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Intensité énergétique, intensité carbone – ne pas confondre

Si les économies d’énergies, donc la réduction de l’intensité énergétique, sont généralement à encourager, elles ne conduisent pas forcément, à elles seules, à une réduction des émissions de dioxyde de carbone, le point majeur à considérer lorsqu’il s’agit du réchauffement climatique. A ce propos, la situation énergétique du Danemark comparée à celle de la Suède donne à réfléchir : dans un cas (le Danemark), on observe une faible consommation énergétique avec une émission de gaz carbonique relativement élevée, dans l’autre (la Suède), on constate une consommation énergétique assez élevée avec une faible émission de gaz carbonique. Alors que chaque Danois consomme nettement moins d’énergie que chaque Suédois, il émet nettement plus de gaz carbonique que son voisin de l’Est [1].
Le tableau ci-dessous donne, pour le Danemark et pour la Suède les consommations d’énergie primaire par habitant et les émissions de gaz carbonique, toujours par habitant.
 

Pays consommation/tête Tep CO2/tête tonnes
Danemark 3,9 10,4
Suède 5,8 6,0


On le voit, le Danemark consomme nettement moins d’énergie par tête que la Suède. Par contre, si l'on considère l’émission de gaz carbonique, c’est la Suède qui devient le pays vertueux avec seulement 6 tonnes de CO2/tête à comparer à 10,4 tonnes de CO2/tête pour le Danemark.
La structure de la fourniture énergétique est la clé de cette contradiction apparente. En effet, en 2003, la majeure part de la fourniture en énergie primaire du Danemark repose sur les combustibles fossiles : 87,1 % alors que la part des combustibles fossiles pour la Suède n’est que de 37,9 %, parce que son énergie primaire provient pour une grande part de sources non émettrices de dioxyde de carbone, dont l’énergie nucléaire.
 

2003 pétrole charbon gaz Total fossiles biomasse
+ déchets
géothermie + éolien + solaire Hydrau­lique nucléaire
Danemark 39,0 26,4 21,7 87,1 10,2 2,7 0,0 0,0
Suède 30,8 5,3 1,8 37,9 17,4 0,7 9,1 34,9
Décomposition entre les sources d'énergie de la production d'énergie primaire (en %)

On remarquera, au passage, que la fourniture d’énergie suédoise est plus du double de celle du Danemark (52 Mtep et 21 Mtep respectivement), ce qui reflète à la fois la faible intensité énergétique du Danemark et la population plus nombreuse de la Suède (9 millions et 5,4 millions respectivement).
Il est instructif de détailler les sources d’énergie primaire pour deux secteurs de forte consommation d’énergie, la production d’électricité et la production de chaleur.


Production d’électricité

En 2003, la Suède a produit 89 % de son électricité à partir de sources non émettrices de CO2 (nucléaire et hydroélectricité) et seulement 6,4 % à partir d’hydrocarbures fossiles alors que le Danemark produisait 80,9 % de son électricité à partir d’hydrocarbures fossiles. L’éolien ne représentait que 12 % de l’électricité produite au Danemark en 2003. Il est vrai qu’avec son hydraulique abondante, la Suède est dans une situation privilégiée mais le Danemark aurait pu, comme la Suède, réduire son intensité carbone en recourant au nucléaire pour produire une partie significative de son électricité.

Production de chaleur

Comme pour sa production d’électricité, le Danemark fait largement appel aux combustibles fossiles pour sa production de chaleur. Ils contribuent à 66,7 % de la production de chaleur danoise alors qu’ils ne représentent que 23,6 % de la production de chaleur suédoise. La Suède produit 61,6 % de sa chaleur à partir de la combustion de la biomasse et des déchets. Bien que cette combustion soit émettrice de CO2, ces sources primaires sont habituellement considérées comme des énergies renouvelables dans la mesure où le carbone fixé par les replantations équilibre celui émis lors de la combustion.

Prospective

La simple stabilisation de la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère suppose que l’émission annuelle moyenne au niveau mondial ne dépasse pas 1,21 tonne de CO2 par habitant. Il faudrait donc que les Suédois réduisent leurs émissions d’un facteur 5 et que les Danois les réduisent d’un facteur 8,6. Quelle stratégie pourraient donc utiliser les uns et les autres pour approcher cet objectif ambitieux? Dans un premier temps, la Suède a un effort modéré à faire pour abandonner complètement son recours aux énergies fossiles pour la production d’électricité et de chaleur. Elle ramènerait ainsi ses émissions à 3,85 tonnes de CO2 par tête, ne devant plus gagner qu’un facteur 3,2. L’essentiel du gain devrait porter sur les émissions de CO2 dues aux transports. Imaginons que le Danemark décide de renoncer aux combustibles fossiles dans les secteurs de production d’électricité et de chaleur ; ses émissions seraient alors ramenées à 3 tonnes de CO2 par tête, et l’effort à faire à un facteur 2,5. Autrement dit, une telle stratégie, relativement facile à mettre en œuvre à condition de renoncer au tabou antinucléaire, diminuerait l’effort à faire par les danois d’un facteur 3! Plus de la moitié du chemin serait faite.
Ces deux exemples sont emblématiques de deux voies radicalement différentes qui s’offrent au divers pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. L’approche danoise qui refuse le nucléaire conduit à faire des réductions drastiques de la consommation d’électricité puisque les énergies renouvelables contribuent déjà au maximum de leurs possibilités. C’est cette approche que proposent les organisations antinucléaires françaises. L’approche « suédoise » permettrait de concentrer les efforts sur les transports après avoir fait un effort raisonnable de « sortie des fossiles » dans les secteurs de production d’électricité (un peu plus de nucléaire et utilisation de la biomasse pour l’alimentation des centrales thermiques à flamme) et de chaleur (grâce aux renouvelables comme la géothermie, la biomasse et le solaire thermique).
L’effort sur les transports est nécessaire dans tous les cas. Il devra reposer sur la diminution du kilométrage parcouru et sur l’usage des transports en commun. L’utilisation de l’électricité (véhicules électriques ou hybrides électriques) serait tout à fait possible dans le cas « suédois » mais impossible dans le cas "danois" qui devrait impérativement diminuer sa consommation électrique. Compte tenu des efforts à faire dans les secteurs électrique et de production de chaleur, les Danois en seraient pratiquement réduits à renoncer à la voiture individuelle et à réserver les bio-carburants aux véhicules utilitaires.
« Sauvons le Climat » considère que la voie « suédoise » est largement plus prometteuse que la voie « danoise », souvent parée de vertus illusoires et dont rêvent pourtant de nombreux antinucléaires français

[1] Une comparaison plus complète des structures énergétiques du Danemark et de la Suède peut être trouvée sur le site de « Sauvons le Climat » :
http://www.sauvonsleclimat.org/documents-pdf/DK_SE_Fr.pdf

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