 décès enregistrés chez les intervenants des premières heures (personnel de la centrale, pompiers, pilotes d’hélicoptères) - Un excès important de cancers de la thyroïde chez les enfants et jeunes âgés de moins de 15 ans lors de l’accident. C’est l’effet majeur pour la population, qui aurait pu être évité, en grande partie, par une prise normale des cachets d’iode. A ce jour le nombre de cancers se monte à 4.000 ayant conduit à 9 décès. Ce nombre de cancers peut encore légèrement augmenter. Heureusement ces cancers ont une thérapeutique efficace avec actuellement plus de 98% de survie - Pas d’excès de leucémies - Pas d’excès de malformations congénitales (ce dernier point ayant fait l’objet de reportages dans des hôpitaux, scandaleusement truqués, organisés par les opposant au nucléaire)

A l’avenir, par une évaluation théorique (calculs) on ne peut exclure d’approcher un total de 4.000 décès liés à l’irradiation répartis comme suit : 2.200 chez les liquidateurs, 1.600 chez les habitants des zones les plus contaminées et les personnes évacuées. Ces décès viendront en excédent des cancers dits naturels qui se chiffrent par millions et ne pourront pas être individualisés.

Il faut noter que ces évaluations reposent sur une approche utilisant la relation effet-dose linéaire sans seuil et un modèle inspiré du suivi des survivants d’Hiroshima-Nagasaki, approche qui est contestée par de nombreux scientifiques à ces faibles doses, qui la considèrent comme excessivement pessimiste, car extrapolée à partir de fortes doses.

- Les conséquences majeures en fait sont indirectes : il s’agit de « l’effet catastrophe » qui survient dans tous les cas (Bhopal, AZF, cyclones, etc.) accentué par la pression médiatique et aussi celle des groupes spécialisés dans l’opposition au nucléaire civil. Ceci entraîne une détresse psychologique et des maladies liées au stress sans rapport direct avec l’irradiation

On notera, point instructif, que

la vie animale dans la région interdite autour de Tchernobyl est florissante : cervidés, sangliers abondent et les loups ont réapparu . La présence permanente de l’homme était bien plus dangereuse pour la biosphère que ne le sont les résidus radioactifs de la catastrophe

Tchernobyl et nos réacteurs

Il est facile de montrer que ce type de réacteur, conçu pour fabriquer le plus possible de plutonium militaire, sans enceinte de sécurité, n’a rien à voir avec nos centrales.

Un accident de type Tchernobyl ne peut pas se produire dans une centrale française ou de technologie occidentale, comme toutes celles en construction dans le monde.

A ce jour, il reste en Russie 11 centrales du type Tchernobyl encore en exploitation. Hors Russie, toutes les tranches ont été arrêtées sauf une en Lituanie, qui sera arrêtée en 2009.

En Russie de nombreuses modifications ont été apportées pour améliorer la sûreté et éviter que l’enchaînement des incidents, erreurs d’exploitation, ne se reproduisent. Mais l’absence d’enceinte de confinement, reste le défaut majeur.

Heureusement ce type n’est plus construit dans le monde.

L’accident est intervenu sur un type de réacteur de conception entièrement différente des réacteurs occidentaux : instabilité à certains régimes de fonctionnement, effet de vide, spécificité des barres d’arrêt (lenteur, effet inversé dans une plage de fonctionnement) et enfin absence d’enceinte. Une seule de ces différences aurait empêché la construction de ce type de centrale dans nos pays.

A ceci il faut ajouter de violations flagrantes des procédures de sûreté, en fait l’absence de toute culture de sûreté.

Il fallait être dans le système soviétique pour trouver de telles aberrations.

On notera que l’Ukraine, que l’on peut, désormais, considérer comme démocratique, est un des états européens les plus motivés (majorité et opposition comprises) pour disposer de nouvelles centrales nucléaires : les dangers du nucléaire semblent être, pour les ukrainiens, beaucoup moins à craindre que la dépendance gazière vis à vis de la Russie et l’utilisation du charbon de leurs mines.

La bombe et les risques de prolifération

La bombe existe et a fait ses ravages à Hiroshima et Nagasaki, comme l’avait fait en une seule journée le bombardement « classique » de Dresde.

La bombe existe, comme la machette (le plus simple et le plus utilisé instrument de mort)

Une simple bouteille de gaz et quelques clous constituent l’arme rêvée et la plus efficace pour les attentats. Ne fait on pas aussi des explosifs à partir d’engrais ?

De tous temps à partir d’une découverte, d’un développement, l’homme en a tiré le pire et le meilleur. Si nous avions prohibé tout ce qui peut tuer, nous n’aurions pas développé la pierre taillée, ni domestiqué le feu.

La prolifération des armes nucléaires, est un vrai danger, mais il faut noter qu’aucune puissance nucléaire n’a utilisé de réacteurs à eau pressurisée (du type utilisé en France) pour réaliser ses armes. Ne mélangeons pas le nucléaire civil et nucléaire militaire.

Certains estiment que le développement des programmes nucléaires de production d’électricité augmenterait les risques de prolifération militaire. L’histoire des pays actuellement détenteurs d’un arsenal nucléaire montre qu’il n’est nullement besoin de passer par un programme civil électronucléaire pour fabriquer un engin militaire.

La Corée du Nord a la bombe et pas de centrale électronucléaire, à l’opposé de sa voisine du Sud Des projets présumés militaires semblent s’être développés en Iran, en dehors de tout lien avec des installations électronucléaires civiles… qu’ils ne possèdent pas.

Ces exemples montrent que ce ne sont pas les programmes civils, trop visibles, qui sont proliférants mais les technologies « discrètes » (production et extraction de plutonium dans des installations dédiées, enrichissement de l’uranium) existant en dehors de tout support électronucléaire et mues par la volonté politique.

Ajoutons que le nucléaire civil devrait se développer en priorité dans les pays de l’OCDE, en Chine, en Inde, au Brésil, en ex-Union Soviétique, tous pays qui soit possèdent la technologie du nucléaire militaire, soit, tout en en ayant la capacité, ont délibérément renoncé à la développer.

Les déchets

« Et combien en coûtera-t-il aux contribuables dans 30-50 ans pour Recycler / stocker / détruire / évacuer les déchets nucléaires. Personne ne saurait le chiffrer, même pas les "experts" de l’EDF ou d’ELECTRABEL ... »

Avant d’aborder votre objection fondamentale qui serait le coût, nous nous pencherons sur d’autres arguments types, avancés par les opposant au nucléaire, par exemple :

« Les déchets, on ne sait qu’en faire »

« Menace pour la santé des générations futures »

« Empoisonnement de la Terre pour l’éternité »

Pour répondre à ce genre d’affirmations, il faudrait plusieurs pages et nous nous limiterons à résumer le débat national sur la gestion des déchets nucléaires, qui s’est déroulé en France au second semestre 2005. Ce débat et le vote de la loi à laquelle il a abouti, ont permis de rectifier des idées fausses courantes, sur le sujet et de démontrer que les techniques sont disponibles pour gérer de façon sûre les déchets nucléaires, dès aujourd’hui et sur le très long terme.

Comme toute industrie, le nucléaire produit des déchets, mais les quantités sont très faibles et se chiffrent pour chaque français au total à 1 kg /an dont seulement 10 g /an sont vraiment dangereux.

Il est intéressant de comparer le volume des déchets nucléaires à ceux des autres activités.

En France, l’ensemble des déchets industriels et ménagers représente par an un volume de 100 Millions m³ dont 2 Millions de m³ toxiques et dangereux (cube de 120 m de côté). Les déchets nucléaires tiendraient dans un volume de 20.000 m³ dont seulement 150 m³ (cube de 5 m de côté) sont classés comme très dangereux en concentrant 96 % de la radioactivité totale.

Les déchets générés par le programme électronucléaire sont récupérés et confinés, on les trie, on les traite, on les stocke définitivement pour la majorité en volume, ou on les entrepose provisoirement pour de faibles quantités. La solution du stockage définitif souterrain a été retenue à la suite du débat national et transcrite dans la loi. !

Pour résumer :

- Les déchets générés par le programme électronucléaire sont récupérés et confinés, on les trie, on les traite ou on les entrepose et/ou on les stocke

- Les faibles quantités en jeu facilitent leur manipulation et leur confinement.

- Les solutions définitives sont opérationnelles depuis de nombreuses années pour les parties les plus volumineuses et les moins radioactives dans les centres de Morvilliers et de Soulaines où les déchets TFA et FA sont stockés définitivement. - Les déchets MAVL et HA, déchets ultimes issus du retraitement, sont concentrés, confinés (vitrifiés pour l’essentiel) entreposés et surveillés pour l’instant dans des puits de stockage à La Hague. - Une décision importante mais non urgente, reste à prendre : le choix d’un site pour le stockage définitif en profondeur de ces derniers déchets. Ils sont pour l’essentiel vitrifiés, ce qui vu les propriétés de stabilité du verre, les fige, sans possibilité de dispersion et danger. Les résultats très favorables tirés du laboratoire souterrain argileux à Bure pousseraient vers ce type de terrain très répandu en France - Toutes ces opérations sont effectuées sans risque pour les populations présentes et à venir. L’idée largement répandue, selon laquelle on ne sait que faire des déchets nucléaires, est donc injustifiée.

Ceci est bien à distinguer de ce qui se passe avec de nombreux déchets industriels et chimiques et, en particulier, d’autres grands moyens de production d’électricité (charbon, pétrole, gaz) qui dispersent, déversent leurs déchets dans la nature (CO², Soufre, Oxyde d’azote, Poussières, et, même, radioéléments)

Commentaire :

En supposant que la production électrique française nucléaire actuelle (450 TWh), passe au charbon, ce serait environ 500 millions de tonnes de CO2 qu’il faudrait stocker annuellement, sous terre, pour répondre par la séquestration du CO2 au risque climatique.

500 millions de tonnes de gaz, concentré à l’état supercritique, à comparer à 600 tonnes de matière solide des déchets nucléaires, un facteur pratiquement 1 million !

Dettes pour les générations à venir ?

Lorsque les arguments manquent, pour mettre en cause la maîtrise de la gestion technique des déchets, l’aspect coût est avancé et la dette laissée aux générations futures est mise en avant :

« Et combien en coûtera-t-il aux contribuables dans 30-50 ans »

Une seule réponse s’impose : ce ne sont pas les contribuables de l’avenir qui payeront, car ce sont dès à présent les consommateurs d’électricité qui payent pour chaque kWh, en même temps qu’ils remboursent l’investissement et toutes les dépenses d’exploitation.

Ces dépenses à venir sont prises en compte, sous forme de provisions, comme doit le faire chaque industrie, mais à la suite d’une demande spécifique de la Cour des Comptes, les fonds sont bloqués sur un fond dédié. Cette demande inhabituelle n’est pas imposée aux entreprises en général, mais l’industrie nucléaire, là comme ailleurs, doit toujours faire plus.

- Comme les déchets sont traités depuis le début du nucléaire, il n’y pas d’incertitudes sur le coût de leur traitement et stockage définitif, même pour un stockage souterrain, qui repose sur des techniques minières de base bien connues.

- Le coût de la déconstruction, fait l’objet d’affirmations récurrentes par les opposant, disant qu’il est sous estimé et ne repose sur rien.

Il est vrai que des déconstructions n’ont pas encore été menées à grande échelle, notamment sur les centrales actuellement en service en France et que les seules expériences portent sur des petites installations, souvent expérimentales.

L’extrapolation faite couramment par les opposant sur la base de ces premières opérations n’a aucun sens. Comment peut on écrire que « Personne ne saurait le chiffrer » alors que l’expérience de déconstruction s’appuie maintenant sur plus de cinquante ans d’activités, sur les premiers réacteurs de recherche, laboratoires, cellules actives…, ce qui permet d’affirmer que l’on sait déconstruire et à quel coût, que le volume des déchets créés par ces opérations n’est pas exorbitant, et que les coûts des opérations sont raisonnablement connus et ne grèvent pas significativement le coût du kilowattheure électrique.

Les estimations EDF ont été validées par de nombreuses comparaisons internationales et sont aussi basées en France sur des opérations très représentatives, comme les opérations lourdes voisines de celles de déconstruction (remplacements des générateurs de vapeur, des couvercles cœur). Comme toute société EDF a prévu des provisions. Celles-ci vont se cumuler pour devenir probablement excessives si la prolongation de durée de vie envisagée se confirme. L’argent du démantèlement se constituant au fur et à mesure de la vie et bien placé de façon sûre grossit d’autant plus, il y en aura peut être bientôt trop ?

Il faut rappeler que le nucléaire était dès 2003, dans tous les cas, la source d’énergie la moins chère, pour la production d’électricité de base et aujourd’hui,, compte tenu de l’envolée des coûts des combustibles fossiles surtout pour le gaz, mais même pour le charbon, aussi pour la production en semi base, et, donc pour l’essentiel de la production électrique.

  • Assemblée Générale Ordinaire des Adhérents de Sauvons Le Climat
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