Peut-on parler simplement du prix des énergies intermittentes (solaire et éolien) et de leur capacité à éviter les émissions de CO2 ?

Jean-Pierre PERVES

Le piège des comparaisons des prix directs des divers moyens de production.
Le coût de la tonne de CO2 évitée est-il acceptable en France ?

Jean-Pierre Pervès

Introduction

La production d’électricité mondiale contribue pour 40 % aux rejets de gaz carbonique dans l’atmosphère. Avec les transports, que les scénarios les plus sérieux envisagent d’électrifier, les émissions s’élèvent à 60 %. C’est dire l’urgence du développement d’une électricité décarbonée dans le monde, toutes les technologies étant requises (EnR, nucléaire, stockage du CO2), comme vient de l’affirmer le GIEC dans son rapport d’octobre 2018.

 La configuration est cependant très différente selon les pays et la France, avec un socle nucléaire et hydraulique puissant, bénéficie d’une électricité très peu carbonée (environ 93 %). Les deux tiers de ses émissions de CO2 proviennent des deux secteurs du transport et du bâtiment.

La stratégie de la France pour lutter contre le changement climatique, dans des conditions économiques supportables, doit donc s’adresser prioritairement à ces deux secteurs, et s’adosser à son principal atout, une électricité décarbonée. Le meilleur équilibre économique et social doit être trouvé entre plusieurs moyens d’action pour réduire encore nos émissions : l’efficacité énergétique, la sobriété, les EnR thermiques, les EnR électriques, le nucléaire.

Mais un débat parcourt la société française : faut-il réduire rapidement le rôle du nucléaire pour lui substituer les EnR électriques, solaire, éolienne et biomasse (en sus de l’hydroélectricité) ? Or la Cour des comptes, dans son rapport d’avril 2018 relève que le soutien de l’état est massivement consacré aux EnR électriques (87 %) : « Ainsi, compte tenu de son profil énergétique peu carboné, si la France avait voulu faire de sa politique en faveur des EnR un levier de lutte contre le réchauffement climatique, elle aurait dû concentrer prioritairement ses efforts sur le secteur des EnR thermiques qui se substituent principalement à des énergies fossiles émissives de CO2 ».  C’est également notre diagnostic.

D’où trois questions, dans une perspective de réduction au meilleur coût pour la société française des émissions de CO2 :

  • Les subventions aux EnR intermittentes que sont en particulier l’éolien et le solaire sont-elles justifiées d’un point de vue strictement économique. Les annonces répétées de compétitivité de leurs productions sont-elles vérifiées ? Prennent-elles bien en compte leurs caractéristiques : des productions intermittentes et aléatoires ?
  • Leurs impacts sur la réduction des émissions de CO2 sont-ils significatifs et les coûts de la tonne de CO2 évitée par l’éolien et le solaire sont-ils soutenables ?
  • Les technologies futures retenues dans les prospectives 2035/2050 pour un stockage de masse de l’électricité pour compenser l’intermittence des production des EnR sont-elles assurées ?

Nous montrons que, sur ces questions, la réponse est sans appel : cette priorité donnée au soutien des EnR intermittentes, et l’objectif de réduction du nucléaire dans les 15 prochaines années, ne sont pas justifiables. Nous rejoignons le constat de la Cour des comptes : « La place consacrée aux énergies renouvelables électriques dans la stratégie française répond à un autre objectif de politique énergétique, consistant à substituer les énergies renouvelables à l’énergie nucléaire ». Il est urgent de modifier cet état de fait et de redonner à la lutte contre le changement climatique une vraie priorité.

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Je suis tout à fait d'accord avec les arguments développés dans ton article et qui corroborent les chiffres fournis par un document de RTE.
ETUDES SCIENTIFIQUES