Opacite éolienne

SLC

Eolien : un secret bien gardé !

Instrument élémentaire du « management » et du « marketing », la comparaison des performances et qualités des divers modes de production (voire de consommation) nous est devenue coutumière. S’agissant de l’électricité, le citoyen - consommateur s’attend donc à avoir à sa disposition tous les éléments de comptage dont est capable la technologie moderne, du basculement heures creuses/heures pleines au relevé de compteurs à distance.
 
Aussi est-il choquant que les statistiques de production de la plus « in the wind » des énergies renouvelables soient introuvables. Ou, plus exactement, soient devenues « top secret » depuis presque deux ans.
 
Les commentaires et questions suivants s’adressent en priorité à l’ADEME, officiellement en charge de la collecte de l’information, mais aussi au MEDAD (Ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement Durables, plus particulièrement à la Direction Générale de l’Energie et des Matières Premières), ainsi qu’à la Commission de Régulation de l’Energie :
 
-         Le site idoine, www.suivi-eolien.com, est gelé du fait que « ce site est en cours de construction. L’ensemble de ces données seront mises à jours (sic) et compléter (re-sic)dans les prochaines semaines. Site officiel de l’ADEME section énergie éolienne ». Et cette glaciation date de … mars 2006, comme l’atteste d’ailleurs la mention : « Puissance installée totale : 1,3 GW », alors que nous en sommes à 2,2 GW, si l’on se fie à http://home.planet.nl/~windsh/stats.html (site hollandais mis à jour le 8 janvier 2008).
 
-         La cause de ce long silence, initialement imputée aux « contraintes d’appel d’offres » pour la restructuration du site www.suivi-eolien.com, ne tient évidemment plus puisqu’il n’y a … plus d’appel d’offres !
 
-         Les performances des fermes éoliennes terrestres ne sont-elles pas très inférieures à celles avancées par le lobby éolien (voir notamment la plaquette du Syndicat des Energies Renouvelables, de juin 2004, qui tablait sur 2 500 heures/an), comme il ressort du rapport de RTE(1), certes sur un parc national encore bien modeste, pour qui la durée de « fonctionnement en équivalence pleine puissance » (hepp) n’a été, en 2005-2006, que de 2 060 heures/an ?
 
-         Cette notion de productivité influence fortement la tarification de l’énergie achetée puisque, sous réserve de ne pas dépasser une production annuelle globale fixée par décret (cf. la fameuse « PPI » du 7 juillet 2006), le tarif d’achat décroît passée une « période de référence » de quelques années, au-delà d’un certain seuil de productivité. Ce seuil, fixé à 2 000 heures (hepp) par l’arrêté Cochet de 2001 (voire 1 900, dès lors que le parc installé français aura atteint 1 500 MW), a été porté à 2 400 hepp par l’arrêté Olin de 2006. Pour un site plus venté, au-delà de ce seuil, il dev(r)ait y avoir interpolation pour les dernières années du contrat d’obligation d’achat. Or la quasi-totalité des sites terrestres français, hors Languedoc-Roussillon, semblent avoir des durées de fonctionnement inférieures au nouveau « seuil Olin » : en clair, les producteurs bénéficient désormais presque tous du tarif initial, maximal (0,082 €2006/kWh), du premier au dernier jour des 15 ans de leur contrat de vente « obligée » à EDF ! Serait-ce que l’ADEME juge maintenant inutile de diffuser des informations susceptibles de trahir cet état de fait, s’abritant derrière un « secret commercial » qui a bon dos ? Aussi nous réjouissons-nous de la prise de position de Mme Corinne Lepage (CAP 21) dans son "rapport d'étape" sur la gouvernance écologique "en faveur d'un droit à l'information, y compris sur les OGM et le nucléaire", à condition de l'étendre à tous les modes de production, fussent-ils réputés "vertueux", à commencer par … l'éolien.
 
-         Nous souhaitons  que soit étudiée, en toute transparence, l’opportunité  d’un troisième arrêté qui abaisserait les seuils tarifaires (alors que l’arrêté Olin les avait rehaussés). Ainsi serait garanti un barème de tarifs effectivement dégressif, dans l’esprit de sa conception initiale.
 
-         Serions-nous un des rares pays d’Europe où ces statistiques éoliennes seraient inaccessibles au grand public, alors que l’Allemagne publie largement les données de production de ses 19 000 aérogénérateurs (pour une capacité évaluée à 21,3 GW) ?
 
La transparence étant un des piliers de la démocratie, y contrevenir est grave, surtout dans un domaine où il est de bon ton de se proclamer « vertueux ». D’autant que l’article 7 de la loi du 10 février 2000 oblige « le ministre chargé de l'énergie [à rendre] publiques les principales caractéristiques en termes de capacité de production, [et un certain nombre d’informations sur les projets] afin d'assurer une parfaite transparence dans la mise en oeuvre de la programmation pluriannuelle des investissements. » Ne doit-il pas, pour le moins, donner de quoi vérifier ladite « capacité de production » ?
 
C’est pourquoi « Sauvons le Climat » presse le MEDAD de remédier à cette carence d’information qui ne peut que susciter la suspicion.
 

Références :

-      Document SLC : « Analyse économique critique du programme éolien » (F. Poizat, 12/2006)
   
-     Opinion de signataires : « Une opacité bien organisée » (A. Gouriou, F. Poizat et B. Salles, 01/2008)
 


(1)              Cf. « Bilan prévisionnel de l’équilibre offre-demande d’électricité en France. Edition 2007 ». Mais le site de RTE (www.rte-france.com) est muet sur la production éolienne, fondue dans « autres productions » …
  • Assemblée Générale Ordinaire des Adhérents de Sauvons Le Climat
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