Appel mondial d’Académies des Sciences

SLC

 

Déclararation commune des Académies des sciences sur la réponse globale au changement climatique

Traduction française du texte "Joint sciences academies’ statement : Global response to climate change"

 

Le changement climatique est une réalité

Il y aura probablement toujours des incertitudes dans la compréhension d’un systè­¥ aussi complexe que le climat à l’échelle mondiale. Toutefois, il est pratiquement sûr qu’un réchauffement global s’installe actuellement (1). En témoignent les mesures directes des températures de l’air au voisinage du sol et des températures de la couche superficielle des océans ainsi que des phénomènes tels que l’élévation de la moyenne du niveau des mers, la fonte des glaciers et des modifications de nombreux systèmes biologiques et physiques. Il est probable que la majeure partie du réchauffement des dernières décennies est due à l’activité humaine (GIEC 2001) (2). Ce réchauffement a déjà conduit à µn changement du climat de la Terre.

L’existence de gaz à effet de serre dans l’atmosphère est indispensable à la vie sur terre ? en leur absence, les températures moyennes seraient d’environ 30 degrés centigrades plus basses.

Mais l’activité humaine provoque actuellement un accroissement des concentrations atmosphériques de ces gaz ( incluant le dioxyde de carbone, le méthane, l’ozone troposphérique et le protoxyde d’azote ) bien au-dessus des niveaux des ères préindustrielles.

Les taux de dioxyde ont augmenté passant de 280 ppm en 1750 à plus de 375 ppm aujourd’hui, chiffre plus élevé que tous les taux antérieurs qui peuvent être mesurés de façon fiable (c’est à dire durant les 420 000 dernières années). L’augmentation des gaz à effet de serre provoque une élévation des températures ; la température de la surface de la Terre a augmenté d’environ 0,6 degré Centigrade pendant le XXème siècle. Le groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a estimé que la moyenne globale des températures de surface continuera à augmenter, et qu’elle se situera en 2100 dans une fourchette comprise entre 1,4 et 5,8 degrés centigrades au-dessus des niveaux de 1990.

Réduire les causes du changement climatique

La compréhension scientifique du changement climatique est maintenant assez claire pour justifier que les États entreprennent rapidement des actions. Il est indispensable que tous les pays identifient les mesures ayant un rapport coût-efficacité correct, qu’elles peuvent prendre dès maintenant, pour contribuer à µne réduction substantielle et à long terme des émissions nettes de gaz à effet de serre.

Les actions entreprises aujourd’hui pour réduire significativement l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère réduiront l’ampleur et la rapidité ¤u changement climatique.

Comme le dit la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC, United Nations Framework Convention on Climate Change), l’absence de certitudes scientifiques relatives à certains aspects du changement climatique n’est pas une raison pour tarder à y apporter une réponse immédiate qui peut, à µn coût raisonnable, prévenir une perturbation causée par les activité humaines, et dangereuse pour le système climatique. Compte tenu du développement économique des nations pendant les 25 prochaines années, on estime que la demande mondiale en énergie primaire sera accrue de près de 60%. Les énergies fossiles, qui sont responsables de la majeure partie des émissions de dioxyde de carbone produites par les activités humaines, fournissent des ressources précieuses pour beaucoup de nations. On estime qu’elles représenteront 85% de la demande (IEA 2004) (3). Réduire la quantité du dioxyde de carbone correspondant qui atteindra l’atmosphère est un défi majeur. Il existe beaucoup d’options technologiques ayant un bon rapport coût-efficacité qui peuvent contribuer à stabiliser les concentrations des gaz à effet de serre. Ces technologies en sont à des étapes de recherche et développement diverses. Cependant, certaines barrières qui existent encore à leur plein déploiement, doivent être levées.

Le dioxyde de carbone peut rester dans l’atmosphè²¥ pendant plusieurs d飥nnies. Mê­¥ avec une r餵ction des é­©ssions, nous serons soumis aux effets du changement climatique pendant tout le XXIe si裬e et au-delà® Ne pas r餵ire significativement dè³ aujourd’hui de l’é­©ssion nette des gaz à ¥ffet de serre rendra la t⣨e beaucoup plus difficile à ¬ ?avenir.

Se préparer aux consé±µences du changement climatique

L ?essentiel du systè­¥ climatique ré°¯nd lentement aux changements des concentrations des gaz à ¥ffet de serre. Mê­¥ si les é­©ssions de gaz à ¥ffet de serre é´¡ient stabilis饳 instantané­¥nt aux taux d’aujourd’hui, le climat continuerait quand mê­¥ à £hanger, car il s’adapte à ¬’é­©ssion accrue des d飥nnies pass饳 Les changements futurs du climat sont donc in鶩tables. Les pays doivent s’y pré°¡rer.

Les changements pr鶩sibles du climat auront à ¬a fois des effets b鮩fiques et d馡vorables à ¬’飨elle r駩onale, par exemple sur les ressources en eau, l’agriculture, les 飯systè­¥s naturels et la santé ¤e l’homme. Plus le changement sera important et rapide, plus les effets d馡vorables domineront. Les temp鲡tures accrues vont probablement augmenter la fré±µence et la gravité ¤es 鶩nements mé´©orologiques comme les vagues de chaleur et les grosses chutes de pluies. Elles pourraient conduire à ¤es effets à §rande 飨elle tels que des modifications des flux de l’océ¡® Atlantique Nord (avec des consé±µences majeures pour le climat de l’Europe du Nord) et la fonte de grandes calottes glaciaires (avec des effets majeurs sur les r駩ons de basse altitude dans le monde entier). Le GIEC estime que les effets combiné³ de la fonte des glaces et de la dilatation de l’eau de mer due au r飨auffement des océ¡®s devraient provoquer une augmentation du niveau de la mer d’une amplitude comprise entre 0,1 et 0,9 mè´²e entre 1990 et 2100. Au Bangladesh seul, une monté¥ du niveau de la mer de 0,5 mè´²e soumettra environ 6 millions de personnes au risque d’inondation.

Les pays en d鶥loppement qui manquent des infrastructures ou des ressources pour ré°¯ndre aux effets du changement climatique seront particuliè²¥ment affecté³® Il est clair que beaucoup des peuples les plus pauvres du monde souffriront le plus des changements du climat. Les efforts globaux sur le long terme pour cr饲 un monde en bonne santé¬ prospè²¥ et durable peuvent ê´²e consid鲡blement freiné³ par le changement climatique.

Inventer et d鶥lopper des strat駩es pour l’adaptation aux consé±µences du changement climatique imposera les contributions en collaboration internationale de plusieurs types d’experts, en sciences physiques et naturelles, en sciences de l’ing鮩eur, en sciences sociales, en sciences humaines et en sciences m餩cales ainsi que de grands chefs d’entreprises et des 飯nomistes. Conclusion

Nous adjurons toutes les nations, en accord avec les principes de l’UNFCCC (4), d ?entreprendre rapidement des actions pour r餵ire les causes du changement climatique et pour s’adapter à ³es effets et de s’assurer que cette question est incluse dans toutes les strat駩es pertinentes nationales et internationales. En tant qu’Acadé­©es nationales des sciences, nous nous engageons à ´ravailler avec les gouvernements pour aider à ¤é¶¥lopper et à ­ettre en oeuvre la ré°¯nse nationale et internationale au d馩 du changement climatique.

Les pays du G8 ont é´© responsables pour beaucoup des é­©ssions pass饳 de gaz à ¥ffet de serre. En tant que parties prenantes à ¬ ?UNFCCC, ces pays prennent l’engagement de montrer la voie pour ré°¯ndre au changement climatique et aider les pays en d鶥loppement à affronter les enjeux de l’adaptation et de la mitigation.

Nous appelons les leaders mondiaux, y compris ceux du sommet du G8 de Gleneagles en juillet 2005, à º

*

Reconnaî´²e que la menace du changement climatique est 鶩dente et croissante ; *

Lancer une é´µde internationale (5) pour d馩nir sur des bases scientifiques des cibles pour les concentrations de gaz à ¥ffet de serre et les sc鮡rios d’é­©ssions correspondants, pour permettre aux nations d’鶩ter les effets consid鲩s comme inacceptables. *

Identifier les mesures ayant un bon rendement co ?ficacité¬ qui peuvent ê´²e prises maintenant pour contribuer à µne r餵ction substantielle et à ¬ong terme des é­©ssions nettes globales de gaz à ¥ffet de serre. Reconnaî´²e que tout retard dans l ?action accroî´²a le risque d’effets environnementaux ind鳩rables et exposera à ¤es co ?lus importants. *

Travailler avec les pays en d鶥loppement à ¢â´©r le potentiel scientifique et technologique le mieux adapté leurs moyens, leur permettant de d鶥lopper des solutions innovantes pour att鮵er les effets ind鳩rables du changement climatique et s’y adapter, tout en reconnaissant explicitement leurs droits l駩times au d鶥loppement. *

Montrer la voie pour d鶥lopper et dé°¬oyer les technologies d’鮥rgie propre et les moyens d ?am鬩orer l ?efficacité ©nergé´©que et partager cette connaissance avec toutes les autres nations. *

Mobiliser la communauté ³cientifique et technologique pour accroî´²e les efforts de recherche et d鶥loppement, qui sont susceptibles de mieux 飬airer les d飩sions concernant le changement climatique.

Notes

1.

Ce texte se concentre sur le changement climatique. La d馩nition que nous utilisons pour le changement climatique est celle de l’UNFCCC : ? a change of climate which is attributed directly or indirectly to human activity that alters the composition of the global atmosphere and which is in addition to natural climate variability observed over comparable time periods ?. 2.

GIEC (2001) Troisiè­¥ rapport. Nous prenons acte du consensus international scientifique du GIEC. 3.

IEA (2004) World Energy Outlook 4. Bien que les projections à ¬ong terme de la demande et de l ?offre en 鮥rgie soient trè³ incertaines, le World Energy Outlook produit par l’International Energy Agency (IEA) est une source utile d’information sur les sc鮡rios 鮥rgé´©ques futurs. 4.

En soulignant le premier principe de l’UNFCCC qui é´¡blit que : ’the parties should protect the climate system for the benefit of present and future generations of humankind, on the basis of equity and in accordance with their common but differentiated responsibilities and respective capabilities. Accordingly, the developed country Parties should take the lead in combating climate change and the adverse effects thereof.’ 5.

Connaissant et se fondant sur le travail en cours du GIEC sur les sc鮡rios d’é­©ssion.

Académies des sciences signataires

Allemagne Deutsche Akademie der Naturforscher Leopoldina

Br鳩l Academia Brasileira de Ciencias

Canada Royal Society of Canada

Chine Chinese Academy of Sciences

É´ats-Unis d’Am鲩que National Academy of Sciences

France Acadé­©e des sciences

Inde Indian National Science Academy

Italie Accademia dei Lincei

Japon Science Council of Japan

Royaume-Uni Royal Society

Russie Russian Academy of Sciences

  • Assemblée Générale Ordinaire des Adhérents de Sauvons Le Climat
ETUDES SCIENTIFIQUES