Analyse critique de la proposition de réduire la part du nucléaire à 50% du mix électrique en 2025

SLC

 

Sauvons Le Climat

12 octobre 2011

 

 

Sous la pression des « Verts »  il est devenu populaire, de s’engager à réduire la part du nucléaire, quand ce n’est pas d’en sortir à terme. François Hollande propose, par exemple, de ramener cette part à 50% d’ici 2025. Une telle proposition est-elle réaliste, alors que l’engagement de diviser par 4 les émissions de CO2 d’ici 2050 nécessite de les réduire d’au moins 30 % d’ici 2025 ?

 

 « Sauvons le Climat » avait  étudié différents scénarios qui pourraient permettre d’atteindre cet objectif en faisant varier les émissions de CO2 et le niveau de la consommation d’électricité. Le détail de ces scénarios n'est  malheureusement plus accessible sur le site de Sauvons le Climat ( http://www.sauvonsleclimat.org/production-denergie/energies-renouvelables-sporadiques/analyse-critique-de-la-proposition-de-reduire-la-part-du-nucleaire-a-50-du-mix-electrique-en-2025.html )

Nous en résumons les principaux résultats :

- Dans l’option dite « fossile » on suppose, sans réduction de la consommation que les réacteurs sont remplacés par des centrales à gaz. Les besoins en gaz augmentent de 50% et les émissions de CO2 augmentent de 45 Mt, soit 13% des émissions totales actuelles.

- Dans l’option « renouvelables » on suppose, toujours sans réduire la consommation, que la production par l’éolien et le solaire est poussée au maximum compatible avec la stabilité du réseau. La production éolienne atteint 65 TWh pour une puissance de 30 GW (supérieure à l’objectif du Grenelle) et la production photovoltaïque  5 TWh pour une puissance de 6,3 GW. Dans ces conditions,  la part du nucléaire passe à 67%. Il apparait clairement  que la production renouvelable ne peut, à elle seule, ramener la part du nucléaire à 50%

- Dans l’option « d’austérité électrique » on allie un maximum de contribution des énergies renouvelables intermittentes à une réduction de la consommation. Pour atteindre une part de 50% du nucléaire la consommation d’électricité doit être divisée par 2 d’ici 2025 !

- Dans l’option « gaz » la contribution des ENR est maximisée, la part du nucléaire est divisée par deux et le complément est apporté par des centrales à gaz. Les besoins en gaz augmentent de 14 Mtep, et les émissions totales de CO2  de 8%

 

Il est clair qu’au regard des impératifs économiques ou climatiques aucune de ces solutions n’est acceptable.

Une option impliquant le maintien du nucléaire à son niveau actuel et une augmentation de l’ordre de 33 % de la production électrique par des centrales à gaz, combinée à un accroissement parallèle de la part de la production de chaleur par l’électricité a finalement retenu l’attention de « Sauvons le Climat ». Cette option n’entraine en effet pas d’augmentation des rejets de CO2, ce qui peut paraître paradoxal !  

Cette proposition trouve toute sa pertinence si l’on sait que les performances des centrales à cycle combiné (CCG) sont devenues telles que les consommations en énergie primaire des appareils de chauffage électriques reliés à de telles centrales sont équivalentes à celles des appareils de chauffage brulant directement du gaz ou du fuel.

 

Les avantages de cette proposition (détaillée sur le site) sont nombreux :

-      Le développement de la part de l’électricité produite par des centrales à gaz, dont la production peut varier très rapidement, permettra de mieux répondre à la fois aux demandes de pointes de production et aux aléas qu’impliquent les ENR, sans avoir à investir des sommes considérables dans les réseaux.

-      La centralisation de la consommation du gaz permettra, dès lors que les technologies de captage stockage seront au point, d’éliminer une bonne par des rejets de CO2, ce qui est impossible avec des chaudières individuelles.

-      La relative modestie des investissements nécessités par l’installation de centrales à gaz autorisera leur remplacement dès lors que d’autres technologies plus performantes apparaîtront ou si l’augmentation  des prix du gaz se concrétise.

Bien entendu, l'augmentation de la part du chauffage électrique proposée ici ne dispense pas de rechercher l'efficacité énergétique par une politique d'isolation des bâtiments et le développement des pompes à chaleur.

 

Cependant cette proposition ne permet pas de réduire les émissions actuelles de CO2  pour atteindre l’objectif de leur réduction par un facteur 4 en 2050, objectif que seul, aujourd'hui, le scénario Negatep1, mis au point par Sauvons le Climat, permet d’atteindre de façon économiquement viable, sans dommage social et sans altération de notre mode de vie.

   Cette proposition ne peut donc être considérée que comme transitoire avant que d’autres techniques de production d’électricité, décarbonées et économiquement acceptables, aient pu être mises en oeuvre  pour remplacer les centrales à gaz.

 

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1Pour diviser par quatre les rejets de CO2 dus à l’énergie, le scénario Negatep est basé sur trois orientations majeures :
- quasi stabilisation de la consommation d’énergie finale alors que, selon la tendance des dix dernières années, elle augmenterait de près de 1 % par an
- forte réduction de l’usage des combustibles fossiles, dans le résidentiel et le tertiaire, les transports et l’industrie ;

- augmentation de la part de l’électricité dans le mix énergétique, avec maintien de la part de l’énergie nucléaire et contribution des énergies renouvelables, sans appel aux centrales à gaz

 https://www.sauvonsleclimat.org/fr/ressources/base-doc/negatep-2014-diviser-par-quatre-les-rejets-de-co-2-dus-a-l-energie-le-scenario-negatep

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