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Donald Trump a annoncé la sortie des Etats-Unis de l’Accord de Paris et « sa volonté de le renégocier ». Il a ainsi mis en œuvre ce qu’il a promis pendant sa campagne électorale ; cette décision est justifiée par les supposées conséquences économiques pour l’Amérique de cet accord. Même si cette décision était crainte, elle a provoqué une grande stupeur sur la planète entière, y compris chez beaucoup d’américains, et quelques déclarations un peu « donneuses de leçon » de la part de dirigeants très optimistes sur leur capacité à atteindre leurs propres objectifs…

Quelles conséquences pour l’accord lui-même ?

Sans les Etats-Unis, l’accord est réputé rester en vigueur, bien sûr. La sortie effective des Etats-Unis n’aurait d’ailleurs lieu qu’en novembre 2020 selon les termes de l’article 28 qui prévoit une telle décision. Mais le président Trump pourrait dénoncer la convention cadre de 1992 ce qui annulerait de fait l’accord de Paris ; cette situation serait alors bien plus grave mais elle nécessiterait l’accord du Congrès. A l’inverse Donald Trump aurait pu tout aussi bien annuler les décisions s’inscrivant dans la politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sans annoncer de façon aussi tonitruante le retrait des Etats-Unis.

C’est cette annonce qui porte en elle les plus grandes conséquences car elle pourrait susciter le retrait, ou au moins l’attentisme, d’autres grands acteurs comme la Chine ou l’Inde. Ce n’est pas le cas pour l’instant. Mais on a bien senti depuis les déclarations de Trump en 2016 que les négociations de Marrakech (COP 22) ou de Bonn (SB 46) « patinaient » un peu… L’alimentation du « Fonds Vert » de 100 milliards de dollars institué par l’Accord de Paris va en pâtir en premier, accroissant ainsi la difficulté de financement des actions nécessaires dans les pays les plus affectés par le changement climatique.

Donald Trump commet donc une faute grave vis-à-vis de la planète et des générations à venir, non seulement en compromettant l’atteinte des objectifs américains mais en mettant en danger l’atteinte des objectifs globaux de réduction, bien fragiles déjà du fait du manque d’ambition de certains plans nationaux. Il ne grandit pas l’image de l’Amérique, contrairement à son slogan !

Les émissions de GES américaines risquent-elles de s’emballer ?

Comme on a pu le voir dans bon nombre de réactions au sein même des Etats-Unis, la position du président est loin d’être approuvée. Les actions de réduction qui relèvent des états, des villes ou des industriels eux-mêmes pourront se poursuivre. Il faut bien noter en particulier que ces émissions sont fortement sensibles aux modes de production d’énergie ; ces dernières années, la réduction des prix du gaz avait conduit à un transfert de l’utilisation du charbon (très émetteur) vers le gaz (moins émetteur) et, en conséquence, à une réduction des émissions de CO2. On voit donc que l’évolution des prix relatifs des énergies restera un facteur plus déterminant que la volonté du président… Mais ce dernier pourra être tenté de les influencer pour respecter des engagements sociaux, notamment vis-à-vis des mineurs.

Il est donc difficile de prévoir ce qui va vraiment se passer. Les Etats-Unis étaient sur la voie d’une réduction modérée de leurs émissions : -9,9% de 2005 à 2015 pour les GES dans leur ensemble, -12% rien que pour le CO2. Mais par rapport à 1990, l’année de référence de la convention cadre de l’ONU, elles restent en hausse.

Emissions US et targets.png

L’électricité est produite à 65% par le charbon et le gaz (presque à égalité l’un et l’autre), le nucléaire en représente 20%, le reste venant des renouvelables. Ceci explique l’impact des prix relatifs du gaz et du charbon sur les émissions de CO2, ainsi que le faible effet du développement des renouvelables pour l’instant : sur les 15% que représentent les renouvelables, 6,5% proviennent des barrages, 5,6% de l’éolien, 1,5% de la biomasse et 0,9% du solaire.

Electricity generation US.png

On voit bien qu’avec une électricité autant carbonée, les actions actuelles sont bien insuffisantes. Une relance de la construction de réacteurs nucléaires ainsi qu’un développement des renouvelables dans les zones les plus favorables (où les subventions ne sont pas nécessaires) est indispensable, confortés par une maîtrise très forte des consommations d’énergie, notamment dans le secteur des transports où des marges de réduction importantes existent (peu encouragées il est vrai par le prix modéré du carburant). L’industrie américaine a la capacité et les compétences pour y parvenir ; c’est étonnant que le président des Etats-Unis ne s’en rende pas compte !

A l’échelle de la planète, la somme des engagements actuels des Etats signataires de l’accord de Paris est de toute façon insuffisante pour limiter l’échauffement à +2°C en 2100. On va plutôt vers les +3°C. Une renégociation des engagements nationaux est donc urgente, ainsi qu’un contrôle de l’efficacité des plans de réduction mis en œuvre. Et l’on verra que les stratégies allemande et française de remplacement du nucléaire par les renouvelables sont inefficaces : ce sont bien le charbon et le pétrole qu’il faut remplacer en priorité, et pas forcément par le gaz, moindre émetteur mais émetteur tout de même !

Sauvons le climat    

Le 6 juin 2017

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