L’objectif de zéro émission nette pour 2050 est plus qu’ambitieux. Les pouvoirs publics présentent des trajectoires qui sont hélas rarement examinées sous l’angle de la faisabilité.
Sauvons le Climat ne peut que partager cette ambition tout en considérant qu’il faut donc se donner des perspectives ambitieuses et basées sur les réalités techniques et scientifiques. Exit donc dès que possible et en tous cas avant 2050 les combustibles fossiles, tous les combustibles fossiles. Exit le charbon (la France y est presque), exit le pétrole (ça sera plus difficile), exit le gaz aussi…
Engageons donc la sortie du gaz de tous les domaines où il est possible de lui substituer de l’électricité (décarbonée) ou une source renouvelable thermique. Et là où la substitution est impossible, appuyons-nous sur le biogaz c’est-à-dire le gaz issu de biomasse. L’objectif paraît évident, clair, net et précis. Reste à trouver le chemin car il est loin d’être certain que la ressource biomasse soit en adéquation avec les besoins.
La première des choses, quand on cherche des ressources budgétaires et qu’il est décidé de recourir à une taxe sur l’énergie est de taxer les énergies fossiles qu’il faut éliminer et non celles qui doivent construire notre futur. La Ministre Agnès Pannier-Runacher a donc parfaitement raison en considérant qu’il faut taxer le gaz et non l’électricité décarbonée dont nous disposons d’ores et déjà.
Et pourtant, c’est le contraire qui est annoncé. Le gaz, énergie fossile, bénéficie toujours d’un traitement fiscal à rebours des objectifs de décarbonation.
Et nous avons la belle histoire du biogaz racontée aux enfants sages. GRDF vient tranquillement de revoir ses perspectives de développement en passant de 13 TWh annuels de biogaz aujourd’hui à 60 en 2030 (c’est-à-dire demain matin à l’échelle industrielle). La capacité des méthaniseurs agricoles serait multipliée par 4. Et 13 autres TWh seraient produits à partir de procédés (pyro gazéification, gazéification hydrothermale, …) qui n’ont aujourd’hui aucune existence industrielle. Personne de sérieux ne peut croire à ces sornettes.
Et pourtant, cette trajectoire a été avalée à tous les niveaux et servira de référence aux futurs scenarios (y compris avec des prix hors taxe de ce biogaz annoncés doubles des prix actuels du gaz fossile).
Cet aveuglement est bien l’effet de l’insolent lobbying des gaziers qui veulent à tout prix préserver leur business, et tant pis pour le climat. Pour préserver leurs marges, ils nous racontent des histoires à dormir debout pour faire croire que le gaz va devenir neutre en carbone demain ou après-demain.
Et tout cela bien sûr en plaidant, la main sur le cœur (pour ne pas perdre leur portefeuille qui est rangé là) pour les renouvelables électriques intermittentes dont le gaz serait ravi d’assurer le secours quand il n’y a ni vent ni soleil… c’est-à-dire souvent.
Pour le moment, la filière gazière continue à dicter ses éléments de langage.
Pour la logique, la cohérence et surtout pour les enjeux climatiques, ce sera (peut-être) pour plus tard.
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