Des membres de "Sauvons le climat" parmi les 700 signataires de la pétition

Hervé NIFENECKER

Un moyen efficace de lutter contre le réchauffement climatique

700 chercheuses,  chercheurs, enseignantes et enseignants, actifs dans le domaine de la climatologie,  ont publié une tribune dans « Libération » appelant les gouvernements à prendre enfin des mesures efficaces de lutte contre le réchauffement climatique.

Sauvons Le Climat salue cette initiative à laquelle certains de ses responsables ont participé. Le nombre de jeunes chercheuses chercheurs signataires de cette tribune est particulièrement encourageant pour l’avenir.

Comme Sauvons Le Climat l’avait souligné, la tribune souligne une évolution inquiétante des émissions de CO2 (+ 1,8 % en Europe et + 3,2 % en France en 2017 par rapport à 2016). SLC constatait en même temps que des sommes considérables avaient été engagées dans le développement  de la production d’électricité éolienne et photovoltaïque. Nous n’avons pas le droit de nous voiler la face. Sortir du nucléaire ou en réduire la part, non seulement ne se traduit pas par une diminution des émissions de CO2, mais tend à les augmenter. Espérer sortir à la fois du nucléaire et des énergies fossiles grâce aux énergies renouvelables intermittentes relève de l’illusion ou de la tromperie. Nous appelons les signataires de la tribune à en prendre conscience. En France il s’agit bien de renoncer à l’objectif de réduire la part du nucléaire et de concentrer les efforts sur la mobilité et la production de chaleur dans les logements et bureaux en restreignant l’usage du gaz et du fioul dans les systèmes de chauffage.

Nous publions ci-dessous des prises de positions de climatologues réputés qui ont compris depuis longtemps l’utilité du nucléaire dans la lutte contre le réchauffement climatique :

André Berger,

Pionnier pour l’explication quantitative des oscillations climatiques glaciaire-interglaciaire, membre de l’Académie Royale de Belgique et de l’Académie des Sciences écrit dans une lettre au Président de la République (traduction de l’anglais) :

Monsieur le Président,

Parmi les pays industrialisés, la France a les meilleures performances en ce qui concerne les émissions de CO2. L’intensité CO2 de la France est de 0,1 kgCO2/dollar, celle du monde entier est 4 fois plus grande. Celle des USA atteint 0,3 kgCO2/dollar, celle de l’Allemagne 0,2, celle de la Chine 1 kgCO2/dollar. Si tous les pays avaient adopté le même mix énergétique que la France les émissions annuelles mondiales auraient été divisées par plus de 4 de 32 milliards de tonnes à moins de 8 ; proche de la neutralité Carbone et des conditions nécessaires à la stabilisation de la température. Bénéficiant d’une électricité propre, la France pourrait aller encore plus loin dans la dé-carbonisation de son économie en électrifiant ses moyens de transport individuels et le chauffage de ses logements et bureaux. Ces performances extraordinaires sont dues à la forte proportion d’énergie nucléaire dans son Mix électrique.

Après la démission de votre Ministre Nicolas Hulot et la parution du rapport de MM. d’Escatha et Laurent Collet Billon, la France peut, à nouveau, choisir une politique nucléaire favorable à l’environnement. Avec d’autres collègues internationaux climatologues, je vous encourage par la présente à continuer dans cette direction.

Jean Poitou,

Physicien–climatologue, ancien adjoint au directeur du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE), laboratoire mixte CEA-CNRS-Université VSQ écrit dans une lettre au Président de la République 

Monsieur le Président,

Vous avez exprimé avec force et dans des circonstances variées votre engagement profond pour agir vigoureusement afin d’éviter un emballement de la machine climatique, gros de risques pour l’avenir de l’humanité posant ainsi la France et vous-même comme leader de la lutte contre le réchauffement climatique mondial.

Le réchauffement climatique en cours, on ne pourra pas l’annihiler, mais on peut le contenir dans des limites gérables à condition de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, au premier rang desquels se trouve le CO2 (le dioxyde de carbone).

Où la France est-elle émettrice de CO2, c’est très majoritairement dans les transports et dans le chauffage. C’est donc là qu’un ministre de l’environnement doit agir pour réduire les émissions, et non dans la production d’électricité, où la France, grâce au nucléaire et à l’hydraulique, se place parmi les pays les plus exemplaires pour leurs émissions de CO2 par habitant.

Au nom d’une certaine conception de l’écologie, le ministre démissionnaire, Nicolas Hulot, s’est attaché à réduire la production d’électricité nucléaire au profit de sources d’énergie intermittentes qui nécessitent la disponibilité constante de sources de remplacement pilotables d’une capacité bien supérieure à ce que peut produire l’hydraulique sur notre territoire. L’exemple allemand, mais aussi l’ensemble expérimental de EL Hierro, sont là pour nous montrer que, dans l’état actuel de la technique, une part appréciable les sources de remplacement sont des émetteurs de CO2. Réduire le nucléaire au profit de sources intermittentes s’avère donc, dans les faits, contradictoire avec la lutte pour la préservation de notre climat.

Pour permettre à la France de tenir son rôle majeur dans la lutte en faveur du climat, il apparaît essentiel que votre prochain ministre de l’environnement bâtisse ses options sur la réalité scientifique et technique sans rejet a priori pour des considérations purement idéologiques.

Ainsi apparaîtrez-vous comme le leader efficace et réaliste de la lutte contre le réchauffement climatique dont notre planète a besoin, et, une fois encore, la France mènera un combat vital pour l’humanité.

François-Marie Bréon

Chercheur–climatologue et directeur adjoint du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (CEA-CNRS-Université VSQ), écrit dans une lettre au Président de la République 

Monsieur le Président

Depuis le début de votre mandat, vous avez affiché des positions montrant clairement que vous avez saisi l’urgence climatique : Les activités humaines génèrent des gaz et en particulier du dioxyde de carbone, ces gaz modifient la composition atmosphérique et augmentent l’effet de serre, cette modification conduit à une augmentation des températures entraînant des perturbations météorologiques qui impactent les écosystèmes et les activités humaines. Le changement climatique est là, il va s’amplifier, et il est absolument nécessaire de le limiter.

Limiter le changement climatique, c’est diminuer nos émissions de gaz à effet de serre et en particulier de CO2. Lorsqu’on analyse les performances des différents pays sur ce plan des émissions, la France est un relativement bon élève parmi les pays industrialisés et cette performance est uniquement due à sa production électrique. Sur les autres secteurs (transport, chauffage, procédés industriels …) la France est dans la moyenne. Il est donc paradoxal de constater que la lutte contre le changement climatique se soit focalisée sur une modification de notre mix électrique. Pourquoi casser LE secteur sur lequel la France a des performances remarquables, grâce essentiellement à son secteur nucléaire ? Il est pourtant clair que, si on veut vraiment diminuer les émissions de CO2 de la France, c’est sur les autres secteurs qu’il faut porter l’effort.

Nicolas Hulot a voulu mener un combat pour la diminution du nucléaire, première étape vers la sortie. C’est là un combat contradictoire avec la volonté affichée de diminuer les émissions de CO2. Un simple exemple : La centrale nucléaire de Fessenheim permet d’éviter de recourir aux combustibles fossiles pour la production d’électricité. Même si sa production n’était pas nécessaire en France du fait d’une certaine surcapacité (ce que je ne crois pas), la production de Fessenheim peut être exportée vers l’Allemagne et ainsi éviter de faire fonctionner une centrale au Charbon fortement émettrice de CO2. Sur le plan du climat, fermer Fessenheim alors qu’elle est jugée sûre par l’ASN est une erreur.

Il me paraît donc essentiel que votre prochain Ministre de l’environnement ne soit pas aveuglé par un objectif de sortie du nucléaire. La priorité doit être la diminution des émissions de CO2, et cet objectif doit s’appliquer au court terme comme au moyen terme.

James Hansen, 

Ancien directeur du Goddard Institute for Space Sciences (NASA), Directeur « Climate Science, Awareness and Solutions Program » Columbia University Earth Institute. Il fut le premier climatologue à attirer l’attention du Sénat américain et du Monde entier sur l’existence et les dangers du réchauffement climatique en 1985.

Il a publié, avec ses collègues internationalement reconnus, Kerry Emmanuel, Ken Caldera et Tom Wigley, plusieurs articles affirmant la nécessité du nucléaire pour venir à bout du réchauffement climatique comme celui paru dans « The Guardian » le 3 décembre 2015 : « Nuclear power paves the only viable path forward on climate change. Tr : L’énergie nucléaire ouvre la seule voie viable pour progresser sur le problème du changement climatique ».

 

Très bonne intervention, bravo Hervé.
Espérons que cela produira des résultats, l'argumentation est bien amenée.
E H
COMMUNIQUES