LA VERITE SUR LE NUCLEAIRE Le choix interdit

Corinne Lepage

LA VERITE SUR LE NUCLEAIRE

Le choix interdit

(Corinne Lepage ; Albin Michel)

 

Commenté par Pierre Audigier

 

 

Ce livre n’apportera certes rien de nouveau à ceux qui connaissent le sujet.

Il mérite toutefois qu’on s’y arrête, cela pour  au moins deux raisons :

·         La personnalité de son auteur qui fut ministre de l’environnement dans le gouvernement Alain Juppé (1995-1997). Aujourd’hui députée européenne sous les couleurs du Modem qu’elle a quitté depuis son élection.

·         Le contenu, qui rassemble les arguments des anti-nucléaires. Un bréviaire de l’anti-nucléarisme. 

 

La meilleure façon de présenter ce livre sans trahir la pensée de son auteure est d’en reproduire les paragraphes les plus significatifs, ce qui est fait dans ce qui suit.

En italique, sont présentées des premières réactions suggérées par la lecture du livre de Corine Lepage.

 

 

PROLOGUE.

 

Le nucléaire est un sujet largement tabou en France. Sous couvert d’un soutien de l’opinion française qui est présumé acquis, le lobby nucléaire a longtemps obtenu que le débat soit étouffé. Ainsi, les doses de radioactivité dans l’air restent en France largement secrètes. Les aficionados du nucléaire sont aussi nombreux au PS qu’à l’UMP ou au PCF.

Où est le débat public ?

C’est la raison pour laquelle je voudrais vous embarquer dans ce voyage au pays des risques méconnus et des réalités dissimulées.

 

1.LA RUPTURE QUE CONSTITUE FUKUSHIMA. (Chapitre1)

 

…lorsque le programme nucléaire français a été lancé dans les années 70…la simple hypothèse d’un accident a été écartée sur la base du théorème, dit rapport Rasmussen : un accident ne pouvait se produire que tous les 35.000 ans, autrement dit jamais.

PA : Le thème : « on nous  a toujours dit qu’il n’y aurait jamais d’accident » revient à de nombreux endroits du livre. Jamais Rasmussen n’a dit qu’il n’y aurait jamais d’accident.

 

Des accidents en série :

- Mayak

- Windscale

- Saint-Laurent-des-Eaux en 1969 où l’on avait frôlé l’accident majeur avec la fusion de cinq éléments combustibles 

- Chooz en 1968, le plus grave et le plus secret, qui avait mené en quelques heures d’une dislocation thermique et de rupture de l’ensemble des supports du cœur.

… quatre accidents restés confidentiels, sauf celui de S-L destiné (sic !) à justifier l’abandon de la filière graphite gaz. 

- La cinquième catastrophe, celle de Three Mile Island…dans un pays réputé à la pointe de la sécurité…

- Trois incidents graves se sont à nouveau produits à nouveau à S-L, à Chooz et au Blayais.

- Nous ne sommes pas passés loin du drame.

Il en a été évidemment autrement avec Tchernobyl, accident d’origine largement humaine.

PA : Rappelons qu’il y eut zéro mort à TMI. Corinne Lepage ne mentionne le concept RBMK que pour en vanter la robustesse ; elle n’évoque ni le coefficient de réactivité positif, ni la fragilité des tubes  de force etc.)

 

Les conséquences :

L’AIEA et, de façon plus surprenante, l’OMS, n’ont pas mis en place des systèmes (Tchernobyl) permettant de disposer d’informations fiables à ce sujet.

PA : L’accident survenu, Il était trop tard pour mettre en place l’infrastructure qui aurait permis une analyse approfondie des conséquences du drame. On connaît pourtant la situation qui prévalait au moment de l’accident : absence de statistiques fiables sur l’état sanitaire de la population avant l’accident, dispersion dans la nature des centaines de milliers de liquidateurs et mauvais suivi de la dose prise etc. l’AIEA n’y est pour rien. L’URSS pour beaucoup.

Le livre monumental d’Alexeï Yablokov et al « Tchernobyl, conséquences de la catastrophe pour les populations et la nature » retrace ce drame en synthétisant des centaines d’articles scientifiques relatant des études de terrain menées dans les territoires contaminés. 

L’effet de Tchernobyl est visible partout, à des divers degrés. Le nombre estimé des victimes - au sens large et non des morts -  s’élevait à plus de 900.000.

Le 18 avril 2006, Greenpeace…conclut, malgré quelques incertitudes, à 200.000 décès constatés en 2.001 en Russie, Biélorussie et Ukraine. A l’avenir plus d’un quart de million de cancers, dont près de 100.000 cas mortels, découleront de la catastrophe.

PA : Ce nombre est calculé en fonction d’hypothèses très controversées, notamment celle de la Relation Linéaire et Sans Seuil (RLSS).  Corine Lepage se garde bien de faire état de cette controverse.

Ces victimes souffrent de maux liés aux radiations : leucémies, cancers du côlon, du poumon, de la vessie etc. Arrêt du développement mental chez des enfants exposés in utero etc.

…la mise en examen tardive du professeur Pierre Pellerin, le chef d’orchestre de la diffusion des fausses informations sur le passage du nuage radioactif de Tchernobyl en France,  a mis en lumière le mensonge d’Etat; même si les faits sont anciens, il est insupportable que le lobby nucléaire ne laisse pas la vérité judiciaire s’établir. La preuve ? Le parquet, c’est à dire le ministre de la Justice, a demandé pour le scientifique…un non-lieu. Au scandale politique pourrait s’ajouter le scandale judiciaire. Un dossier enterré afin d’éviter une audience  rappelant des souvenirs gênants pour la droite.

 PA : Le soir du 30 avril 1986, soit quatre jours après la catastrophe ; Pierre Pellerin…rédige un communiqué de presse annonçant qu’on observe une augmentation du niveau de radioactivité sur l’ensemble du territoire français, mais que ce niveau ne justifie pas de prendre des mesures de santé publique particulières.

Le 12 mai, Libération publie un article prétendant que les pouvoirs publics français ont menti, que le nuage a bien survolé la France, et que le professeur Pellerin en aurait fait l’aveu deux semaines après la catastrophe. On attribue souvent au p.P. des propos selon lesquels le nuage se serait « arrêté à la frontière ». Ces propos ont en fait été tenus par Noël Mamère, qui les prêtait ironiquement au professeur Pellerin qui, depuis a gagné tous ses procès en diffamation[1].

 

Depuis Fukushima :

Fukushima change complètement la donne et particulièrement dans un pays comme le nôtre.

La réalité est que la contamination au césium s’étend bien au-delà de 40km.

 

De graves dissimulations :

Les dysfonctionnements de Fukushima viennent certes d’une erreur fondamentale du système de régulation tel qu’il a été installé et pratiqué au Japon, mais le système de régulation de la sûreté nucléaire est international, adopté à travers de nombreux codes de pratiques approuvés à un niveau mondial

…la vérité est que l’accident de Fukushima est une avarie du système tout entier, ce qui signifie qu’en raison de son caractère universel, cette défaillance pourrait survenir ou voisines aux Etats Unis, au France, ou …en France. En somme, partout où on trouve des réacteurs nucléaires.

PA : c’est là un autre thème de Corinne Lepage : la similarité des situations à Fukushima et en France. Donc ce qui s’est passé à Fukushima se passera en France. 

Pourquoi ? Tout simplement parce que le système de gestion du risque repose sur une analyse des probabilités qui permet de dire si un risque est acceptable et tolérable.

PA : L’ASN utilise l’approche « déterministe », approche que vient conforter une analyse probabiliste.

 

Une sécurité plus que contestable :

…toutes les centrales ont été conçues sur le même modèle d’évaluation des risques et, par conséquent, la plupart ne pourront sans doute pas répondre à un véritable test de résistance. Ce sont les certitudes de la technologie qui sont mises à mal, autant que celles des  ingénieurs…certitudes qui sont perçues comme de l’arrogance.

La capacité à contenir la radioactivité dans les enceintes de confinement… a sans cesse été démentie par les faits.

 

Le mythe :

En fait, sans le dogme - en réalité un mythe – d’une sécurité absolue, il ne peut y avoir d’industrie du nucléaire dans les pays démocratiques.

Si les outils de la désinformation sont toujours en place, les nouveaux moyens de communication, les mesures indépendantes et les réseaux sociaux rendent plus difficile qu’avant le maintien de la chape de plomb.

M Repussard…évalue le risque à 1 pour 20.000 réacteurs par an. Il existe 450 réacteurs, le risque est donc de un accident tous les vingt ans.

…Mme Lauvergeon ose affirmer : « S’il y avait eu des EPR à Fukushima, il n’y aurait pas eu de fuites possibles dans l’environnement, quelle que soit la situation »…(ce qui permet) de réaliser l’ampleur de la désinformation qu’on nous inflige depuis près de trente ans.

 

LA REALITE DU CHOIX FRANÇAIS DU TOUT-NUCLEAIRE (Chapitres 2 à 7)

 

2.La France en première ligne

Un véritable séisme pour notre pays.

Mes inquiétudes :

- La première vient des leçons à tirer en ce qui concerne les centrales les plus anciennes, qui n’ont pas été conçues pour résister à de tels risques.

- La seconde est d’ordre économique.

- La troisième est politique : l’application du secret défense et de la gestion du risque.

Nombre de nos centrales sont dans la même situation que celle de Fukushima et devraient être fermées.

…si le gouvernement a lancé une évaluation immédiate de notre parc, c’est dans le but de s’opposer au principe d’une mission menée au niveau européen par des experts de différentes nationalités. En refusant cette approche, qui garantirait l’objectivité de l’évaluation, le président Sarkozy se révèle plus proche du lobby nucléaire qu’on ne pouvait le penser.

 

Un débat indispensable

…Oettinger est décidé à obtenir des stress tests sur une base commune et à les faire réaliser par des experts autres que les autorités de sûreté nationale. L’opposition de la France rend bien évidemment sa position suspecte ;…nul ne peut douter que le pression va être très forte.

PA : la France n’est pas la seule à s’opposer à l’initiative du commissaire allemand.

On n’a encore rien vu de la façon dont  Oettinger entendait procéder ; ici comme ailleurs, c’est  le détail qui compte (the devil lies in the details).

 

3.Une tragédie nationale annoncée

 

Affronter la réalité

Il est indispensable de prendre la mesure de la tragédie nationale qui se joue  en ce moment.

Le sujet est à la fois central et en réalité assez mal connu de nos concitoyens.

La société française doit pouvoir, sur la foi d’études honnêtes, élaborées suivant le principe d’une expertise contradictoire et globale, faire un choix non pas idéologique mais stratégique, guidé par nos véritables intérêts à long terme ;

PA. Corine Lepage semble ignorer que l’ASN est aujourd’hui totalement indépendante et bénéficie de l’appui technique le plus puissant du monde, l’IRSN, lui-même indépendant du monde du nucléaire depuis plus de vingt ans..

 

4.Une industrie hors normes

En matière nucléaire … tout est différent. Cette particularité vient de ce que le nucléaire est d’origine militaire…les liens entre le civil et le militaire restent extrêmement étroits.

 

Le monopole de l’AIEA

La sujétion de l’OMS à l’AIEA.

PA : La description faite ici par Corine Lepage des activités de l’AIEA traduit une grande confusion ces deux  activités de l’Agence que sont la non prolifération et la sûreté nucléaire. Pour la première l’AIEA a des pouvoirs d’investigation. Pour la second il en va tout différemment.

L’AIEA, précise-t-elle, régit l’ensemble de la filière nucléaire, qu’il s’agisse des normes de sûreté, de la coopération, de l’inspection ou du soutien technique.

PA : Dans le domaine de la sûreté, L’AIEA établit des guidelines, certes fort utiles, mais qui ne prennent leur sens qu’à travers des normes édictées -  et dont l’application est vérifiée -  par les Etats.

L’Agence a un statut intergouvernemental. Elle fait appel à des experts désignés par les états membres, notamment pour l’évaluation (des « peer reviews ») de l’autorité de sûreté des pays qui le demandent.

 

La situation européenne

Pour ce qui touche aux normes et donc aux conséquences sanitaires de cette énergie, Euratom garde tout pouvoir. Est-ce normal ? Evidemment non, d’autant moins que 54% du budget de la recherche communautaire sont alloués à l’Euratom

Avec l’attribution de l’énergie au ministre de l’environnement il s’agissait seulement de créer l’illusion d’un contre-pouvoir de l’environnement face aux puissants réseaux…Une organisation qui a permis de dispenser le nucléaire de respecter le droit commun et de bénéficier de fonds illimités, à peine encadrés par des contrôles largement symboliques.

 

L’exception française

Avec le décret du 11-12-1963 relatif aux installations nucléaires …le parlement a été prié de regarder ailleurs pendant que se réalisait le choix le plus structurant de tout l’après-guerre, en violation flagrante de l’article 34 de la Constitution et avec la bénédiction du Conseil d’Etat de l’époque.

La création en 2006 d’un Haut Comité pour l’Information et la Transparence dans le domaine nucléaire dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est guère prolixe.

PA : Je note ici que la CRIIRAD, très proche de Corinne Lepage,  a refusé de participer à son conseil. Mme Rivasi est également députée européenne.

 

5.L’art de la désinformation

C’est l’autocontrôle du système nucléaire qui est à l’origine de la désinformation que nous subissons depuis trente ans…

Dans la mesure où l’objectif de l ‘AIEA est le développement de l’énergie nucléaire, la politique menée est celle d’une sous-estimation permanente des risques, un déni des réalités en face des conséquences liées à un accident, qu’il s’agisse de TMI ou de Tchernobyl et, aujourd’hui, de Fukushima …

…culture du déni qui se retrouve au sein des autorités de sûreté nationale, en France tout particulièrement, autorités qui se sont ridiculisées avec le nuage radioactif de Tchernobyl…IL est à tout le moins piquant de constater que, lorsque sont communiquées des informations d’ordre général sur les conséquences en France des retombées de Fukushima, la norme de référence est celle de Tchernobyl.

Maurice Tubiana qui a toujours nié les conséquences des accidents nucléaires et plus généralement celles de la radioactivité provenant des centrales. Il est notamment le père de la fable des 32 morts à Tchernobyl.

PA : Les 32 morts correspondent aux morts observés dans les 3 mois et dus aux effets déterministes des radiations. Il a été donné par le Forum Tchernobyl, mais pas inventé par Tubiana. Si on ajoute les décès liés aux cancers de la Thyroïde on arrive à 50 cancers liés. Les 32 morts immédiates sont le fait de ceux qu’on appelait les « pompiers » et dont le courage fut extraordinaire.

Il y a plus grave : certains journalistes sont connus pour faire des « ménages » chez EDF ou Areva, et les experts « neutres » invités par les médias oublient souvent de mentionner leurs liens avec l’industrie nucléaire. D’ailleurs on ne leur pose même pas la question, ce qui leur évite de mentir.

PA : Un long paragraphe est consacré à la controverse suscitée par la présence de Jean-Marc Jancovici au journal de 20 heures le 16 mars 2011. Présenté par Pujadas comme ni un pro ni un anti-nucléaire. Et Corine Lepage de conclure :

Ah Oui ? et comment appelle-t-on quelqu’un qui déclarait en 2007 : « Si tout ce que je laissais à mes enfants, ce sont des déchets radioactifs, cela me va très bien » ?

 

6.Un accident nucléaire en France est au-dessus de nos moyens

 

Scénarios catastrophe

En réalité, jusqu’à Fukushima, la France ne s’est réellement jamais posé la question d’un accident grave.

PA :les accidents dits « hors dimensionnement » sont étudiés  depuis longtemps.

 

Un accident ?

Tout cela montre qu’en réalité nos spécialistes ne croient pas un instant qu’un accident puisse se produire chez nous. Cela explique également que les Plans Particuliers d’Intervention (PPI) n’envisagent à aucun moment un scénario gravissime.

Lorsqu’on regarde la carte des implantations des réacteurs en France et leur proximité aux abords de grandes villes, on est suffoqué de constater que l’évacuation de vastes agglomérations n’a jamais été envisagée…Si l’on regarde les conséquences de Fukushima, on est estomaqué de ce qu’on découvre…

EDF et les autorités laissent croire à la population que des sapeurs-pompiers pourront assurer sa protection en cas d’accident radioactif de niveau 3 : il est pourtant évident que, même s’ils avaient tous les moyens humains et matériels, ils seraient totalement inopérants face à une pollution par des éléments radiotoxiques à des doses du millionième de gramme.

Et l’auteure de citer l’accident du Tricastin…qui aurait dû entraîner au minimum son classement à 3 sur l’échelle INES. 

PA.Si l’incident était effectivement de la classe 3, alors il est bien prouvé que les moyens humais et matériel sont avérés suffisants pour un accident  de classe 3 !

 

7.La guerre des mots

Les mots ont un sens. Le lobby nucléaire s’est donné pour objectif : « Remplaçons  « énergie renouvelables », par énergie « décarbonée ». … et le tour est joué ! »

 

Un pays hors normes

PA.Corine Lepage fait alors l’historique des efforts de la France pour assimiler le nucléaire à une énergie renouvelable, puis à une énergie « décarbonée, ce qui fait tout de suite plus propre » etc.

La France est parvenue  à préserver une réelle marge de manœuvre sur le nucléaire. Ils (Sarkozy et Berlusconi) ont obtenu largement gain de cause , les conclusions du Conseil européen faisant expressément référence, au côté des énergies renouvelables, aux technologies à faibles émission de CO2…un mois avant Fukushima !

Cette évolution repose sur une double mystification : le nucléaire ne produirait aucun effet de serre, ce qui est faux, et le critère des gaz à effet de serre, plus encore celui du CO2 serait encore seul à prendre en compte…Et surtout la pollution chimique et radioactive des centrales en fonctionnement normal est considérable, sans parler des prélèvements d’eau ; en effet 60% des prélèvements en France vont aux centrales.

L’objectif du président Sarkozy est de pouvoir siphonner au profit du nucléaire les subventions prévues en faveur des ENR.

 

CONSEQUENCES FINANCIERES ET INDUSTRIELLES (Chapitre 8 à 10).

 

8.Eliminer les énergies concurrentes

Dans deux articles parus il y a plus de deux ans j’envisageais ce qui s’est malheureusement passé, à savoir la destruction successive des différentes filières susceptibles de diversifier nos sources d’énergie.

 

Ecarter toute alternative

L’attaque s’est tout d’abord focalisée sur la première énergie mature et qu’il fallait donc impérativement limiter : l’éolien ;

La production annuelle devrait passer à 45 TW/h, soit 8.000 éoliennes au lieu de 2.500 aujourd’hui, avec un minimum de 500 « machines électrogènes » par an entre 2.O10 et 2013. Mais dans la réalité, tout a été fait pour contrecarrer, voir stopper ces installations en les soumettant à la législation des installations classées.

 

Une fausse piste

La filière photovoltaîque est très prometteuse mais elle sera vite instrumentalisée dans la bataille anti-éolienne.

PA : qu’en est-il des nouvelles technologies en ce domaine ? Ne se pourrait-il pas que la France ait bien fait de ne pas se précipiter sur la technologie actuelle ? 

Les objectifs étaient modestes avec une capacité installée 5.400 MW à l’horizon 20290, soit environ 1% de l’électricité consommée en France sur une année.

PA : décidemment, Corinne Lepage a des difficultés à distinguer puissance (5,4 GW) et énergie (environ 5 TWh, rapportés aux 500 TWh de consommation totale).

...Cette stratégie de blocage a mis en péril une énergie naissante …à la fois immorale et inopportune dans le nouveau contexte créé par le désastre japonais.

PA : L’immoralité du nucléaire est l’argument principal retenu par l’ « Ethik-Kommission » mandaté par Merkel dans son rapport « Deutschlands Energiewende- Ein Gemeinshaftswerk für die Zukunft » destiné à justifier la nouvelle politique allemande.

 

9.Les trous sans fond du nucléaire

 

Une nouvelle machine infernale

Longue énumération des coûts cachés.

 

Une sécurité incertaine

Les Autorités de sûreté britannique, française et finlandaise ont émis en novembre 2009 d’importantes réserves sur un aspect central de l’aventure, le contrôle-commande de l’EPR

PA : Reconnaissons ici que le timing et la façon dont la chose a été annoncée sont de nature à jeter le trouble dans l’esprit des mieux disposés. Les explications du type « ce n’est là que l’expression normale du dialogue entre autorités de sûreté et industrie » tombent un peu à plat puisque, quais en même temps, des retards supplémentaires étaient annoncés.

Cette question est aussi au cœur d’un document interne à EDF, rendu public et non démenti, mettant l’accent sur le risque lié an particulier à certains modes de pilotage du réacteur qui pourraient entraîner un accident d’éjection de grappes. Le résultat ? presque rien : l’explosion du réacteur.

Deuxième risque : celui de l’acier inoxydable utilisé dans les enveloppes des mécanisme de commande de grappes. Cet acier vieillit mal.

Troisième vulnérabilité : l’absence de dispositif de blocage de l’éjection des grappes de commande. Suivant une note rédigée par le chef de département combustibles d’EDF en 2001, ces éjections peuvent conduire à un accident de type Tchernobyl.

A quel moment le ministre en charge de la question, J-L Borloo d’abord, NKM aujourd’hui, sont-ils intervenus ? Comprennent-ils même la gravité de la situation ? S’ils savent, pourquoi se taisent-ils ?

 « Un responsable EDF m’a dit que les diesels auraient été noyés de la même façon à Flamanville, donc le même accident aurait eu lieu » écrit Jacques Foos, directeur du laboratoire des sciences nucléaires au CNAM.

 

Le grand rêve

Ce grand rêve s’appelle ITER.

Philippe Lowe (directeur « Energie » à la Commission Européenne) voudrait voir une redéfinition des priorités de financement (7ème programme-cadre R&D) qui soit favorable au stockage de carbone au niveau tant européen que national.

PA : Corinne Lepage reprend ici les critiques qui ont été faites à ce projet par quelqu’un comme Charpak qu’on ne saurait considérer comme anti-nucléaire.

Mais nous sommes là hors un peu sujet.

Cerise sur le gâteau, des chercheurs américains … auraient réussi « à franchir pour la première fois la barrière d’un mégajoule avec plus de 111 millions de degré C. en concentrant des rayons laser de grande puissance dans un tube pas plus grand qu’un taille crayon.

 

10.Le défi financier : qui va payer ? 

 

Premier secret bien gardé : celui de la gravité de l’endettement des deux groupes qui sont au centre de la filière.

PA : S’agissant d’AREVA, la chose s’explique d’elle-même

Mais, s’agissant d’EDF, Corinne Lepage semble ignorer une situation réglementaire qui ne cesse de changer. Elle se dit partisane de la concurrence mais feint aussi d’ignorer que la concurrence conduirait à une augmentation radicale des prix. 

 

Une situation tendue

Le débat sur le prix réel du kWh nucléaire est désormais ouvert

Henri Proglio a gagné sur toute la ligne

Il porte également sur le coût de l’aval et en particulier sur le coût de l’enfouissement.

PA.Corine Lepage aurait pu citer ici le cas Finlandais. Il y aurait en effet des enseignements à tirer de la façon dont la Finlande a traité ce problème.

 

Des trous bien dissimulés

Selon un rapport de l’ENA, le soutien à la recherche nucléaire depuis 1974 s’élèverait à 159 milliards d’euros

 

CONSEQUENCES SOCIETALES (Chapitres 11 à 14)

 

11.Le coût pharaonique du démantèlement

 

PA.Corine Lepage aurait pu s’informer auprès de Yves Cochet, son collègue au Parlement européen qui déclarait à l’émission « C dans l’air » que le démantèlement était gérable ; il répondait il est vrai à une question qui portait sur la nouvelle politique allemande ! Vérité de ce côté du Rhin, erreur de l’autre.

 

12.Une évaluation malhonnête

 

La sécurité ?

Les impératifs de rentabilité accroissent par ailleurs les risques dans notre société. La preuve en est qu’en France, le nombre des incidents dans nos centrales ne cesse d’augmenter.

Selon un rapport de l’IRSN publié en janvier 2011, 713 événements significatifs ont été recensés en 2009. Une hausse de 14% par rapport à 2008.

 

La couverture en cas d’accident ?

Le plafond des risques reste ridicule…Assurer l’ensemble des centrales obligerait EDF à une hausse des prix …du triple du coût de production actuel.

 

13.Coûts et avantages : le jeu en vaut-il la chandelle ?

 

Des avantages qui existent…

… mais des arguments sujets à caution

La France affiche un taux d’indépendance énergétique de 51% contre 41% pour l’Allemagne en 2009 ; mais si on prend en compte l’importation de l’uranium, les taux d’indépendance respectifs sont de 6% pour la France et 30% pour l’Allemagne.

PA : on retrouve cet argument un peu partout. Et pourtant la rupture totale de nos approvisionnements en pétrole aurait de toutes autres conséquences qu’une rupture de nos approvisionnements en uranium, tout simplement parce qu’il est plus facile de stocker l’uranium que le pétrole. Peu probable en outre que le Canada cesse brutalement ses exportations vers la France.

…sans compter que …le cœur de nos centrales est tout de même sous licence américaine.

PA : L‘auteur ignore que laFrance a recouvré son indépendance depuis longtemps !

 

14.Ce que nous avons laissé faire

… une situation tellement irrationnelle qu’une question vient immanquablement à l’esprit. Comment est-ce possible ?

En France, tout est parti de la défaite de 1940 et du souci de l’indépendance nationale à tout prix. C’est l’élite des grands corps de l’Etat qui a fait ce choix et l’a imposé au pays.

 

Un lobby d’Etat

Il faut ajouter les associations dont le soutien est précieux pour le lobby.

-  François Sorin, qui monte au créneau chaque fois que sort une critique du nucléaire mais qui se présente comme un expert indépendant

-  L’association des écologistes pour le nucléaire, présidé par Bruno Cromby

-  Les 3000 consultants d’EDF, tel J-M Jancovici – qualité qu’il tait souvent, par modestie sans doute.

-  L’association « Défendons le climat » (sic) dont sont membres fondateurs d’anciens salariés d’Areva et d’EDF.

PA : Je ne sache pas que Francis Sorin cache ses fonctions à la SFEN (Société Française de l’Energie Nucléaire). Quant à la référence à « Défendons le climat », gageons que, si elle en consultait plus souvent le site, Corinne Lepage serait mieux informée.

 

14.SCENARIOS DE SORTIE VERS UNE SOCIETE POST-NUCLEAIRE (Chapitre 15).

Au terme de ce voyage inquiétant, il faut bien l’admettre, sur beaucoup de plans, il est grand temps de poser les bases d’une véritable rupture.

Sondage Ifop du 31 mars : 83%  des personnes souhaitent que la France réduise sensiblement la part du nucléaire, 73% estiment que c’est possible et 56% se disent inquiets de l’état du parc français ;

C’est techniquement faisable et certains pays se sont donné ces objectifs.

C’est coûteux, certes, mais cela rapporte des emplois, des impôts et l’économie s’en trouve dynamisée.

PA : L’objectif du système électrique…c’est de produire de l’électricité ; ce n’est pas de « rapporter » des emplois.

La société post-nucléaire nous apportera : vérité, décentralisation, création d’emploi et nouvelle dynamisation de l’économie, indépendance énergétique, un scénario gagnant-gagnant.

La méthode qui permettrait de mettre en œuvre une telle transformation : donner aux Français le droit de choisir.

PA. Qui ne souscrirait à un tel programme ?

*            

Le raisonnement est de même nature que celui qui a servi à justifier la libéralisation des marchés de l’énergie : une idéalisation du système futur opposée à une caricature du système existant.

 

 

 

Pierre AUDIGIER

 

[1] Si Noel Mamère a été relaxé par la cour européenne de justice, c'est aun nom de la liberté de la presse et non sur le fond.

  • Assemblée Générale Ordinaire des Adhérents de Sauvons Le Climat
Références