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L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) vient de remettre le rapport sur les Evaluations Complémentaires de Sécurité commandé par le gouvernement au lendemain de l’accident de Fukushima1.

Ses conclusions, claires et argumentées, ne sont contradictoires qu’en apparence  et ne confortent pas le catastrophisme véhiculé par les antinucléaires :

•    Les 58 réacteurs de nos 18 centrales nucléaires ont un niveau de sécurité  satisfaisant et aucun ne présente de danger justifiant sa fermeture immédiate,

•    Mais pour faire face à des conjonctions de phénomènes extrêmes -et d’ailleurs peu vraisemblables dans nos contrées-, il est nécessaire d’engager des travaux de renforcement de la sécurité, au-delà de ceux déjà prévus antérieurement à l’accident.


La première conclusion renforce la satisfaction de tous ceux qui en France ont depuis 40 ans conçu, construit, exploité et amélioré nos réacteurs, d’avoir réussi à produire une électricité sûre, compétitive et respectueuse de l’environnement.

Dans ce cadre, était déjà programmée par EDF, pour environ 40 milliards d’euros, une jouvence progressive de ses réacteurs afin d’en prolonger l’exploitation dans des conditions sûres et fiables jusqu’à 60 ans2. Faut-il pour autant les sécuriser davantage au prix de travaux supplémentaires longs et onéreux3, environ 10 milliards d’euros, comme le demande l’ASN dans sa seconde conclusion ?

La leçon principale tirée de Fukushima est qu’un évènement exceptionnel a mis en défaut toutes les lignes de défense des installations et les a privées de deux ressources indispensables, l’eau pour refroidir les cœurs des réacteurs et l’électricité pour injecter cette eau. Il est normal que cette double défaillance, même si elle semble impensable en France, soit évitée à tout prix. D’où deux décisions majeures et compréhensibles de l’ASN qui vont s’imposer aux exploitants nucléaires :

•    Une capacité à garantir localement un approvisionnement en eau et électricité totalement sûr avec un personnel qui reste opérationnel, même en cas d’accident majeur sur tous les réacteurs d’un site, pour dissiper la puissance résiduelle dans les cœurs après un arrêt d’urgence.

•    La mise en place d’une équipe nationale d’intervention rapide, avec équipements transportables, capable d’assister les personnels locaux dans un délai très court, avant toute fusion d’un cœur.

En d’autres termes, là où l’on prévoyait l’« exceptionnel », il faut désormais prendre en compte l’ « impensable », tant en matière d’événements naturels que d’actions humaines malveillantes.
Réjouissons-nous de cette application intelligente du « principe de précaution », souvent galvaudé au point de paralyser notre dynamisme, et remarquons aussi qu’en Grande Bretagne, le rapport de l’Office de Régulation du Nucléaire conclut son rapport sur les 19 réacteurs britanniques dans le même sens que notre ASN.

En conclusion, le rapport de l’ASN constitue un document incontestable pour préserver un nucléaire crédible et permettre sa contribution à une politique énergétique cohérente4 et protectrice du climat.

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1  Ce rapport s’appuie sur les propositions des exploitants nucléaires (EDF, AREVA et CEA) remises en septembre 2011, le rapport d’analyse de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) de novembre, rapport examiné par les « groupes permanents » d’experts auprès de l’ASN qui ont émis leurs recommandations fin novembre. L’ASN, autorité indépendante,  présente ses propres « décisions » après analyse de cet ensemble.

2 En France, chaque réacteur subit une inspection tous les 10 ans avant de solliciter de l’ASN une nouvelle autorisation de fonctionnement pour les 10 années suivantes. A contrario, aux USA, les prolongations de durée de vie sont accordées d’un coup, jusqu’à 60 ans (près des 2/3 en bénéficient déjà).

3 Le coût évalué de 10 milliards d’Euros en 10 ans, bien qu’important, doit être relativisé : il représente 6% de la valeur de la production d’électricité nucléaire sur 10 ans.

4 En n’omettant pas dans cette politique la notion essentielle d’ « efficacité énergétique ».

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