AccueilBase documentaireLe futur énergétique en France ?

Le futur énergétique en France ?

  • Publié le 27 novembre 2013
SLC
  • Changement climatique
  • Electricité
  • Energie dans les transports
  • Nucléaire
  • Climat
  • Science et technologie
  • Stockage de l'énergie
  • Gestion de l'électricité
  • Combustibles fossiles
  • Eolien et solaire
  • Production d’énergie
  • Usages de l’énergie
  • Stockage de l’énergie

LE FUTUR ENERGETIQUE EN FRANCE ?

exposé de

Paul Henri Rebut

Novembre 2013

 

Introduction

Je voudrais commencer par cette remarque  « un sage prédit le passé »

De toute façon je ne pourrai pas vous présenter en 1 heure tous les problèmes de l’énergie et je me limiterai aux points, à mon avis, les plus importants.

Comme vous le savez bien, l’énergie est un des problèmes clefs qui contribuera à l’évolution de ce monde en ce XXIème siècle. Dans un pays, l’électricité a un rôle majeur et a de fortes répercussions sur l’économie et le bien-être d’une population.

Je me limiterai ici aux choix possibles pour la France et ce qu’ils devraient être indépendamment des peurs et des idéologies.

 

Pour éviter toute confusion, je commence par insister sur la différence entre la puissance qui s’exprime en Watt, kiloWatt, MégaWatt et GigaWatt et l’énergie qui s’exprimera en MWh, GWh ou tep (tonne équivalent de pétrole) 1 tep = 11,6 MW h. La puissance est le produit d’une force et d’une vitesse tandis que l’énergie est le produit d’une force moyenne par la distance parcourue ou le produit de la puissance moyenne par le temps qu’elle dure.  Par exemple, pour qu’une personne donnée atteigne le haut d’une colline, l’énergie nécessaire est indépendante de sa vitesse d’ascension ; mais la puissance déployée en dépend directement. Trop souvent, à la télévision ou à la radio et  même dans les journaux, surtout quand il s’agit d’énergies renouvelables, on ne présente que la puissance installée et non pas l’énergie produite.

Les chiffres qui vous seront présentés correspondent à des valeurs obtenues dans l’année 2012 et 2013.

M correspond à million et G (giga) à milliard.

Les chiffres qui seront donnés seront arrondis et parfois manquent de précision car souvent ce que l’on trouve dans les publications correspond à un mélange d’énergies qui sont affectées de rendements très différents. Les sources que j’ai utilisées sont principalement l’EDF, RTE (réseau de transport électrique), l’INSEE et la Cour des Comptes. Même dans ces sources on trouve des amalgames peu scientifiques. Je ne peux garantir l’exactitude scientifique de tous les chiffres que je mentionne car très souvent ce qui entre dans leur composition n’est pas mentionné. En particulier pour les coûts, l’impact des investissements, des aides de l’état et des prévisions pour le futur et leur remplacement n’est pas précisé.  

 

Les sources d’énergie primaire 

Les sources d’énergie primaire sont celles que la nature met à notre disposition.

Ces sources primaires peuvent être classées en trois groupes :

a)  Les combustibles : les combustibles nucléaires (uranium, thorium, lithium, deutérium,) ou chimiques (charbon, pétrole, gaz, biomasse)

Ces sources produisent de la chaleur.

A ces sources on peut ajouter la géothermie

 

b) Les énergies mécaniques fluides

L’eau (les barrages, les chutes d’eau, les courants  marins) et le vent.

Deux sous-groupes : - celui où l’énergie produite est  contrôlée (barrages et vannes). Ces énergies peuvent être transformées en énergie mécanique utile avec un bon rendement (ce sont les énergies hydrauliques usuelles).

- le sous-groupe  où l’énergie produite n’est pas contrôlée et même intermittente (éolienne, hydrolienne).

 

c) L’énergie solaire : photovoltaïque ou thermique – qui par nature est intermittente et a de faibles rendements.  La lumière ne peut pas être stockée directement.

 

Ces énergies primaires, pour être utiles à l’homme doivent être transformées en mouvement mécanique ou en chaleur. Ces mouvements mécaniques hors les transports sont en grande partie convertis en électricité.

 

Les sources primaires utilisées en France :

Pour l’électricité : ce sont 116 Mtep en 2012  dont les 3/4 proviennent du combustible nucléaire et  le reste vient des énergies mécaniques fluides principalement de l’hydraulique et 3 % de l’éolien et du photovoltaïque.

Les énergies fossiles : 128 Mtep

Les autres combustibles : bois, biocombustibles : 17 Mtep

Le photovoltaïque : 0,2 Mtep

 

Ce que l’on demande à une source d’énergie :

1- sa disponibilité : pouvoir l’utiliser lors des besoins.

2- un coût peu élevé pour les individus et pour l’industrie, ce qui demande une efficacité dans l’utilisation de l’énergie, la durabilité des installations et des coûts d’investissement et de maintenance contrôlés.

3–la sécurité des installations.

4- la limitation des gaz a effet de serre.

5- un contrôle des déchets produits et de leurs impacts.

6– la maitrise du démantèlement des installations.

 

Les transformations énergétiques : les vecteurs énergétiques

 

Les énergies primaires ne sont pas en général utilisables directement, il faut les transformer en chaleur, en électricité et en mouvement mécanique (rotation d’un arbre), L’ électricité est un vecteur énergétique car elle peut facilement être transportée à l’opposition de la chaleur et des mouvements mécaniques.

Toute transformation d’énergie en une autre nécessite des installations en général lourdes avec des rendements inférieurs à l’unité. La plus grande partie des énergies primaires provient des combustibles tant nucléaires que chimiques et produisent de la chaleur. Cette chaleur est utilisée soit directement, chauffage, industrie chimique, soit pour être transformée en énergie mécanique par des turbines et des moteurs.

 Malheureusement le rendement de cette transformation est limité par la physique : cette limite est le rendement de Carnot  rC .

 rC = (Tc – Tf)/( Tc + 273)     T étant  en dg  Celsius

avec Tf    =  100 dg   et  Tc  = 473 dg C ,      rC  =  50%  

Pour obtenir le rendement réel, il faut de plus tenir compte de pertes thermiques et mécaniques supplémentaires.

Le rendement de Carnot augmente avec la température de la vapeur ou des gaz de combustion, mais celle-ci reste limitée par les matériaux dont on dispose qui doivent aussi résister à des forces  de pression.

L’énergie mécanique produite sert soit au transport, soit à la production d’électricité avec, pour cette dernière, un excellent rendement des alternateurs supérieur à 95%.

A cause du rendement de Carnot, on ne peut pas considérer qu’il y a équivalence entre les énergies thermiques et l’électricité.

 

L’électricité.

L’électricité se transforme en toute autre source avec un excellent rendement.

alt

C’est en fait un vecteur énergétique. Son transport est facile mais nécessite des lignes électriques fixes. Son avantage est une grande souplesse d’utilisation avec des rendements proches de l’unité

De par sa nature l’électricité ne peut pas être stockée de manière utile  sans repasser par une autre énergie (si l’on excepte les condensateurs et les bobines supraconductrices).  Ce qui signifie que la consommation doit être à tout moment égale à la production.

La génération d’électricité doit se conformer à la demande sinon des coupures de courant ou des délestages sont obligatoires. En France l’électricité provient principalement du nucléaire et de l’hydraulique.

L’électricité est d’une grande facilité d’utilisation et a pratiquement l’hégémonie pour alimenter les moteurs fixes et l’éclairage. Mais elle ne peut pas être directement stockée

Les pointes en France de demande, en général le soir, ont déjà dépassé 100 GW  en 2013  et demande de recourir à l’importation.

L’augmentation de la consommation d’électricité est prévisible dans le monde entier, en particulier si l’on tient compte de pays comme l’Inde ou la Chine…mais aussi en Europe.

Il me semble aberrant de tabler sur une réduction de la consommation d’électricité en France, surtout si les véhicules électriques se développent. Il serait préférable de vendre de l’électricité à l’extérieur plutôt que d’importer.

 

alt

 

La puissance demandée varie de 20 GW . Cette variation, ici 25 % , est couverte par l’hydraulique et le thermique.

 

Les coûts de production

Les coûts de production ci-dessous correspondent à ceux d’EDF  faites en Mai 2013mais je ne sais si elles incluent les subventions de l’état en particulier pour l’éolien terrestre et le photovoltaïque.

Nucléaire                      50      € / MWh
Hydraulique                  20      € / MWh
Eolien terre                   82      € / MWh
Eolien mer                   220      € / MWh
Photovoltaïque            300 +   € / MWh
Charbon                        70       € / MWh
Gaz                             100        € / MWh
Fioul                            100       € / MWh

 

Le nucléaire

 

1 réaction de combustion ordinaire d’un atome de carbone donne une énergie de 4,4 eV
1 réaction de fission donne 200 MeV  soit 450 millions de fois plus. En tenant compte des rapport des densités carbon uranium : 8  et des masses atomiques :20  ,

le rapport des énergies produites  est:

par unité de poids    22  millions

par unité de volume  176 millions

Le combustible nucléaire est insignifiant lorsque l’on compare son poids ou son volume aux combustibles classiques. Les réserves stockées en France représentent plusieurs siècles de production électriques si l’on dispose de réacteurs rapides.

L’Uranium naturel est composé de 0,7 %  d’Uranium 235 , le reste étant de l’Uranium 238.

les filières présentes, REP et l’EPR… consomment surtout l’Uranium 235, on utilise pour cela de l’uranium naturel enrichi à 4 ou 5 %  d’Uranium 235 ; dans ce cadre les réserves correspondent à 1 à 2 siècles. Mais ne brûler que l’uranium 235 est une aberration pour le futur. L’uranium 238 peut aussi être brûlé dans les réacteurs rapides en passant par le plutonium. Dans ce cas là, les réserves monteraient  à plus de 10.000 ans et peut-être 10 fois plus si l’on y adjoint la filière thorium et une extraction de minerais plus pauvres en uranium. Différents choix de réacteurs rapides sont possibles mais pour l’instant la France construit le réacteur rapide expérimental Astrid. La voie des rapides me semble essentielle pour l’avenir de l’humanité. Et j’espère que la France pourra y jouer un rôle important.

L’énergie nucléaire n’est pas sans problème. L’exploitation des réacteurs doit être faite de manière rigoureuse et c’est aux pays en possession de ces connaissances de développer les réacteurs rapides (la 4ème génération). Mais ils ont même le devoir de développer d’urgence cette énergie pour en faire profiter les pays qui en manquent. Il faut réaliser que ce qui est décidé maintenant n’aura sans doute pas d’impact économique avant 20 ans.

La fusion thermonucléaire contrôlée devrait aussi participer à la production de l’énergie.

Malgré Fukushima et Tchernobyl l’énergie nucléaire reste la plus sure avec l’hydraulique. Il faudra néanmoins stocker sous terre les produits de fission dont le volume reste comparable à l’uranium utilisé. Les actinides qui constituent la grande majorité des produits à longue vie devront sans doute  être brûlés dans ces réacteurs rapides.

Il y a  environ 60 centrales nucléaires en construction dans le monde.

 Pour une meilleure compréhension de ces questions, je vous reporte à un excellent exposé de Henri Conze et à son livre «Monsieur le Président, ne vendez pas la Joconde ».

 

Les énergies mécaniques fluides primaires

Elles proviennent des cours d’eau (l’hydraulique), des courants marins (l’hydraulien) et du vent (l’éolien).

L’hydraulique a été la première utilisée dans une centrale. Elle nécessite en général une dénivelée et un lac de retenue derrière un barrage qui demande souvent l’inondation de vallées. Cette source d’énergie a de bons rendements et est facilement et rapidement contrôlable grâce à des vannes.

Le vent est sans doute la source d’énergie la plus ancienne utilisée par l’homme : bateaux à voile, moulins à vent et revient en scène comme une énergie nouvelle avec les éoliennes.

A l’exception de l’usine marémotrice de la Rance, les courants marins (l’hydraulien) ne sont pas à l’heure actuelle utilisés.

Les problèmes de ces 2 dernières sources sont d’une part l’intermittence et d’autre part la faible densité d’énergie disponible.

 

L’intermittence et le stockage

Les énergies éoliennes, photovoltaïques et dans une moindre mesure l’hydraulien             (utilisation des courants marins) sont sujets à l’intermittence. Il faut alors compenser les creux et les pics produits. Il faut aussi comparer les coûts relatifs des investissements :

 

Puissance éolienne installée  7060 MW

alt

Par exemple pour l’éolien terrestre, dû à l’irrégularité des vents, la puissance moyenne n’est que 20 % de la puissance installée, avec des creux et des pics importants. Les variations de puissance sont très importantes en des temps courts

 

alt

 

Une telle production n’est pas gérable à cause de ses variations atteignant 300 pour 100 en moins de  3 heures sauf pour de très faibles puissances .

La comparaison des investissements pour des projets actuels est :

Coût capital pour éolien offshore : 7 G€ pour   2 GW  installé,    0,6 GW  utile   (30 %)

Coût capital pour l’EPR              : 7 G€ pour 1,6 GW installé,    1,2  GW  utile   (75 %)

Soit un facteur 2 entre les coûts d’investissement de l’éolien en mer et du nucléaire.

Il faut aussi tenir compte de l’entretien et de la durée de vie des installations. Pour l’éolien offshore, le coût de l’entretien est fort important car il faut des bateaux spéciaux pour  l’exécuter. Ces bateaux doivent permettre de travailler à plus de 100m de hauteur sans mouvement important.

Pour les creux de production d’énergie dus à l’intermittence il faut disposer d’une autre source d’énergie électrique qui ne fonctionnera  que partiellement et se substituera à la source d’énergie défaillante. Le coût d’une énergie de compensation est en général beaucoup plus élevé que le coût moyen de l’électricité produite, d’un facteur 2 à 3. Ces coûts ne sont pas actuellement inclus dans les évaluations.

Voici un extrait d’un rapport 2013 de la cour des comptes :

« Pour autant, selon RTE, aucune étude sérieuse sur les besoins de développement des réserves « à chaud » ou « à froid » n’a encore été menée permettant d’estimer, pour la France, le coût des unités de back-up induites par le développement des énergies renouvelables. »

De même il faudra stocker l’énergie produite pendant les pics ou la jeter, ce qui diminue le taux d’utilisation de la source.

En France la puissance éolienne totale varie de 0 % à 80 % de manière erratique. Il n’y a pas de compensation suffisante de vent entre les diverses régions. Ce type de production est incompatible avec la demande. Et sa surproduction peut générer des coûts de vente négatifs de l’énergie, c’est à dire qu’il faut payer un autre état ou des entreprises pour qu’ils reprennent notre électricité. Pendant plusieurs jours, en septembre2013, la production totale d’électricité éolienne en France a été inférieure à 3 %  de la puissance éolienne installée. Etant donné la faible production moyenne de l’éolien ces variations restent encore à la limite de ce que peut encaisser le réseau.

L’Allemagne, pour régler ce problème construit des centrales thermiques marchant à la lignite et au charbon extraits à partir de mines à ciel ouvert. Il en résulte qu’elle détient le record de l’UE  en terme de production de gaz carbonique par habitant. Je pense que ce n’est pas le modèle à suivre.

 

Le photovoltaïque

Cette énergie intermittente ne représente qu’une faible fraction de la production électrique mais elle pèse dans le coût des renouvelables.

Son utilisation est limitée par l’ensoleillement de la région de l’installation. Les installations sont fragiles et leur longévité n’est pas garantie.

Pour des installations de faibles puissances et déconnectées du réseau, avec l’aide de batteries, ce système peut être utile.

 

alt

 

Le stockage

Il n’y a pas de stockage direct de l’électricité envisageable industriellement ce siècle. Pour stocker l’électricité, il faut la transformer en énergie chimique ou potentielle puis la reconvertir en électricité. Ces conversions successives imposent chacune des équipements lourds et coûteux provoquant des pertes. La seule méthode réaliste aujourd’hui est d’utiliser des stations de turbinage et de pompage (STEP) qui demande de lourds investissements en capitaux et des terrains à submerger.

Les pertes de rendement du stockage hydraulique sont faibles si la dénivelée est importante avec des rendements des turbines hydrauliques  et des pompes entre 80 et 90 %.

Un autre stockage de l’électricité se fait par l’utilisation de piles ou d’accumulateurs dans lesquels l’électricité induit des réactions chimiques réversibles (accumulateurs au plomb, batteries lithium – ions). Malheureusement, ces éléments sont chers et stockent peu d’énergie par unité de poids et ont en général un temps de vie limité. Le coût estimé est de  500  à  1500 € /kWh stockés . Une recherche d’amélioration existe depuis deux siècles. A l’heure actuelle, cette question reste le point noir des véhicules électriques.

Le stockage reste une des clés du développement des énergies renouvelable mais en augmente sérieusement le coût.

 

Les subventions et l’obligation d’achat par EDF

L’EDF a l’obligation d’acheter l’électricité produite par les éoliennes et le solaire à un prix imposé. L’Etat impose à l’ensemble des consommateurs une contribution au service public de l’électricité (CSPE) de 13,5  €/MWh  inférieure à la réalité et qui, projeté en 2020, devrait coûter autour de 20 €/MWh . Ce coût payé directement par le contribuable en 2013 correspond en 2013 à une augmentation de 20% du coût de l’électricité pour une production d’environ 3 % .

Les autres subventions indirectes, tel le crédit d’impôt, représentent environ une valeur double du CSPE . De plus ces coûts ne comprennent pas les coûts de modification de réseaux induits par l’intermittence.

 

Les énergies fossiles et la production de gaz carbonique

Les combustibles fossilessont le charbon, la lignite, le pétrole et le gaz conventionnel, les pétroles et gaz de schistes. La quantité importée s’élève à 126 Mtep répartis entre :

l’énergie                                      14       Mtep
l’industrie et l’agriculture               23,5    Mtep
le résidentiel et le tertiaire             33       Mtep
le transport                                  45,4    Mtep
autres   (matière première etc. )    12       Mtep

Ils produisent, lors de leur combustion, du gaz carbonique. Il y a aussi des fuites de méthane qui est le composant principal du gaz naturel. L’atmosphère est le milieu terrestre le plus fragile. Le gaz carbonique, CO2 et le méthane sont des gaz à effet de serre, considérés comme responsables du réchauffement climatique par la majorité des scientifiques qui travaillent sur le sujet.

Pour la même chaleur, la masse de CO2 produite varie de 1 à 2 en fonction du combustible, gaz, pétrole ou charbon. Le gaz carbonique représente environ 3 fois la masse des combustibles brûlés.

Pour limiter la quantité de CO2 dans l’atmosphère,il faut soit capter le CO2 lors de sa production et l’envoyer sous terre en espérant qu’il y restera ou diminuer fortement l’utilisation des combustibles fossiles.

La captation du CO2 dans les fumées, puis sa réinjection sous forme liquide dans des puits sont des opérations lourdes et coûteuses.

Il faut bien comprendre que le problème du réchauffement climatique est un problème mondial et que les actions de la France n’ont pratiquement aucun impact. Seules des actions à l’échelle de continents auront un effet. Le pays ne doit pas ruiner son économie surtout dans le contexte actuel de crise pour un objectif dérisoire. Néanmoins dans des choix économiquement équivalents l’effet de serre doit intervenir.

L’utilisation du gaz naturel permet déjà une diminution d’un facteur I ,4 vis à vis du pétrole et de 2 vis à vis du charbon.

Le problème de la connaissance des réserves des gaz de schiste et de son exploitation se pose de manière aigüe en France. Aux USA l’exploitation des gaz de schiste a permis de diviser le coût du gaz par un facteur 3. Si l’on pouvait obtenir un effet similaire en France cela permettrait de réduire fortement le coût des importations de pétrole et de diminuer en même temps la production de gaz carbonique. Il faut ici reconnaître que le déficit commercial de la France n’est que peu supérieur au coût des importations de combustibles fossiles. L’étude des réserves possibles a été stoppée à la suite d’une peur fallacieuse de pollution des nappes phréatiques par le gaz qui pourrait résulter de la  fracturation hydraulique. Il faut savoir que la fracturation hydraulique est utilisée dans tous les puits de pétrole ou de gaz depuis une quarantaine d’années et que c’est une technique complètement maîtrisée. Je pense que les autres techniques de fracturation sont plus hasardeuses. Le minimum serait d’avoir une connaissance réaliste du potentiel des gaz de schiste en France plutôt que de se mettre la tête dans le sable et non dans le schiste. Je voudrais insister sur le fait que nombre de pays  européens, dont le Royaume Uni, se lancent dans l’exploitation de ces gaz.

 

La réduction de la consommation énergétique ?

Toute politique énergétique ne porte des fruits, bons ou mauvais que des décennies plus tard. Elle doit donc se faire sur des arguments rationnels et solides.  Ils devraient porter en autre sur les aspects économiques et sociaux tels que le coût réel, le temps de vie des installations, l’indépendance énergétique, les emplois générés, la facilité d’utilisation, la réduction des  importations de combustibles pétroliers avec la diminution de leur utilisation ainsi que sur le remplacement des charbons et pétroles par du gaz de schiste, des produits dérivés de la biomasse et même par l’électricité.

 

L’électricité

La politique énergétique de la France est incompréhensible :

La production d’électricité ne consomme pratiquement pas de combustibles fossiles et ne produit pas de gaz carbonique. Pourquoi vouloir réduire le nucléaire et subventionner lourdement l’éolien et le photovoltaïque si ce n’est pour des raisons de politique intérieure.

Il faut supprimer les subventions directes ou indirectes ainsi que l’obligation d’achat par EDF des énergies intermittentes qui grèvent le coût de l’électricité et les dépenses de l’Etat.

 

L’habitat

L’habitat consomme une partie importante de l’énergie produite pour l’éclairage et le chauffage.  L’éclairage utilise uniquement l’électricité mais la consommation peut être réduite comme les lampes à faible consommation telles les LED. Pour le chauffage, il n’est demandé qu’une chaleur à basse température. La consommation peut être aussi réduite par les isolations thermiques. Il faut néanmoins comparer le coût de ces modifications par rapport au gain énergétique. La plupart du temps, il est difficile de rentabiliser soit le coût des modifications sur des bâtiments anciens, soit les surcoûts des constructions nouvelles (10 à 20 % ). De toute façon un tel changement ne pourra être fait que sur des temps de l’ordre d’un demi siècle ou plus. Le bilan économique global, y inclus, les subventions de l’état doit être calculé avant d’imposer des normes contraignantes.

 

Le transport

Il utilise essentiellement les combustibles fossiles à l’exception du rail car les batteries ne permettent pas une autonomie suffisante sauf en ville et pèsent lourd. Un moteur de voiture au gazole a un rendement inférieur à 40 %  et perd encore dans les transmissions aux roues ; à ce niveau là le rendement n’est plus que de 25% . La SNCF, les métros…. consomment 1,1 GWh, soit une consommation faible par rapport aux voitures et aux camions..

 

Le transport de l’électricité et les réseaux intelligents

Le nombre et la dispersion des sources d’énergie, les variations brutales de puissance de l’éolien augmentent la complexité et les problèmes de stabilité du réseau. L’adaptation de la production à la consommation se fait par la variation du voltage dans la limite de quelques pourcents. Au delà il faut pratiquer des coupures si la production ne peut pas suivre. La stabilité du réseau dépend des caractéristiques de chacun des générateurs et, en autre, de la vitesse de leur réponse et de leur inertie. Des oscillations peuvent prendre place entre plusieurs générateurs et provoquer des surcharges locales. Celles-ci peuvent entrainer une coupure d’une partie du réseau et même sa chute totale. La stabilité du réseau est d’autant plus difficile que sa complexité augmente et qu’il travaille près de sa puissance maximale. La régulation de la puissance totale est en général assurée par l’hydraulique et par les centrales thermiques brûlant des combustibles fossiles. Les réseaux dits « intelligents » auront comme objectif de calculer la stabilité du réseau et de prendre les décisions decoupure de certaines des charges chez les consommateurs. Un tel système demande une augmentation des lignes d’interconnexion ainsi qu’un contrôle individuel des différents appareils électriques. Le coût d’une telle modification est loin d’être négligeable.

 

 

Conclusion

 

Il semble qu’en France les actions politiques soient fortement influencées par les peurs.

Les peurs sont entretenues par les médias et certains partis, peur du nucléaire, peur de la fracturation hydraulique, peur du réchauffement climatique, des lignes électriques, du téléphone portable… Il est plus facile d’entretenir une peur non rationnelle ou une idéologie que de proposer un programme positif et pragmatique. Un pays qui se comporte ainsi est en décadence et disparaitra sur la scène mondiale s’il ne change pas d’attitude.

Malheureusement la politique énergétique de notre pays est largement dictée par les peurs et les idéologies et non par les arguments techniques, économiques et sociaux. Il vaut mieux suivre les Anglais qui maintenant augmentent le nucléaire et s’engagent dans l’exploitation des gaz de schiste plutôt que l’Allemagne dans ce domaine.

 

Pour la France

- Il est nécessaire de supprimer les subventions et autres avantages aux énergies matures telles l’éolien et il faut sans doute arrêter les énergies solaires autres que le chauffage de l’eau. Aujourd’hui les grands groupes renoncent au photovoltaïque les uns après les autres.

- Le développement du nucléaire des 3 ème et 4 ème générations devrait être amplifié et pourrait permettre d’exporter des centrales et de l’électricité tout en utilisant les compétences qui existent en France

- Un transport par rail du fret à travers la France devrait être implanté et les voitures électriques en ville favorisées.

- L’utilisation de la biomasse devrait être augmentée sans pour autant réduire ce qui est consacré à l’alimentation.

- Les décisions à prendre doivent être faites en fonction des avantages économiques présents et futurs et dans le but de transformer les déficits commerciaux en gains.

Sans une action forte dans ce sens je ne sais ce que la France deviendra.

 

Les documents de base

Rapport de la Cour des Comptes du mois de juillet 2013 « La politique de développement des énergies renouvelables ».

Rapport de l’INSEE, de RTE (réseau de transport électrique), de l’EDF

Livre de M Henri Conze : « Monsieur le Président, ne vendez pas la Joconde ».

ARTICLES