Peut-on parler simplement du prix des énergies intermittentes (solaire et éolien) et de leur capacité à éviter les émissions de CO2 ? (Communiqué)

Le piège des comparaisons des prix directs des divers moyens de production.

Le coût de la tonne de CO2 évitée est-il acceptable en France ?

Pour 2019, la Commission de Régulation de l’énergie (CRE) évalue à 7,79 milliards d’euros les aides directes aux énergies renouvelables (solaire photovoltaïque, éolien, biogaz, etc.), en croissance de 12 % par rapport à 2018. Les aides affectées aux seules EnR (énergies renouvelables) électriques sont de 5,31 milliards, dont 3,85 milliards en faveur de l’éolien et du solaire. Ces deux derniers captent donc la moitié du soutien public direct. D’ici 2035, les investissements déjà réalisés, ou actés par le gouvernement, dans les énergies renouvelables électriques, éolien et solaire essentiellement, vont coûter 141 milliards €, dont une quinzaine seulement pourrait être déduite par suite de la renégociation des contrats sur l’éolien en mer.

Trois constats interrogent sur la pertinence de ces engagements, considérables :

  • Les industriels des énergies renouvelables clament que ces EnR intermittentes sont devenues compétitives. Pourquoi de telles aides, alors que la CRE s’inquiète depuis des années de taux de rentabilité excessifs de ces projets.
  • Ces EnR intermittentes n’apportent qu’une réduction très faible de nos émissions de gaz à effet de serre (1,6 % des émissions françaises) : le coût de la tonne de CO2 ainsi évitée aujourd’hui est considérable, environ 20 fois supérieur à celui de la taxe carbone.
  • Les éléments constitutifs (nacelles éoliennes et panneaux solaires) sont aujourd’hui importés à plus de 99 %.

Dans la note de Jean-Pierre Pervès que « Sauvons Le Climat » publie sur son site[1], nous analysons la situation à partir des données officielles sur l’énergie, celles du gouvernement français, pour l’année 2017. De cette analyse ressortent des faits essentiels :

  • Le développement de l’éolien et du solaire n’est pas justifié, du moins si on donne la priorité à la lutte contre le changement climatique. Comme le dit la Cour des comptes, il vise essentiellement à une diminution du nucléaire, énergie n’émettant pourtant pas de CO2. Plus globalement, les émissions de CO2 de notre pays sont encore en croissance malgré un prélèvement considérable, la TICPE (Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits énergétiques) devant au total rapporter 17 milliards d’euros de recettes à l’État en 2019[2].
  • Les prix de vente annoncés pour l’éolien et le solaire ne représentent pas la réalité car ils oublient les équipements supplémentaires indispensables pour pallier les conséquences de leurs productions intermittentes et aléatoires, qui font qu’elles ne peuvent rendre les mêmes services que les énergies pilotables (nucléaire, fossiles, biomasse et hydraulique).
  • Ces EnR électriques se substituent très peu aux moyens de production actuels car il faut assurer la production quand il y a peu (ou pas) de vent et de soleil, l’essentiel du temps : ce sont donc largement des surinvestissements.
  • Une réduction de la part du nucléaire, conjuguée à la disparition annoncée des centrales à charbon, va fragiliser le fonctionnement de notre réseau électrique et accroître notre dépendance vis-à-vis du gaz, lequel est importé. En outre, le rôle de l’électricité française dans le réseau européen va décliner ainsi que sa capacité d’exportation. C’est toute une industrie qui est mise en péril (plus de 200 000 emplois).

D’où les trois questions étudiées dans le rapport de Jean-Pierre Pervès, dans une perspective de réduction au meilleur coût pour la société française des émissions de CO2 :

  • Les subventions aux EnR intermittentes que sont en particulier l’éolien et le solaire sont-elles justifiées d’un point de vue strictement économique ? Les annonces répétées de compétitivité de leurs productions sont-elles vérifiées et prennent-elles bien en compte les coûts qu’induisent l’intermittence et le caractère aléatoire de ces productions ?
  • Leurs impacts sur la réduction des émissions de CO2 sont-ils significatifs et les coûts de la tonne de CO2 évitée par l’éolien et le solaire sont-ils soutenables ?
  • Les prospectives présentées pour 2035, voire 2050, sont-elles réalistes alors que les moyens de stockage de masse d’électricité restent embryonnaires ?

 

[1] La note de Jean-Pierre Pervès est accessible sur le site de « Sauvons Le Climat » : https://www.sauvonsleclimat.org/fr/base-documentaire/electricite-intermittente-vrai-cout-2018
et téléchargeable au format PDF : https://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/pdf_files/etudes/electricite-intermittente-vrai-prix_19-nov-2018.pdf

[2] D’autres taxes interviennent, plus ou moins interconnectées (TICFE, TICC, TICGN, CSPE), éventuellement soumises à la TVA

COMMUNIQUES