Affaire Pellerin : Communiqué de la SFEN

SLC

Nous reproduisons ci-après l'intégralité du communiqué du 21 novembre 2012 de la Société Française d'Energie Nucléaire :

 

Communiqué  de la Société Française d’Energie Nucléaire

Le professeur Pellerin définitivement hors de cause

Paris, le 21 novembre 2012. -La Société Française d’Energie Nucléaire (SFEN) accueille avec satisfaction la décision de la Cour de Cassation du 20 novembre 2012 qui met définitivement hors de cause le professeur Pierre Pellerin dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire du « nuage » de Tchernobyl. Justice est enfin rendue à cet ancien  responsable de la radioprotection en France qui subit depuis 25 ans des accusations mensongères totalement infondées. Ces accusations lui attribuent un défaut de protection des populations face à la contamination radioactive apportée par le « nuage » et lui imputent   une recrudescence des pathologies thyroïdiennes sur le territoire national. Le verdict de la justice française balaie ces insinuations et  sonne comme un désaveu cinglant envers tous les calomniateurs patentés qui n’ont pas hésité tout au long de ces années à jeter aux orties, pour les besoins de leur cause militante, l’honneur d’un homme.

Ce jugement de la Cour de Cassation (qui avait été saisie par la CRIIRAD et l’Association Française des Malades de la Thyroïde, AFMT) confirme la décision de non-lieu prononcée par la Cour d’Appel de Paris le 7 septembre 2011 et exonérant le professeur Pellerin de toute accusation de « tromperie », « tromperie aggravée », « blessure involontaire », ou « autre qualification pénale ». Cette décision précisément et longuement argumentée montre  très clairement qu’aucune conséquence dommageable en matière de santé publique ne peut être imputée aux décisions de Pierre Pellerin. Bien au contraire : il a eu, durant toute cette période, une action pleinement adaptée à la situation.

On peut donc espérer que face à ce jugement de la Cour de Cassation qui met le professeur Pellerin définitivement hors de cause les fabricants de rumeurs malveillantes mettront un terme à leur entreprise qui n’a que trop duré.

 

La Société Française d’Energie Nucléaire

 

Voir ci-après nos commentaires

 

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Annexe au communiqué de la SFEN du 21 nov. 2012

(En référence aux textes publiés dans la Revue Générale Nucléaire et mis en ligne sur www.sfen.org)

 

Dans cette affaire du « nuage » de Tchernobyl, où les rumeurs ont la vie dure, beaucoup de nos compatriotes cultivent de bonne foi certaines croyances ou représentations qui peuvent se révéler approximatives, biaisées ou carrément fausses. Le verdict concernant le professeur Pellerin est pour nous l’occasion de rappeler brièvement, sans esprit polémique ni parti – pris, un certain nombre de données et de réflexions qui méritent l’attention :

  • Le professeur Pellerin n’a jamais dit que le nuage s’était arrêté à la frontière. Comme le soulignait  la Cour d’Appel dans son arrêt du  7 septembre 2011,  « il n’a jamais dissimulé l’existence du panache radioactif sur le territoire français ». Il faut donc en finir une fois pour toutes avec cette accusation absurde. Ce qu’a dit le professeur Pellerin, - à l’époque Chef du Service de Protection contre les Rayonnements Ionisants (SCPRI)  – c’est que le panache de Tchernobyl était arrivé sur le territoire français mais que la radioactivité induite n’était pas une menace pour la santé publique.
  • C’est à travers l’analyse d’échantillons alimentaires (6500 contrôles effectués en mai et juin 1986 !)que le professeur Pellerin et ses équipes ont surveillé les niveaux de contamination radioactive en France et les risques éventuels encourus par la population.C’est de loin la meilleure méthode, infiniment plus fiable que les cartes et relevés géographiques de la contamination qui peuvent donner des résultats très disparates selon zones mesurées. Ce contrôle à grande échelle des denrées alimentaires a montré que celles-ci pouvaient être consommées sans danger pour la santé. La Cour d’Appel de Paris avait noté dans son arrêt que d’autres Instituts et organismes, comme l’IPSN, les Directions Départementales de la Consommation et de la Répression des Fraudes ainsi que des laboratoires indépendants ont mené de leur côté, sans se concerter, leurs propres analyses, notamment sur le lait et la viande. « Aucun, à l’époque, écrit la Cour, n’a fait état d’un danger pour la population et n’a préconisé des mesures de précaution ». Cette remarque est capitale. Elle montre que tous les spécialistes, sans se concerter, arrivaient aux mêmes conclusions et que le professeur Pellerin, loin d’être dans une démarche de dissimulation ou de tromperie, évaluait correctement la réalité du risque concluant à juste titre que des mesures de restriction n’étaient pas nécessaires (...à part l’interdiction de la vente d’épinards sur un marché alsacien en mai et l’interdiction d’importation de denrées alimentaires en provenance des pays de l’Europe de l’Est). Peut-être qu’aujourd’hui, compte tenu de la prégnance du principe de précaution, les autorités décideraient-elles, face à une situation identique, la mise en œuvre de mesures de restriction plus contraignantes ? C’est possible. Mais cela ne remet pas en cause le fait que la contamination apportée par le nuage n’avait pas le caractère d’une menace pour la population.
  • Contrairement à une idée répandue, la France n'a pas fait figure d’exception, en Europe occidentale, en ce qui concerne l’attitude des autorités face à la contamination apportée par le nuage. A propos des cancers et autres pathologies pouvant être provoqués par l’iode contaminant les produits laitiers ou les légumes-feuilles, le rapport OMS du 6 mai 1986 répertorie les mesures édictées à cette date par 20 pays européens : on constate qu’à l’exception de la Suisse et à un degré moindre de la Pologne, de la Yougoslavie et de la Suède, aucun autre gouvernement national n’a pris des mesures de restriction de la consommation de lait. Quant aux légumes à feuilles, seuls l’Autriche, la Suède et San Marin ont recommandé de ne pas les manger, les 17 autres pays recensés ayant laissé libre cette consommation, certains l’assortissant du conseil de laver les denrées au préalable. Et huit pays, dont la France, avançaient la recommandation explicite de ne prendre aucune mesure. La France n’était donc pas le seul pays à s’abstenir de mesures de restriction ou d’interdiction. Elle était de ce point de vue en nombreuse compagnie ! L’idée d’un pays isolé, s’obstinant à ne rien faire et donc irresponsable, face à tous les autres pays européens sonnant le tocsin général pour protéger leur population d’un grave danger qui menace, est tout simplement fausse. 
  • Aucune étude, aucune enquête épidémiologique n’a mis en évidence, en France, des cancers de la thyroïde ou autres pathologies thyroïdiennes qui pourraient être attribués au nuage de Tchernobyl. Les enquêtes de l’Inserm et de l’Invs (notamment celle portant sur les enfants habitant l’est de la France et âgés de 0 à 15 ans au moment de l’accident) ne concluent à aucun détriment certain et soulignent, après avoir mis en lumière les difficultés méthodologiques de telles études, et avec évidemment toute la prudence requise,"qu’il est possible que l’excès réel de risque de cancers thyroïdiens aux niveaux de dose considérés ici [faibles doses – NDLR]soit nul". Ces estimations sont corroborées par l’étude finlandaise de A. Kurittio et al. (2006) portant sur 1 300 000 jeunes Finlandais âgés de 0 à 20 ans au moment de l’accident. Cette enquête, très approfondie, ne montre aucune augmentation des cancers de la thyroïde chez les individus les plus exposés au nuage par rapport aux individus les moins exposés. La conclusion est que la contamination due à l’accident de Tchernobyl n’a pas eu de conséquence sur la santé des populations. Ce constat est particulièrement significatif lorsqu’on sait que la Finlande a eu son territoire nettement plus atteint que la France par les retombées de l’accident.
  • Cela dit, l’augmentation du nombre des cancers de la thyroïde constatés en France depuis de longues années est bien réelle. C’est cela qui conforte beaucoup de nos compatriotes dans l’idée que cette augmentation doit bien avoir une cause... qui ne peut être que le nuage de Tchernobyl. Une idée fausse pour les raisons suivantes :

- L’augmentation des cancers thyroïdiens estconstatée depuis le début des années 1970, soit plus de 10 ans avant l’accident et sans accélération depuis.

 

-Elle est à l’œuvre partout dans le monde, dans les pays industrialisés, y compris ceux qui n’ont pas été touchés par le nuage de Tchernobyl, comme le Canada, les Etats-Unis, l’Australie.

 

-Elle affecte les adultes et non pas les enfants (ceux qui avaient entre 0 et 15 ans au moment de l’accident). C’est exactement le contraire que l’on constaterait si Tchernobyl était en cause, car la thyroïde des enfants est beaucoup plus sensible à la radioactivité que celle des adultes.

 

-Elle n’est pas plus marquée dans l’est de la France, région la plus touchée par les retombées de Tchernobyl que dans le reste du pays.

 

En fait l’augmentation statistique des cancers de la thyroïde constatée en France participe d’un phénomène mondial qui tient de toute évidence aux progrès du dépistageet notamment à l’essor de l’échographie Doppler. D’une manière plus générale, les spécialistes estiment que l’évolution des pratiques de diagnostic et de traitement des maladies de la thyroïde conduisent à mettre à jour des cancers que l’on ne décelait pas auparavant, d’où une assez spectaculaire augmentation statistique.

 

  • De tous les pays d’Europe occidentale, il n’y a qu’en France que se rencontre cette tendance quasi obsessionnelle d’attribuer à Tchernobyl tout cancer de la thyroïde apparu après le 30 avril 1986. Et notre pays persévère dans l’exception car il est le seul, à notre connaissance, où une action en justice a été  intentée par des groupes de malades attribuant leur pathologie aux retombées du nuage. Cette action collective qui entend dénoncer les « erreurs » ou « tromperies » des autorités sanitaires de l’époque vient de connaitre un dénouement sans équivoque.

 

La SFEN – Contact : Francis Sorin

 

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