De l'écologisme à l'écologie

Gérard Pierre & Jacques Masurel

Un café de commerce, quelque part en France…

Trois consommateurs sont au bar, un autre entre et se joint au groupe déjà installé.

  • Tiens voilà René notre gauchiste, s’exclame le « patron » du café en s’adressant au dernier venu qui s’installe à côté des 3 premiers.
  • Moi gauchiste, mais pas du tout ! Je ne suis pas gauchiste mais je suis de gauche ; et même écologiste, car si on est de gauche c’est que l’on s’intéresse à l’humain donc à son environnement. Je suis donc de gauche et écologiste.
  • Donc tu préconises la décroissance et tu rejettes le nucléaire ? interroge Pierre, un grand gaillard aux cheveux grisonnants, membre de « Sauvons Le Climat ».
  • Comparé à l’énergie du vent avec les éoliennes et à celle du soleil avec les panneaux photovoltaïques qui sont des énergies naturelles, le nucléaire est une énergie bien dangereuse, dit René.
  • Il faudrait relativiser le risque en mettant en face le risque climatique : car le nucléaire est une énergie qui ne rejette pas de gaz à effet de serre, rétorque Pierre.
  • Comme les énergies renouvelables, souligne René.
  • Le problème c’est que ces énergies ne savent pas produire en s’adaptant aux besoins d’électricité comme le font le gaz, le pétrole, le charbon, l’hydraulique dans les pays de montagne et le nucléaire. En fait, si elles ne bénéficiaient pas d’une priorité de mise de leur production sur le réseau, et ce à un prix de vente élevé elles ne se seraient pas développées.
  • Vous ne pouvez pas nier que l’Allemagne a développé avec succès les énergies renouvelables qui produisent plus de 30 % de son électricité.
  • Ce n’est pas pour cela qu’ils ont diminué leurs émissions de CO2  : contrairement à leurs engagements, elles restent stables depuis plusieurs années. Quand il y a manque de vent ou de soleil, ce qui est très fréquent, il faut bien faire tourner des centrales thermiques si on supprime le nucléaire.
  • Certes, mais pendant que nous importons de l’uranium à prix d’or, ils utilisent le vent et le soleil qui sont gratuits. N’est-ce pas beaucoup mieux ?
  • C’est sans doute pour cette raison que le consommateur allemand paye son électricité deux fois plus chère que partout en Europe et particulièrement en France. Sais-tu que la France importe pour seulement 800 Millions d’Euro d’uranium…
  • Une paille ! Interromps René.
  • D’autant plus que dans le même temps la France exporte pour deux milliards d’électricité produite par sa filière nucléaire, répond Pierre. Gagner de l’argent avec de l’énergie alors qu’à la différence de l’Allemagne on n’en possède pas sur son sol, c’est fort, c’est même très fort…
  • Moi, annonce le patron, j’ai installé des panneaux photovoltaïques sur mon toit. Ils me rapportent 1.000 euro par an. Sans être écolo je trouve que c’est intéressant de « sauver la planète » en s’enrichissant.
  • Bien sûr mais EDF est contraint d’acheter tes kWh plus chers qu’il ne le facture et, bien évidemment, ce coût est répercuté sur l’ensemble des consommateurs.
  • Si je comprends bien, demande Loïc, un petit râblé qui n’était pas encore intervenu jusque-là, on subventionne les propriétaires de panneaux qui ont la chance de posséder un toit et les subventions sont payées par tous les autres, mêmes ceux qui logent en HLM.
  • Tu as tout compris ! Le développement de l’éolien et du photovoltaïque est payé par tout le monde quels que soient sa richesse et ses revenus, mais rapporte aux plus fortunés, ceux qui possèdent un toit où installer les panneaux, résume Pierre.

Le pire est que cela n’a aucun effet notable sur les émissions de CO2, car on ne fait que remplacer une production d’électricité décarbonée - nucléaire - par une autre.

Pour diminuer nos émissions de CO2, ce n’est pas à la production d’électricité qu’il faut s’attaquer puisqu’en France, elle est déjà décarbonée mais aux deux grandes sources de CO2 qui sont les transports, le chauffage des habitations et des lieux de travail.

  • Je n’y avais pas pensé, concéda René.
  • Ce sont les secteurs où il faut remplacer la consommation de pétrole et de gaz par de l’électricité décarbonée. Il ne faut donc pas diminuer la production nucléaire mais au contraire l’augmenter pour qu’elle puisse remplacer ces énergies. La voiture électrique, le chauffage par pompe à chaleur doivent être développés et pourquoi pas l’autoroute électrique…
  • Et ce sera bon pour limiter le réchauffement climatique et pour notre économie, conclut René en cherchant honnêtement à se disculper.
  • Tu as parfaitement raison. J’ajoute que si tu rejoignais l’association « Sauvons Le Climat » tu contribuerais efficacement à sauver la planète conclut, opportuniste, Pierre. Cette association n’est ni de droite ni de gauche, elle ne s’intéresse qu’à conserver à notre planète un climat agréable et le plus adapté possible à la vie de tous. Tu y rencontreras des personnes de droite, des personnes de gauche, des personnes ni à gauche, ni à droite et même d’autres qui sont à la fois de droite et de gauche.

 

Gérard Pierre et Jacques Masurel

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