Réchauffement climatique : l’urgence d’agir s’accroît

SLC

Le GIEC est en train de travailler à la préparation de son prochain rapport, qui devrait sortir en 2021. Pour ce rapport, les divers laboratoires qui modélisent le climat global effectuent des simulations selon différents scénarios d’évolution des concentrations de gaz à effet de serre. Ces scénarios sont les mêmes pour toutes les équipes de modélisateurs.

En France, deux groupes ont développé un outil de modélisation du climat global, le groupe du Centre National de Recherches Météorologiques (CNRM, à Toulouse), et le groupe de recherche de l’Institut Pierre Simon Laplace (IPSL, dans la région parisienne).

Les résultats des simulations de ces deux groupes pour le prochain rapport ont été présentés à la presse. Ils ne sont pas parfaitement identiques, ce qui est normal puisque les modèles diffèrent. Mais, quel que soit le scénario envisagé, ils ont tous deux mis en évidence un accroissement du réchauffement par rapport à ce qui avait été publié dans le précédent rapport du GIEC en 2013 ; ceci est particulièrement marqué pour le modèle du CNRM. Pour le scénario « haut », que certains considèrent comme irréaliste pour ce qui est de la disponibilité des combustibles fossiles, le réchauffement pourrait dépasser 7°C en 2100. Le scénario le plus restrictif, que nombreux considèrent comme utopique compte tenu des trajectoires actuelles, serait le seul à respecter l’accord de Paris. Cela requiert une neutralité carbone[1] mondiale en 2080 pour limiter le réchauffement à 2°C, et dès 2060 pour ne pas dépasser 1,5°C. Pour l’un ou l’autre de ces deux cas (limite à 1,5°C ou à 2°C), la température dépasserait d’abord le maximum fixé pour 2100, pour re-décroître par la suite. Mais ceci implique qu’on enlève une quantité importante de CO2 de l’atmosphère. Si ceci doit être fait par la plantation de forêts, c’est maintenant qu’il faut les planter pour qu’elles aient un taux de croissance important suffisamment tôt.

Les médias se sont déjà largement fait l’écho de ces résultats. Il faut toutefois noter que la vingtaine d’autres laboratoires qui modélisent le climat pour le prochain rapport du GIEC n’ont pas encore fourni leurs résultats, dont il faudra voir dans quelle mesure ils confirment ces résultats des laboratoires français.

On peut légitimement se poser la question de savoir pourquoi les résultats des simulations changent d’un rapport au suivant. Il faut bien voir qu’il se sera écoulé 8 ans entre les 2 rapports. En huit ans, la connaissance des phénomènes climatiques et leur compréhension se sont améliorés. Les observations apportent des éléments nouveaux comme par exemple l’accélération de la fonte des glaces polaires et alpines. Les techniques de modélisation progressent. Et la puissance des ordinateurs ayant continué de croître, les simulations peuvent être effectuées avec une résolution accrue.

Quoi qu’il en soit, même s’ils devront éventuellement être nuancés en fonction de ce que produiront les autres modèles, ces résultats confirment l’urgence d’agir avec vigueur pour limiter sérieusement le réchauffement climatique. Pour réduire le plus efficacement les émissions de CO2, toutes les sources d’énergie décarbonées, sans aucune exclusive, devront être utilisées partout où elles permettent d’éviter l’utilisation de tout combustible fossile.

 



[1] neutralité carbone : tout le carbone émis est entièrement compensé par ce qui est absorbé , que ce soit naturellement ou par l’action de l’homme.

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