La France a besoin d’une industrie bas carbone

Jean FLUCHÈRE

La France a besoin d’une industrie bas carbone

Elle doit s'en donner les moyens

Crédit photo: Huffigton Post

 Arcelor Mittal vient d’annoncer vouloir reconvertir trois de ses hauts fourneaux grâce à des fours électriques et à des techniques de réduction du fer à base d'hydrogène.

Le gouvernement souhaite accompagner financièrement l’industrie dans cette voie.

Les hauts fourneaux sont grands consommateurs de charbon et donc des émetteurs importants de dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre.

Sauvons le climat, dans son livre blanc en vue de l’élection présidentielle, préconise une importante réindustrialisation de notre pays à la condition qu’elle s’accompagne d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre.

L’excellent rapport sénatorial de 2019 sur la sidérurgie française préconisait déjà : « La réduction des émissions de gaz à effet de serre, si elle constitue une contrainte importante pour la filière, est nécessaire mais doit être soutenue et accompagnée par les pouvoirs publics ». Le soutien du Gouvernement suit cette recommandation et Sauvons le Climat s’en félicite.

L'électricité française est d'ores et déjà décarbonée. Cet atout essentiel doit être mis au service de la compétitivité de notre industrie.

Ainsi, la réduction des émissions de dioxyde de carbone permettra de maintenir la compétitivité de ce secteur stratégique pour la France en lui évitant de payer les taxes CO2 qui ne peuvent qu’augmenter si nous voulons atteindre nos objectifs en matière d’émissions de gaz à effet de serre. À condition qu’une taxe CO2 aux frontières de l’UE soit également mise en place pour éviter une concurrence déloyale.

Cette annonce va dans le sens que Sauvons le Climat préconise mais il faut, bien sûr, que l’hydrogène utilisé soit bas carbone, et en conséquence produit par électrolyse avec une électricité décarbonée, ce qui est le cas en France. Si c’est de l’hydrogène issu du vaporeformage, comme l’essentiel de l’hydrogène produit en France aujourd’hui, cela n’a aucun sens.

Le relevé ci-dessous (Source Electricity Map) fait pour l’Allemagne, la Grande Bretagne, le Portugal et la France pendant 32 mois, allant du mois de mai 2019 au mois de décembre 2021, montre à quel point l’électricité française est décarbonée par rapport aux trois autres pays cités. La France est donc très favorablement armée pour alimenter les électrolyseurs. Une raison de plus pour prolonger l’exploitation de nos moyens de production décarbonée (et ne pas fermer prématurément des réacteurs nucléaires robustes).

D’autant plus que ces activités, aussi bien de fours électriques que de fabrication d’hydrogène, sont fortement consommatrices d’électricité (plusieurs TWh/an) et il importe de chiffrer très rapidement ces besoins pour avoir les moyens d'y répondre.

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Bien sûr les risques liés à l’hydrogène (déflagrations ou explosions) doivent être rigoureusement pris en compte.

L’hydrogène est un excellent réducteur mais n’est pas, en effet, un gaz anodin en matière de sécurité dans ses différents usages.

Sauvons le climat, préconise donc une attention particulière vis-à-vis de ce risque afin de ne pas retarder les applications économiques indispensables de l’hydrogène bas carbone, notamment dans le secteur de la chimie et des engrais.

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