Comprendre le chauffage électrique

SLC

COMPRENDRE LE CHAUFFAGE ELECTRIQUE

 

Sauvons Le Climat              8 septembre 2009

Après le vote de la loi Grenelle 1, qui réglemente les consommations de chauffage au niveau de l’énergie primaire consommée, le débat sur le chauffage électrique va se déplacer sur les textes d'application, Rappelons que 70 % des logements neufs optent pour des solutions électriques, un taux qui s’explique notamment par le coût réduit des systèmes de chauffages radiants et par la possibilité de produire l’eau chaude par ballon à accumulation(1).

Le fait de prendre pour base de calcul l’énergie primaire et non l’énergie finale, revient selon les standards en vigueur en France (2), à multiplier par prés de trois la consommation énergétique liée au chauffage électrique et élimine de fait une technique qui ne rejette pas ou peu de CO2. Le député Patrick Ollier a bien essayé de revenir à un calcul en énergie finale, qui a le grand mérite de caractériser le degré d’isolation du logement. Il n’a été que partiellement suivi et, finalement, la loi prévoit simplement de tenir compte des émissions de CO2 selon des conditions qui ne pêchent par excès de clarté (3).

Il est fort heureusement prévu que la réflexion sur le décret d'application soit confiée à "l'Office Parlementaire d'Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques" (OPECST) qui a toujours donné des avis réfléchis et responsables.

Les propositions du Grenelle de l’environnement, reprises dans la loi, sont fondées sur une étude fortement biaisée de l’ADEME. Celle-ci fait l’hypothèse que toute la consommation d’électricité liée au chauffage se fait aux heures de pointe et est assurée par des centrales brûlant du charbon ou du gaz. Ces hypothèses sont doublement fausses, comme l’a bien montré une étude de 2004 basée sur les consommations réelles (4): d’une part le nucléaire et l’hydraulique français modulent leurs productions et participent de façon importante à la pointe ; d’autre part, le réseau européen n’est pas du tout dimensionné pour fonctionner « comme une plaque de cuivre », le nucléaire français alimentant l’ensemble de l’Europe en base et le charbon allemand assurant la demande de pointe française.

En revanche, personne ne fait remarquer que le chauffage électrique convenablement piloté par le réseau et se mettant au ralenti aux heures de pointe (5) grâce aux futurs compteurs individuels "intelligents" (6), (ce qui, compte tenu de l’inertie thermique de bâtiments bien isolés ne devrait ne devrait pas être vraiment pénalisant) deviendra un excellent moyen pour lisser les courbes de production quotidienne et éliminer bon nombre de centrales à flamme encore en fonctionnement.

Au moment ou l’instauration de nouvelles normes d’isolation va justifier la présence de systèmes de chauffage très réactifs mais de faible puissance, espérons donc l’on ne va pas devoir se priver d’utiliser une technique bien adaptée, au nom d’un mode de calcul aberrant.

Souhaitons que les membres de l’OPCEST n’acceptent pas sans sourciller des calculs et des recommandations simplistes, contraires aux intérêts de la nation.

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(1) L’eau chaude sanitaire représente aujourd’hui le tiers de la consommation d’énergie d’un logement et en représentera les 2/3 dans un bâtiment basse consommation.

(2) Il ne s’agit nullement d’une norme européenne. Compte tenu de ce facteur de conversion les 50 KWh/m²/an d’énergie primaire ne correspondent plus qu’à 19 KWh/m²/an

(3) Article 4: « Toutes les constructions neuves faisant l'objet d'une demande de permis de construire déposée à compter de la fin 2012 et, par anticipation à compter de la fin 2010, s'il s'agit de bâtiments publics et de bâtiments affectés au secteur tertiaire, présentent une consommation d'énergie primaire inférieure à un seuil de 50 kilowattheures par mètre carré et par an en moyenne ; pour les énergies qui présentent un bilan avantageux en termes d'émissions de gaz à effet de serre, ce seuil sera modulé afin d'encourager la diminution des émissions de gaz à effet de serre générées par l'énergie utilisée, conformément au premier alinéa ; ce seuil pourra égal ement être modulé en fonction de la localisation, des caractéristiques et de l'usage des bâtiments ; chaque filière énergétique devra, en tout état de cause, réduire très fortement les exigences de consommation d'énergie définies par les réglementations auxquelles elle est assujettie à la date d'entrée en vigueur de la présente loi. Afin de garantir la qualité de conception énergétique du bâti, la réglementation thermique fixera en outre un seuil ambitieux de besoin maximal en énergie de chauffage des bâtiments ; ce seuil pourra être modulé en fonction de la localisation, des caractéristiques et de l'usage des bâtiments. Une étude de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques sera réalisée afin de proposer un niveau pertinent de modulation pour respecter les objectifs fixés au premier alinéa et de mesurer l'impact économique de l'ensemble du dispositif prévu ; cette étude examinera également les questions liées aux facteurs de conversion d'énergie finale en énergie primaire. »

(4) Voir à ce propos : http://ex.sauvonsleclimat.org/documents-pdf/Bacher-chauffage.pdf

(5) Abaisser la température de 1°permet de réduire la consommation d’énergie de 7%

(6) Le développement des réseaux intelligents (« smart grid ») est également indispensable pour permettre d’intégrer au réseau électrique une part significative d’énergies renouvelables discontinues telles que l’éolien ou le photovoltaïque.

  • Assemblée Générale Ordinaire des Adhérents de Sauvons Le Climat
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