Vive le décret EPR

SLC


"Sauvons le Climat" salue la publication du décret EPR et déplore la méconnaissance du dossier chez les candidats à la présidentielle. Que la France poursuive dans la voie de la production d'une électricité nucléaire, principale alternative réaliste à l'utilisation de combustibles fossiles dans les centrales électriques est le premier motif de notre satisfaction: le choix du nucléaire est à la fois le moins cher et le plus efficace pour réduire les émissions de gaz carbonique qui menacent le climat de la planète. Notre deuxième motif de satisfaction est que ce décret couronne le premier débat public portant sur la politique énergétique ayant eu lieu dans notre pays. De plus, ce premier débat illustre la continuité de l'Etat puisque la loi sur l'organisation du débat public, portant, entre autres, création de la Commission Nationale du Débat Public a été proposée par le gouvernement Jospin et votée en février 2002. Elle a été appliquée successivement par les gouvernements Raffarin et De Villepin. Et le récent décret montre que l'Etat continue à fonctionner même en période électorale.

"Sauvons le Climat" a participé aux débats sur l'EPR et sur la gestion des déchets radioactifs. Nous avons constaté que les organisations antinucléaires ont, dès le début, mis en cause la légitimité de ces débats et s'en sont retirées au premier prétexte. Pour elles, il est clair que les seules procédures démocratiques sont celles qui aboutissent à la victoire de leurs idées. Remarquons que les candidats à l'élection présidentielle qui se sont faits les porte-parole du réseau "Sortir du Nucléaire"(Madame Voynet et Monsieur Besancenot) ne semblent pas vouloir s'embarrasser de consultations démocratiques pour arrêter la construction de l'EPR, alors que celle-ci a été autorisée par le vote d'un Parlement démocratiquement élu.

Monsieur Bayrou propose qu'un nouveau débat tranche du sort de l'EPR [1]. Qu'apporterait ce nouveau débat qu'on ne trouve déjà sur le site de la Commission Particulière du Débat Public (http://www.debatpublic-epr.org/) et dans les rapports de l'OPECST ? Tout comme les autres candidats, Monsieur Bayrou a eu l'opportunité de participer au Débat Public de 2005-2006 sur l'EPR. Il ne semble pas qu'à l'époque ce débat ait beaucoup éveillé leur attention; leur réveil tardif relèverait-il de l’opportunisme électoral ?

Le manque de connaissance du dossier EPR dont font preuve certains candidats est d'ailleurs confondant. A titre d'exemple, ils ne font pas la différence entre, d'une part, un investissement dans un instrument de production rentable (le nucléaire produit une électricité deux fois moins chère que le gaz et trois fois moins chère que l'éolien), fait par une entreprise dont le rôle essentiel reste d'assurer la fourniture d'électricité aux français, et, d'autre part, des crédits publics qui pourraient être utilisés librement d'une autre manière, par exemple pour financer la Recherche . Encore plus étonnant, parmi les utilisations possibles, selon eux, de ces 3 milliards d'euros, on trouve l'encouragement aux énergies renouvelables. Savent-ils(elles) que la loi POPE [2] déclinée par la Programmation Pluriannuelle des Investissements (PPI) a prévu la construction, d'ici 2015, d'une puissance éolienne 10 fois supérieure à celle de l'EPR -mais pour une production annuelle d'électricité seulement de l'ordre de celle de 2,5 EPR- dont le coût d'investissement sera de l'ordre de 27 milliards d'Euros (9 fois l'EPR) ? Qui plus est, le financement de ce programme sera largement assuré par la procédure d'obligation d'achat qui est, du fait du prix élevé offert aux producteurs, équivalent à une taxe sur l'électricité dont le montant annuel atteindra 4 milliards d'euros après achèvement du programme. Sur l'ensemble des dix premières années de fonctionnement de ce programme, les consommateurs d'électricité auront dû payer un surcoût de 40 milliards d'euros. Ces éléments nous conduisent à réclamer un débat public sur le programme éolien.

Certes, le premier débat public sur le nucléaire a laissé à désirer, essentiellement à cause du faible nombre de participants. Il serait souhaitable, à l'avenir, que les collectivités locales soient parties prenantes dans l'organisation des séances publiques. Derrière certaines critiques de ces débats se profile l'idée que la représentation nationale devrait voir ses prérogatives législatives réduites au profit de procédures référendaires. Déjà certains défendent l'idée d'un référendum sur l'EPR. Un tel référendum serait inconstitutionnel, mais, surtout, il déboucherait sur une paralysie complète de notre pays : pourquoi pas des référendums sur les constructions de routes, d'éoliennes, de nouvelles usines, de stades et même de théâtres et de musées.... Les questions posées ne porteraient, en définitive, que sur les inconvénients de chacun de ces équipements et les réponses seraient alors presque toujours négatives.

Serait-ce trop espérer de nos candidats qu'un jour ils se soucient d'éclairer nos concitoyens plutôt que de tomber dans tous les pièges de la démagogie ?

[1] Il semble que la position de Madame Ségolène Royal eût été la même si le décret de construction de l'EPR n'avait pas été pris. Qu'en est-il maintenant qu'il est signé? Le Parti Socialiste s'est engagé dans la même voie que Monsieur Bayrou, mais le PS engage-t-il aussi Madame Royal ?

[2] loi de Programme du 13 juillet 2005 fixant les Orientations de la Politique Energétique


 

  • Assemblée Générale Ordinaire des Adhérents de Sauvons Le Climat
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