Claude RINGOT Le 29 mars 2013
57 Les Monts Lories
91440 Bures sur Yvette
Tél : 0169071782
Ingénieur de l’Ecole Centrale (promotion 1953 )
Au CEA de 1955 à 1992
(Responsable du développement des éléments combustibles de 1955 à 1971, responsable des études de sureté nucléaire et de la sureté des transports des matières radioactives de1971 à 1992)
Représentant français auprès de l’AIEA
Consultant auprès de Cogema, d’organismes de recherche étrangers en sureté
Expert indépendant auprès de la Direction de l’énergie de la Commission européenne de 1992 à 2002
Président fondateur en 1967 du syndicat des cadres du CEA
Monsieur Rol Tanguy
Délégué interministériel
Monsieur,
Objet : votre interview parue dans le Figaro le mardi 26 mars 2013
Suite à l’entretien que vous avez eu avec des journalistes du Figaro mardi 26 mars au sujet de
la fermeture de Fessenheim je vous prie de bien vouloir ma réaction
Remarque limilaire
Dans notre pays le droit fondamental de propriété étant sacré puisqu’il est visé dans la déclaration des droits de l'homme qui a valeur constitutionnelle bénéficie d’une protection particulière. Je rappelle le texte « la propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique légalement constatée l’exige et sous les conditions d’une juste rémunération «
Ainsi un maire n’a pas le droit d’user de sa fonction de maire pour décider de la destruction d’une maison ou d’un atelier sans qu’une procédure ait été au préalable engagée pour démontrer que la nécessité publique exigeait cette destruction
Ainsi pour donner un exemple récent suite aux inondations de Vendée il a été constaté le risque important d’inondation et l’Etat a décidé de procéder à la destruction d’un certain nombre de maisons et il a indemnisé les propriétaires
Dans le cas de Fessenheim EDF (propriétaire majoritaire) comme vous l’avez vous-même souligné n’a pas l’intention de fermer cette installation amortie qui ne présente aucun risque (voir décision de l’ASN) ni aucune nuisance pour l’environnement et au contraire envisage de poursuivre son activité au-delà de 2028 si l’ASN lui en donne l’autorisation à cette date
La décision du Président de la République de détruire Fessenheim n’est dans ces conditions aucunement justifiée et doit donc être considérée comme arbitraire
Il en découle que la nomination d’un délégué interministériel pour préparer la fermeture et le démantèlement de cette installation n’a aucun fondement juridique
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle plusieurs actions ont été engagées, la première le 11 février – recours de 4 syndicats devant le Conseil d’Etat contre la nomination de Monsieur Rol Tanguy action suivie d’autres recours similaires de communes concernées
Le gouvernement conscient de cette situation a décidé d’inclure la fermeture de Fessenheim dans le débat sur la transition énergétique, fermeture qui fera partie de la loi dite d’orientation énergétique qu’il proposera au Parlement à la fin de l’année à l’issue du débat sur la transition énergétique (loi qui serait votée à la fin du printemps 2014, dites vous)
On notera que même si une telle loi était votée elle aurait valeur anticonstitutionnelle sauf si EDF, le propriétaire décidait alors de procéder à la fermeture de son installation
Dans votre interview vous affirmez que le Président d’EDF aurait dit qu’il se conformerait à la loi ; j’attends de voir ! Son mandat se termine fin 2014
Et supposant qu’EDF accepte de fermer Fessenheim on se trouverait devant la situation de la fermeture d’une installation rentable avec toutes ses conséquences sociétales, notamment la suppression de 770 emplois, fermeture décidée par un patron « voyou « qui comble est l’Etat
On peut s’attendre alors à ce que Le Ministre du redressement productif monte au créneau et soutienne les syndicats et tous les salariés concernés dans leur action contre cette fermeture,
On peut craindre que cette action légitime soit musclée !
Quant à moi je la soutiendrai
J’aborde maintenant mes réactions à votre interview
1- concernant EDF –
J’ai été profondément choqué de votre attitude concernant la position d’EDF de ne pas avoir l’intention de fermer Fessenheim et de vouloir prolonger la durée de vie de ces centrales jusqu’à 60 ans, position que vous balayez sans apporter la moindre justification
La position d’EDF, première entreprise productrice d’électricité dans le monde, ayant 160 000 collaborateurs , entreprise reconnue internationalement, écoutée et respectée, ne présenterait donc que peu d’intérêt pour vous J’ai eu l’occasion pendant 20 ans lorsque j’étais responsable des programmes de recherche de sureté nucléaire à l’IPSN (l’ancêtre de l’IRSN) d’avoir de nombreuses discussions avec mes collègues d’EDF, parfois difficiles, et j’ai toujours apprécié la compétence, le sens de responsabilité de mes collègues d’EDF
Cette entreprise a constamment agi en conciliant son intérêt propre avec l’intérêt supérieur du pays
Comme vous le savez, la position d’EDF est la position de tous les salariés de cette entreprise, fleuron de notre pays, elle est la position de ces milliers d’ingénieurs et de techniciens, elle est la position de l’ancien prestigieux Président, Monsieur Marcel Boiteux qui a mis en œuvre avec brio le programme électronucléaire de notre pays
Elle est la position de 21 directeurs de centrales telle qu’exprimée dans un lettre adressée aux salariés de Fessenheim le 20 septembre dernier, suivi d’une lettre de 30 anciens directeurs de centrales
Elle est la position de plus de 200 scientifiques et ingénieurs, tous ayant eu ou ayant des responsabilités importantes dans le domaine de l’énergie qui ont signé le 24 janvier un manifeste contre l’arrêt de Fessenheim
Elle est la position de l’industrie pétrolière précisée le 22 avril 2012 qui affirme que » la meilleure carte de politique énergétique de la France pour les décennies à venir est la prolongation maximum de la durée de vie du parc existant, couplée à l’adoption de nouvelles centrales type 3eme génération s’étendant sur les 15 à 20 années à venir et dont une part importante de la production pourrait être exportée … « position en total désaccord avec la votre
Elle est la position de l’UFE qui regroupe toutes les industries électriques,
Elle est la position présentée dans le rapport énergies 2050 et dans certains rapports parlementaires
Elle est la position de nombreuses associations, y compris d’associations de défense de l’environnement, comme pour ne citer qu’elles la FED, Sauvons le Climat, l’AEPN etc.
Elle est ma position, position que je défends depuis des années et que vous trouverez dans les documents que je vous adresse et pour lesquels comme vous n’êtes pas autiste je serais heureux d’avoir vos commentaires
On ne peut ignorer la position de l’immense majorité des acteurs de l’énergie à moins d’être autiste, comme vous le dites plus loin dans votre interview
2 – concernant le milieu nucléaire qui ferait preuve d’autisme, cette affirmation est insultante et je ne peux l’admettre
Elle est insultante en particulier pour tous ceux qui comme moi s’honorent d’avoir fait partie des pionniers dans les années 50 d’une grande épopée , nous étions tous jeunes , nous avions la foi, nous étions seuls, il fallait tout inventer, notre mission était de construire et non de détruire , nous ne connaissions pas les trente cinq heures, consacrant gratuitement des dimanches ou des nuits à surveiller nos machines d’essais qui fonctionnaient en permanence , nous ne connaissions pas le principe de précaution , j’ai inhalé beaucoup de poussières d’uranium et je suis encore vivant ! Si le principe de précaution avait existé à cette époque le nucléaire n’aurait jamais pu se développer
Elle est insultante parce qu’au cours de ces 60 années contrairement à ce que vous semblez affirmer les acteurs du nucléaire n’ont jamais rien caché et que nous avons toujours cherché le dialogue
La transparence a été en permanence notre
crédo, qu’on se doit de reconnaitre
Cette épopée qui a démarré sous l’impulsion du Général de Gaulle a été poursuivie par le Président Pompidou par la mise en œuvre d’un programme sans précédent de développement industriel, Cette politique s’est poursuivie depuis, quelques soient les gouvernements
Elle a permis à notre pays de devenir la deuxième puissance électronucléaire dans le monde (après les USA) et la première puissance pour la part du nucléaire dans la production électrique
Elle a permis à notre pays de disposer d’ une électricité à un coût parmi les plus bas du monde ceci au bénéfice de tous les ménages et de nos entreprises, avec un niveau de pollution le plus faible du monde ( moins de 60g par KWh ) , assurant notre indépendance énergétique pour l’électricité ( 75 millions de tonnes d’équivalent pétrole en énergies fossiles annuellement économisées ) , participant de manière importante à l’équilibre de notre balance hélas très déficitaire ( plus de 70 milliards d’euros en 2012 ! ) par l’exportation des équipements et services (6 milliards d’euros par an) ses économies à l’importation de matières fossiles (de l’ordre de 20 milliards d’euros par an ) et ses exportations d’électricité, non destructrice de sites grâce à la concentration de ses installations, cumulant plus de 1700 années réacteurs dans des conditions de sureté remarquables sans qu’on ait eu à déplorer un seul décès suite à des irradiations
Ce bilan, nul ne peut l‘ignorer à moins d’être autiste
Quant à reprocher à la communauté nucléaire d’être autiste, c’est une insulte,
Après nous avoir reproché d’être compétents donc partisans (en 2003 j’ai reçu une lettre édifiante de Corinne Lepage, avocate de nos écologistes doctrinaires qui me reprochait ma compétence !!), on nous reproche maintenant d’être autistes
Je ne cesse depuis des mois d’essayer d’ouvrir un dialogue en adressant mes argumentaires à un certain nombre d’organismes gouvernementaux et je n’ai hélas jamais de réponse-
je cite en exemple parmi d’autres l’ADEME ( deux lettres en novembre et décembre dernier, l’une dans laquelle j’adressais mes commentaires sur l’étude intitulée » contribution de l’ADEME à l’élaboration de visions énergétiques 2030-2050 « et ma contribution au débat sur la transition énergétique en lui demandant son avis, l’ autre dans laquelle je contestais la norme RT 2012 norme aberrante dite d’efficacité énergétique qui pénalise le recours à l’électricité au profit des énergies fossiles et dans laquelle je proposais une nouvelle norme ,
J’attends toujours la réponse de l’ADEME
Je cite le Ministère de l’Ecologie à qui j'ai adressé quatre documents
J’attends toujours la réponse
Je cite le Ministère du redressement industriel à qui j’ai adressé de nombreux documents et mes commentaires sur un rapport commun avec le ministère de l'écologie intitulé « éolien et photovoltaique -enjeux industiels et sociétaux « du 14 septembre 2012
J’attends toujours la réponse
Où sont les autistes ?
3 - concernant la fermeture de Fessenheim
Quelques rappels
Le candidat Hollande a signé le 15 septembre 2011, pour s’assurer les votes des Verts aux élections présidentielles un accord avec ces deniers s’engageant s’il était élu à fermer la centrale de Fessenheim avant fin 2016 ( engagement N° 41 ) et à porter la part du nucléaire à 50% à l’horizon 2025 .La fermeture de Fessenheim était la condition qu’avaient imposée les Verts pour signer l’accord
Le candidat Hollande a justifié, lors du débat entre les deux tours avec Nicolas Sarkozy, cet engagement principalement pour des raisons de sureté
Elu le président de la République abandonne ce motif, l’Autorité de Sureté indépendante du pouvoir (l’ASN) ayant donné le 4 juillet 2011 son accord pour la poursuite de l’exploitation jusqu’à 2028 sous réserve de travaux de renforcement du radier que EDF a entrepris depuis
Reste le motif que Fessenheim est vieille
Quelle affaire ! J’ai 83 ans, je jouis de toutes mes facultés intellectuelles et physiques et mon médecin ne peut m’assurer de ma durée de vie restante. Il ne décide cependant pas de me faire disparaitre
Le médecin de Fessenheim – l’ASN considère que la centrale dispose de toutes ses facultés et qu’elle peut vivre au moins 10 ans de plus (aux USA des réacteurs identiques à Fessenheim ont reçu l’autorisation par NRC, l’ASN américain, de prolonger leur durée de vie jusqu’à 60 ans)
Dans ces conditions il n’y a aucune raison pouvant justifier sa destruction comme il n’y aucune raison de jeter aux encombrants un vieux lave vaisselle, un vieux lave linge, un vieux poste de télévision, une voiture tant qu’ils fonctionnent sauf raison majeure, sous réserve d’une évaluation préalable coût bénéfice, autrement il s’agit d’un caprice !
Mais, oui, j’avais oublié qu’il y avait une raison. !
Cette raison c’est l’accord avec les Verts., le président de la République craint en effet que les Verts quittent la majorité si cet engagement n’est pas respecté.
Les conséquences de cet arrêt ont été évaluées
Perte d’au minimum 12 années de fonctionnement d’une centrale totalement amortie, soit perte annuelle directe pour EDF de 400 millions d’euros (perte de recette sur 12 ans, 5,8 milliards d’euros)
De plus les deux partenaires qui disposent de 33,5% de participation ne manqueront pas de réclamer à EDF, lequel se retournera vers l’Etat , le montant du préjudice soit 134 millions d’euros par an .De même EDF est en droit de demander à l’Etat le montant du préjudice subi , soit la perte de 400 millions d’euros par an
Perte de 770 emplois pour la plupart qualifiés qui ne seront remplacés que par une centaine d’emplois et ceci pour la durée du démantèlement, auxquels s’ajoute la perte d’au moins 200 emplois extérieurs
Obligation de compenser la perte de production électrique (Fessenheim assure 70% des besoins de l’Alsace) par une autre source, en important du courant de l’Allemagne tant que les réseaux de transport et de distribution n’ont pas été adaptés (à quel coût et quand ?) Le coût du courant importé coûterait au minimum chaque année 840 millions d’euros
Coût du démantèlement anticipé, plus de 500 millions d’euros
Quel gaspillage totalement inutile car totalement infondé
Quelle incohérence d’un gouvernement qui s’est battu pour sauver 600 emplois de l’aciérie de Florange qui n’était plus rentable et qui sacrifie 770 emplois en détruisant une installation amortie , en parfait état , capable de fonctionner jusqu’en 2028 qui comble est une installation dont il n’est théoriquement que pour 46% propriétaire (70% part de l’Etat dans EDF, 66,5% part d’EDF dans Fessenheim)
Monsieur Rol TANGUY vous avez accepté une mission impossible
Pour ce qui me concerne je tiens à vous dire que si une telle mission m’avait été proposée je l’aurai refusée
Sachez que si Fessenheim est prématurément arrêté votre nom sera associé à Monsieur démantèlement comme il l’est déjà
4 – concernant votre affirmation qu’il faut commencer sans tarder les fermetures sans prolonger toutes les centrales jusqu’à 60 ans
Vous affirmez qu’il faut commencer sans tarder et sans prolonger toutes les centrales jusqu’60 ans comme le souhaite EDF à engager leur fermeture ; pire vous allez jusqu'à dire que vous rendez ainsi service à EDF !
Vous mettez ainsi en cause la stratégie industrielle d’EDF, entreprise qui depuis le 8 avril 1946, date de sa création, a démontré de manière incontestable la valeur de ses choix industriels. Pour les dix à vingt ans qui viennent le parc existant offre la meilleure compétitivité et sur des bases économiques son remplacement ne se pose qu’au delà de 2030
Vous n’êtes pas sans ignorer que des exploitants américains de réacteurs identiques à Fessenheim et qui ont sont plus âgés ont demandé leur prolongation à 60 ans auprès de NRC (L’autorité de sureté américaine) autorisation qu’ils ont reçue sous réserve de certaines vérifications. Ces exploitants seraient ils inconséquents ?
Vous tentez ainsi sans le dire de justifier pour des raisons économiques le deuxième engagement du candidat Hollande de réduire la part du nucléaire de 76% à 50% d’ici 2025, engagement qui conduit à devoir arrêter prématurément 24 réacteurs
C’est la première fois qu’un tel argument est utilisé !
Vous affirmez que le coût du remplacement de la capacité sera phénoménal
Le coût d’investissement sera le même quelque soit l’échéancier. Il est connu
Par contre ce qui sera phénoménal c’est le coût de la perte de production qui a été chiffré en prenant pour hypothèse l’arrêt de deux tranches par an au minimum à 45 milliards d’euros et à 90 milliards d’euros si la durée de vie était portée à 60 ans comme aux USA , soit l’équivalent de 6 réacteurs EPR à 12 réacteurs EPR en admettant le coût du prototype de Flamanville ( 8 milliards d’euros ) correspondant au minimum à 9 600 MW
Par contre ce qui sera phénoménal et vous vous gardez de le dire c’est que la diminution de la part du nucléaire est prévue se faire en ayant recours aux énergies renouvelables – éolienne et photovoltaïque obligeant à investir prématurément l’équivalent de 21 000 MW nucléaires soit compte tenue des faibles rendements de ces énergies plus de 70 000 MW, investissement qu’il faudra refaire 25 ans plus tard compte tenue de la durée de vie de ces installations (au lieu de 60 ans pour l’EPR)
Le coût de ces investissements a été évalué à plus de 68 milliards d’euros auxquels il faut ajouter 12 milliards d’euros de thermique nécessaire pour palier les intermittences de ces énergies , soit 80 milliards d’euros qu’il faut doubler soit 160 milliards d’euros à comparer à 32 milliards d’euros qu’il faudrait investir à partir de 2030 pour assurer la même production avec seulement 4 réacteurs EPR qui fonctionneront pendant 60 ans soit jusqu’à 2090 !
En ajoutant les investissements nécessaires pour réadapter les réseaux haute tension et de distribution le coût a été évalué à 220 milliards d’euros et le surcoût annuel de production à 5,7 milliards d’euros par an auxquels s’ajoutent tous les effets induits, qui sont présentés dans les documents que je vous adresse
EDF a chiffré à 40 milliards d’euros le coût des investissements qui seraient nécessaires pour prolonger la durée de vie du parc de 50 à 60 ans
5 – concernant votre affirmation que la France doit améliorer son efficacité énergétique de 20 % d’ici 2020 et que vous voyez mal le rebond de la demande d’électricité
Diminuer le recours aux énergies fossiles doit être pour notre pays l’impératif fondamental, étape obligée d’une transition énergétique réussie. Le recours à l’électricité dés lors qu’elle est majoritairement d’origine nucléaire participe à cet objectif et sa part dans le bouquet énergétique devrait normalement croitre
L’UFE considère que l’énergie électrique est le seul vecteur énergétique dont la consommation continuera de croitre
La consommation électrique corrigée des variations climatiques est restée en 2012 voisine de celle de 2011, se stabilisant à 480 TWh (diminution de 4% de la part de l’industrie compensée par une augmentation importante des ménages laquelle progresse régulièrement de 2,4 % par an) Prétendre dans ces conditions que la consommation électrique diminuera les prochaines années ne me parait pas exact
Quant à l’objectif d’amélioration de l’efficacité énergétique de 20% d’ici 2020 tout le monde s’accorde à reconnaitre et les faits le démontrent que cet objectif n’est pas réaliste .Il est en particulier inatteignable sur l’habitat qui est le secteur le plus concerné malgré les multiples incitations publiques qui ne peuvent que contribuer à alourdir la dette publique ( le retour sur investissement des rénovations des bâtiments est loin d’être assuré )
6 – votre affirmation que l’exportation de courant est la seule raison d’être d’un parc nucléaire d’une telle taille
Cette affirmation est surprenante quand on connait le déficit de notre balance commerciale qui a atteint plus de 64 milliards d’euros l’année dernière
Les exportations d’électricité ont été de 45 TWh en 2012, elles ont contribué pour 3 milliards d’euros à diminuer le déficit colossal de notre pays
Ceci vous parait sans intérêt !
Monsieur, ayant exercé des responsabilités importantes pendant plus de 40 ans dans le développement de l’énergie nucléaire, ayant participé au rayonnement international de mon pays, en tant que citoyen responsable je pense que vous comprendrez ma réaction
Le bon sens, l’intérêt supérieur de notre pays impose qu’aujourd’hui aucune décision ne soit prise conduisant à arrêter prématurément le fonctionnement du parc nucléaire actuel , que tout soit mis en œuvre pour prolonger la durée de vie des réacteurs jusqu’à 60 ans et de ne pas se fixer d’objectif de part du nucléaire à quelque horizon que ce soit afin de ne pas compromettre l’avenir en maintenant une perspective de long terme grâce au développement des réacteurs de la quatrième génération . Ce n’est pas au plus tôt avant 2030 que des décisions raisonnées pourront valablement être prises quant aux choix qui engageront notre politique énergétique électrique pour des décennies. L’incertitude porte sur tous les domaines, technologique, économique, financier, évolution des besoins, politique qui nécessitent de ne prendre aujourd’hui aucune décision irréversible
Je vous prie, monsieur Rol Tanguy , en l’assurance de mes sentiments dévoués
C .RINGOT