Le solaire fait son apparition dans la campagne présidentielle

SLC


Communiqué de presse : Le solaire fait son apparition dans la campagne présidentielle

Le 18 Janvier 2007

Le 31 janvier lors de la signature de la « charte Nicolas Hulot » par les candidats à la présidentielle, une affirmation de Madame Royal nous a surpris :
« Aujourd’hui, il n’existe pas sur le territoire national une seule usine de fabrication de panneaux solaires. C’est souvent faute d’avoir anticipé, faute d’être visionnaire, que l’on est confronté à des problèmes. ».
Le terme « panneaux solaires » recouvre sans doute, ici, aussi bien les capteurs thermiques, chauffant de l’eau, que les capteurs photovoltaïques produisant de l’électricité.

Dans les deux cas, il existe un certain nombre de fabricants sur le territoire national. La France compte même un « pionnier » dans chacun des domaines : Giordano en thermique, à Aubagne, et Photowatt en photovoltaïque, établi aujourd’hui à Bourgoin Jallieu, et 11ème producteur mondial. Photowatt à Caen a racheté en 1979 à Philips RTC l’activité photovoltaïque qui a installé en 1968 les premiers générateurs photovoltaïques terrestres au monde. Photowatt a fourni ensuite les modules alimentant toutes les premières mondiales en applications photovoltaïques, anticipations quasiment toutes françaises. Si nous savons anticiper, peut-être oublions-nous ensuite de concrétiser ?
La France accueille trois autres fabricants : Free Energy à Lens, Solems à Palaiseau, et surtout Tenesol à Toulouse. Tenesol, filiale d’EDF et Total, produit aussi en Afrique du Sud, et devrait dépasser Photowatt en 2007.

Cette information inexacte donnée à la candidate par ses conseillers est de bien moindre importance que leur erreur d’évaluation, prise en compte dans son programme, sur le rôle possible des différentes technologies renouvelables. La lutte contre le réchauffement climatique est une priorité absolue largement admise. Seules les énergies renouvelables et le nucléaire ne contribuent pratiquement pas à ce réchauffement.

S’agissant de productions nationale et européenne d’électricité, l’hydraulique a peu de capacités supplémentaires (l’essentiel du potentiel français a été équipé et la nouvelle Loi sur l’eau et les milieux aquatiques entravera vraisemblablement l’exploitation des sites encore disponibles) et la biomasse n’a que des possibilités réduites pour la production d’électricité. Le solaire photovoltaïque comme l’éolien sont des énergies intermittentes. Les réseaux ne peuvent absorber une proportion d’énergies intermittentes importante, faute de moyens massifs de stockage d’électricité, moyens non envisageables sinon, peut-être, à très long terme[1]. Par ailleurs, ces énergies ne produisent leur puissance maximale que pendant 20% du temps environ. La conjonction des ces deux facteurs limite, pour longtemps encore, à moins de 10% la contribution de ces énergies intermittentes dans le mix de production d’électricité européen.

Dans ces conditions, la réduction de la part du nucléaire à 50 %,préconisé antérieurement par Madame Royal, ne pourra se réaliser sans recours aux énergies fossiles augmentant l’effet de serre.

Rappelons que, dès maintenant, les énergies renouvelables sont fortement subventionnées, soit directement, soit indirectement par la pratique de l’obligation d’achat. Nous avons déjà attiré l’attention sur la rente offerte par la construction d’éoliennes. Pour le photovoltaïque, les subventions (y compris un crédit d’impôt de 50% du prix du matériel) atteignent 75% dans certaines régions. Le prix de rachat de 55 c€ par kWh assure alors un retour sur investissement en 4 à 5 ans. Dans ces conditions, pour les particuliers c’est, de loin, l’investissement le plus rentable à la fois dans le domaine des économies d’énergie et dans celui des énergies renouvelables[2]. Cette excellente rentabilité a d’ailleurs l’effet pervers de décourager les investissements dans les économies d’énergie puisque le crédit d’impôt est calculé sur une période de 5 ans et porte indistinctement sur les dépenses d’économie d’énergie et les investissements dans les énergies renouvelables. Nous suggérons que les deux types de dépenses soient traités indépendamment. La question se pose d’ailleurs de savoir s’il ne vaudrait pas mieux subventionner davantage les dépenses ayant une efficacité certaine sur les émissions de gaz à effe de serre (comme l’isolation des logements, ou les installations solaires thermiques) que celles relatives au développement de la production d’électricité renouvelable, alors que le contraire est fait actuellement (crédit d’impôt de 25% pour les matériaux isolants contre 50% pour le solaire photovoltaïque).

Ajoutons que :


- le solaire photovoltaïque autonome, avec stockage sur batteries, a un brillant avenir dans les zones non reliées à un réseau électrique des pays en développement pour apporter, avec l’électricité, un confort minimum, la santé, l’éducation et une amorce de développement économique. De plus il y est, dès maintenant, économiquement rentable en se substituant à des équipements archaïques (bougies par exemple) ou polluants et onéreux (groupes électrogènes, piles).


- le solaire thermique peut contribuer au chauffage partiel (50 à 75%) d’une maison et à la production d’eau chaude sanitaire. L’impact peut en être important, vu la place primordiale du chauffage dans le bilan énergétique national. Dans les conditions françaises, c’est une des formes d’énergie renouvelable à soutenir fortement.

[1] RTE estime que des adaptations de son réseau seront nécessaires dès lors que plus de 7 000 MW d’énergies intermittentes seront installées en France. Il en est prévu 20 000 MW à l’horizon 2015. Rappelons aussi que la partie orientale de l’Allemagne a eu, le 4 novembre dernier, énormément de mal à rétablir les conditions normales de son réseau du fait de ses 10 000 MW éoliens (sur un total de 63 000 MW opérationnels au moment de la panne E.ON).

[2] Par exemple, une dépense nette de 5 000 € en photovoltaïque intégré à la construction assure un revenu annuel d’environ 1 000 € tandis que la même somme investie dans des doubles vitrages ne permet guère qu’une économie annuelle d’environ 200 €.


Le collectif «Sauvons le climat» fondé en mai 2004, association loi 1901 depuis Décembre 2005, a pour ambition d’informer nos concitoyens, de manière indépendante de tout groupe de pression ou parti politique, sur les problèmes relatifs au réchauffement climatique et sur les solutions proposées pour le ralentir. Il est doté d’un comité scientifique, présidé par Michel Petit, ancien responsable du groupe français d’experts au GIEC. Son manifeste a été signé par plusieurs milliers de personnes.

La signature du manifeste et les adhésions sont possibles sur le site www.sauvonsleclimat.org

  • Assemblée Générale Ordinaire des Adhérents de Sauvons Le Climat
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