Sauvons Le Climat (SLC) salue le retour à la réalité de Nicolas Hulot et voit ses propres analyses confortées.

SLC

Lors de sa nomination au Ministère de la Transition écologique et solidaire, Monsieur Hulot héritait de la tâche de mettre en œuvre la Loi relative à la la Transition Ecologique pour la Croissance Verte (LTECV). Six mois après le début de son mandat il constate que cette loi avait été mal conçue, obéissant à des impératifs idéologiques

 Peu avant le vote de la loi LTECV, SLC avait réitéré ses mises en garde[1] en rappelant que la réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre devait se faire dans le secteur des transports en diminuant l’usage des combustibles fossiles (gazole, essence et gaz) et dans celui de la production de chaleur en diminuant la part du chauffage au fioul et au gaz.

Face à l’exemple allemand idéalisé par EELV et ses alliés Greenpeace, WWF et RAC nous rappelions que, en 2015, notre secteur électrique émettait environ 8 fois moins de CO2 par kWh produit que le secteur allemand malgré sa production renouvelable beaucoup plus développée. Nous renouvelions nos avertissements après la prise de fonction du Ministre en lui rappelant que le passage de 75 à 50% de nucléaire ne permettrait d’arrêter que très peu de réacteurs et coûterait très cher[2]. Le 23 octobre 2017, peu de temps donc avant la déclaration courageuse du Ministre retardant la date de l’obtention de l’objectif de réduction de la part du nucléaire, nous rappelions ses conséquence graves :

-         sur le plan de la sécurité d’alimentation des Français en électricité,

-         sur l’augmentation des émissions de CO2  accompagnant la construction et la mise en œuvre d’une puissance de 20 GWe de centrales à gaz,

-        tout cela pour un coût exorbitant de plus de 100 Mds d’euros que représenterait l’arrêt de 17 réacteurs avant 2025[3].

L’annonce faite par Nicolas Hulot de reporter au plus tôt à 2030 la réduction de la part du nucléaire dans le Mix électrique nous paraît une mesure de bon sens, même si nous sommes convaincus que cette date n’est pas encore suffisamment réaliste et que cette réduction ne devrait pas être une priorité. Nous saluons cependant le courage et le sens de l’intérêt général du Ministre qui a su reconnaître son erreur d’appréciation au début de son mandat.   Le lobby anti-nucléaire, associé étroitement au lobby des industriels des énergies renouvelables (le Syndicat des Energies Renouvelables), s’est immédiatement déchaîné sur les ondes pour dénoncer la capitulation du Ministre devant le « lobby » nucléaire. Nicolas Hulot avait sûrement prévu cette attaque frontale de ses anciens amis, ce qui ne fait que renforcer l’estime qu’on peut avoir pour son courage.

Mais ce premier pas vers la raison ne saurait suffire. Le Ministre sait l’urgence de réduire les émissions de CO2 car les émissions évitées aujourd’hui pèseront plus que d’éventuelles émissions futures. Or les émissions de CO2 de notre pays ont poursuivi leur croissance en 2015 et 2016 et l’usage des combustibles fossiles dans les deux secteurs essentiels que sont les transports et les bâtiments est quasiment stable depuis des années.

C’est une révision profonde de la LTECV qui est nécessaire[4], en donnant priorité au développement des énergies non carbonées et au vecteur électrique : l’électricité est la seule voie de progrès massif dans les transports ; le parc immobilier français, ancien pour une large part, ne pourra progresser vers une sobriété énergétique que lentement, en raison des investissements qu’il faudra lui consentir. En ce sens les propositions récentes de l’ADEME pour 2035 et 2050 sont irréalistes et mortifères pour notre pays.

Dans les 15 ans qui viennent on devrait pouvoir évaluer précisément et calmement comment, à quelle échelle, et à quel prix il serait possible de stocker les productions éoliennes et photovoltaïques sur plusieurs mois. On pourra aussi estimer de façon réaliste l’évolution de la consommation d’électricité en tenant compte du développement des transports propres et de la baisse de la consommation de gaz et de fioul dans les secteurs résidentiel et tertiaire.

Poursuivez Monsieur Hulot votre effort de remise à plat de notre politique énergétique en transformant la LTECV en une loi clairement orientée vers la modération des émissions de gaz à effet de serre, et en donnant aux gouvernements futurs la souplesse d’action nécessaire à une bonne gouvernance dans un monde en évolution rapide. Et agissez en urgence en ce sens au niveau européen pour contester la domination d’une Allemagne pourtant peu performante sur la politique climatique et énergétique européenne[5].

 

 

[1] Communiqué SLC du 01/2015 https://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/pdf_files/etudes/Analyse%20de%20la%20LTE.pdf

[2] Communiqué SLC du 12/7/2017 https://www.sauvonsleclimat.org/fr/ressources/base-doc/passage-de-75-a-50-pct-fermera-peu-de-reacteurs-et-coutera-cher

[3]Communiqué de SLC du 23/10/2017  https://www.sauvonsleclimat.org/fr/ressources/base-doc/consequences-nucleaire-reduit-2025

[4] Dans le même esprit, réaliste, d'amélioration concrète de la LTECV, il est souhaitable de supprimer le plafonnement à 63 GWe de la puissance installée nucléaire. Bénéficier d’une puissance électrique supérieure contribuerait à sécuriser l’approvisionnement et aurait des répercussions positives sur la réduction des émissions de CO2, par limitation de l'appel aux centrales à gaz.

[5] Voir à ce sujet la toute récente publication de l’ONG Energy for Humanity : http://energyforhumanity.org/en/news-events/news/climate/climate_leadership_2017/

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